J'avoue ne connaitre les Destinées que par bribes. De toute façon, je trouve que lire de bout en bout un recueil de poésie a un petit coté fastidieux à la longue. Je préfère être surprise, tourner les pages, en lire un, deux, trois, sans suivre l'ordre précis et le parcourir comme ça. Enfin, ça c'est pour le plaisir. Quant on doit étudier un recueil (dernier en date, les Regrets de Du Bellay), c'est une autre affaire... ^^Tappu Nottep a écrit : Quant à Ruteboeuf et Vigny, ces deux textes sont assez terribles (même si j'ai jamais réussi à lire les Destinées de Vigny en entier... ça m'est toujours tombé des mains).
Il y a peu, j'ai découvert ce poème, de Jean Cocteau : "Par lui-même", in Opéra (1927)
Accidents du mystère et fautes de calculs
Célestes, j'ai profité d'eux, je l'avoue.
Toute ma poésie est là : Je décalque
L'invisible (invisible à vous).
J'ai dit : « Inutile de crier, haut les mains !
Au crime déguisé en costume inhumain ;
J'ai donné le contour à des charmes informes ;
Des ruses de la mort la trahison m'informe ;
J'ai fait voir en versant mon encre bleue en eux,
Des fantômes soudain devenus arbres bleus.
Dire que l'entreprise est simple ou sans danger
Serait fou. Déranger les anges !
Découvrir le hasard apprenant à tricher
Et des statues en train d'essayer de marcher.
Sur le belvédère des villes que l'on voit
Vides, et d'où l'on ne distingue plus que les voix
Des coqs, les écoles, les trompes d'automobile,
(Ces bruits étant les seuls qui montent d'une ville)
J'ai entendu descendre les faubourgs du ciel,
Etonnantes rumeurs, cris d'une autre Marseille.
Marc CHAGALL, La Muse (1917), Collection S.K. Gordejewa, Saint-Pétersbourg