Le village de Sainte-la-Bidouille.
Une carte postale du village Sainte-la-Bidouille :
Spoiler (cliquez pour révéler) : Il est situé au nord, non, au sud de l’est des Alpes. A moins que cela ne soit à l’ouest des Pyrénées.
Bref, c’est un lieu charmant au bord de la mer.
De quoi voulais-je parler déjà ?
J’ai perdu mes repères.
Ah oui, le village de Sainte-la-Bidouille. Il a été fondé en 1500 par les habitants d'un village atteint par une épidémie de peste. Au départ, il s'appelait "Sainte-Madeleine", parce que les habitants n'avaient pas d'imagination.
Il ne s'y est rien passé d'extraordinaire à part la création d'une Eglise, d'un moulin, de champs de vignes et du château de Gridouille.
Comment ça ? Vous n’avez jamais entendu parler du Château de Gridouille ?
Ah ! Le Château de Gridouille ! Quelle merveille de notre patrimoine !
C’est le château d’un duc que l’Histoire a voulu nous faire oublier, mais que les habitants du village Sainte-la-Bidouille défendent fièrement. Il s'agit bien entendu du duc de Gridouille.
Cet homme a été anobli en 1676, pour avoir gagné une énorme somme d’argent au jeu de dés contre le Roi. Le Roi
ne voulant pas payer (comme dans la plupart des histoires, où le Roi doit payer quelque chose…), lui proposa en échange de le faire duc et de lui offrir le joli château de Sainte-la-Bidouille, qui servait alors de grenier à blé aux paysans du village. Il fut ainsi débarrassé de ce grand joueur, qui avait endetté la moitié de la ville aux dés et menaçait de faillite le Royaume de France (Bien évidemment, la dette du pays n'était pas due aux dépenses du Roi, de ses ministres ou encore aux guerres).
À Sainte-la-Bidouille, le Duc fut tout de suite accepté par les paysans, les femmes, le curé, les enfants et les mendiants, etc… Ils partageaient la même passion pour le breuvage de la Bidouille, spécialité locale (Un mélange de bière, de vin et d’épices…ça donne un nez rouge très seyant).
Le duc mourut vingt ans plus tard (D’après un vieux dicton : « la Bidouille, ça préserve »).
Il était tombé dans une barrique de Bidouille, une nuit de pleine lune. On l’avait retrouvé raide mort quatre jours plus tard, un sourire béat aux lèvres.
Pendant vingt années, il avait eu le temps de patauger en chantant «J’ai de la bidouille plein le bide » dans les marécages, qui entouraient son fief, en compagnie de ses amis, des paysans et de ses domestiques. (Très proche du peuple, le bon vieux duc, très humble). Il avait aussi eu le temps de faire construire un pont-levis au milieu de son jardin.
Mais surtout, surtout, il avait fait accroître la production de vignes et d’orges pour la fabrication de sa spécialité préférée ou sa « pescialité frépérée » comme il avait l’habitude de le dire).
Il y a donc beaucoup de choses passionnantes à voir au château de Gridouille.
La chambre rouge, avec des tapisseries représentant de joyeux bacchus, buvant et rotant dans une charmante farandole.
Le cabinet marron, où le duc « rendait la Bidouille » le matin (Belle expression régionale, d’ailleurs, «rendre la Bidouille").
La salle aux barriques, où le duc passait le plus brouillé de son temps. C'est-à-dire : tout son temps.
La barrique où il mourut. Paix à sa sainte âme.
La chapelle, où, pieusement, il allait demander une bénédiction à son curé…et goûter le vin de messe.
Le bureau, où sa femme pouvait enfin s’enfermer dans le silence, la tranquillité. Normal, il n’y allait que quand il avait les idées claires ! C'est d'ailleurs là qu'elle put composer la fameuse chanson "Quand l'duc douille la bidouille" (d'inspiration autobiographique)
Souvenez vous, n'avez vous jamais fredonné :
Quand l'duc douille la bidouille
Il a soif il a soif il bafouille
Quand l'duc douille la bidouille
Il a soif il a soif il bredouille
etc...
Rien à dire, c’est très émouvant à visiter, le château de Gridouille.
Le château est devenu au XVIIIe siècle un important centre de production de Bidouille à la demande posthume du duc. Le village de Sainte-la-Bidouille devint un important centre de production de Bidouille, qui fut exporté dans les régions voisines. L'entreprise faillit faire faillite (quel bel alliage de sons ) en 1789, parce que les productions disparaissaient très vite lors de la fameuse fête de la bidouille (tous les sept du mois), au cours de laquelle chaque habitant se doit de de boire le plus de idouille possible en braillant des chansons bidouilloises (voir plus haut). Celui qui a englouti le plus de bouteilles gagne une barrique du breuvage.
Le village fut sauvé par la Révolution : le village reçut une commande importante de bidouille. Le pays voulait fêter l'occasion en bonne et due forme.
La production s'accrut pendant le XIXe siècle. La Bidouille était devenue à la mode dans certains cercles fermés à Paris. Le poète Alphonse du Ventre en était très friand et composa plusieurs textes en l'honneur du breuvage.
Pendant la première guerre mondiale, le village fournit les soldats en bidouille pour leur donner du courage.
Pendant la seconde guerre mondiale, le château de Bidouille fut investi par l'armée allemande. Dans le village, on collabora et résista comme dans d'autres lieux de France, mais bizarrement avec un peu plus de facilité. Le village fut libéré par les Américains en 1944.
En 1959, une loi spécifique interdit au village de donner de la Bidouille à des individus de moins de 21 ans. Ce qui permit au village d'instaurer la fête des Majeurs, au cours de laquelle les jeunes de plus de 21 ans peuvent enfin goûter à la Bidouille.
L'économie du village se fonde sur :
-La production de bidouille.
-La production d'un pain nommé "Gridouille" en l'honneur du duc. (Une baguette approximativement carrée.)
-le tourisme (une plage, une montagne, un hôtel miteux, et la bidouille, il y a de quoi faire du tourisme !)
-Les visites du château (Le prix du ticket est de 10€ par personne. Pensez à prendre votre pichet ! Il n’y en aura pas pour tout le monde ! Evidemment, les audio-guides sont payants, et il y a une boutique souvenir.)
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