{POESIE} Oeuvres des grands poètes de ce monde

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Mona
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Re: {POESIE} oeuvres des grands poètes de ce monde

Message par Mona »

J'ai du étudier ce poème de Nerval il y a 3 ans. A l'époque, je n'avais pas fait attention à sa beauté :wink:

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Bastet
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Re: {POESIE} oeuvres des grands poètes de ce monde

Message par Bastet »

J'ai de vieux souvenirs d'études de ce poème mais j'ai toujours trouvé la première strophe très belle ! :D
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paycheck
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Re: {POESIE} oeuvres des grands poètes de ce monde

Message par paycheck »

Moi j'aime beaucoup Charles Baudelaire, voilà un poème extrait des Fleurs du mal que j'aime bien, mais c'est surtout le premier vers du premier tercet que j'adore...
Charles Baudelaire a écrit :XXVI - Sed non satiata

Bizarre déité, brune comme les nuits,
Au parfum mélangé de musc et de havane,
Oeuvre de quelque obi, le Faust de la savane,
Sorcière au flanc d'ébène, enfant des noirs minuits,

Je préfère au constance, à l'opium, au nuits,
L'élixir de ta bouche où l'amour se pavane;
Quand vers toi mes désirs partent en caravane,
Tes yeux sont la citerne où boivent mes ennuis.

Par ces deux grands yeux noirs, soupiraux de ton âme,
O démon sans pitié! verse-moi moins de flamme;
Je ne suis pas le Styx pour t'embrasser neuf fois,

Hélas! et je ne puis, Mégère libertine,
Pour briser ton courage et te mettre aux abois,
Dans l'enfer de ton lit devenir Proserpine!

Charles Baudelaire
Image "le dieuX" :mrgreen:

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voldomorat
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Re: {POESIE} oeuvres des grands poètes de ce monde

Message par voldomorat »

Incomparable Baudelaire, mon préféré des Fleurs du mal

Le poison

Le vin sait revêtir le plus sordide bouge
D'un luxe miraculeux,
Et fait surgir plus d'un portique fabuleux
Dans l'or de sa vapeur rouge,
Comme un soleil couchant dans un ciel nébuleux.

L'opium agrandit ce qui n'a pas de bornes,
Projette l'illimité,
Approfondit le temps, creuse la volupté,
Et de plaisirs noirs et mornes
Remplit l'âme au-delà de sa capacité.

Tout cela ne vaut pas le poison qui découle
De tes yeux, de tes yeux verts,
Lacs où mon âme tremble et se voit à l'envers ;
— Mes songes viennent en foule
Pour se désaltérer à ces gouffres amers.

Tout cela ne vaut pas le terrible prodige
De ta salive qui mord,
Qui plonge dans l'oubli mon âme sans remord,
Et, charriant le vertige,
La roule défaillante aux rives de la mort !

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Lilice fan HP
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Re: {POESIE} oeuvres des grands poètes de ce monde

Message par Lilice fan HP »

Voici un poème de Shakespeare que je trouvé très joli.
Il aimait la mort, et ses sombres promesses,
Avenir incertain d'un garçon en détresse,
Il voulait mourir, laisser partir sa peine,
Oublier tous ces jours à la même rengaine...

Elle aimait la vie, heureuse d'exister,
Voulait aider les gens et puis grandir en paix,
C'était un don du ciel, toujours souriante,
Fleurs et nature, qu'il pleuve ou qu'il vente.

Mais un beau jour, la chute commença,
Ils tombèrent amoureux, mauvais choix,
Elle aimait la vie et il aimait la mort,
Qui d'entre les deux allait être plus fort?

Ils s'aimaient tellement, ils auraient tout sacrifié,
Amis et famille, capables de tout renier,
Tout donner pour s'aimer, tel était leur or,
Mais elle aimait la vie et il aimait la mort...
Si différents et pourtant plus proches que tout,
Se comprenant pour protéger un amour fou,
L'un ne rêvait que de mourir et de s'envoler,
L'autre d'une vie avec lui, loin des atrocités...

Fin de l'histoire : obligés de se séparer,
Ils s'étaient promis leur éternelle fidélité.
Aujourd'hui, le garçon torturé vit pour elle,
Puisque la fille, pour lui, a rendu ses ailes...

Il aimait la mort, elle aimait la vie,
Il vivait pour elle, elle est morte pour lui

William Shakespeare

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Lola Black
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Re: {POESIE} oeuvres des grands poètes de ce monde

Message par Lola Black »

ça a beau être Shakespeare, je ne trouve pas ça poétique, limite un peu niais... c'est peut-être mieux en anglais, que traduit en français je pense.
Parce que Baudelaire à côté... c'est à crever de plaisir ses poèmes, c'est la poésie et la jouissance mêlées à l'état pur.
Et puis Charles c'est le plus fort, d'abord !
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dorkyminch
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Re: {POESIE} oeuvres des grands poètes de ce monde

Message par dorkyminch »

Baudelaire, je n'en ajouterai pas, chacun a ses préférés.
Découvert scolaiement, un plaisir de poésie contemporaine, rarement autant ressenti :

Yves Bonnefoy (de tête)

" C'est le sommeil d'été cette année encore,
L'or que nous demandons du fond de nos voix
A le transmutation des métaux du rêve.
La grappe des montagnes, des choses proches,
A mûrie, elle est le sein nu où notre vie repose.
Et des souffles nous accueillent, nous environnent,
Une fumée rnecontre une fumée
Au dessus de la disjonction des deux bras du fleuve "

...

Je vous conseille son dernier recueil, Les planches courbes
Difficilement accesible seul, une fois qu'on l'explique un peu c'ets tout simplement un bijou d'orfèvrerie.
L'effet papillon, sinon rien.
Serez-vous courageux face à la brute ?

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Skt Wladimir
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Re:

Message par Skt Wladimir »

Smokman a écrit :Ma petite contribution à un topic culturel:

If, de Rudyard Kipling (oui, le même que le livre de a jungle)
Bof, Rudhyard Kipling, quand on sait que c'était un raciste invétéré, auteur du Fardeau de l'Homme blanc, on a du mal à l'apprécier ensuite... :(

Sinon, dans la vraie poésie de France, il y a aussi des poètes du XXème qui sont assez excellents, comme Francis Ponge par exemple :

La surface du pain est merveilleuse d'abord à cause de cette impression quasi panoramique qu'elle donne : comme si l'on avait à disposition sous la main les Alpes, le Taurus ou la Cordillère des Andes.
Ainsi donc une masse amorphe en train d'éructer fut glissée pour nous dans le four stellaire, où durcissant elle s'est façonnée en vallées, crêtes, ondulations, crevasses... Et tous ces plans dès lors si nettement articulés, ces dalles minces où la lumière avec application couche ses feux, sans un regard pour la mollesse ignoble sous-jacente.
Ce lâche et froid sous-sol que l'on nomme la mie a son tissu pareil à celui des éponges : feuilles ou fleurs y sont comme des sœurs siamoises soudées par tous les coudes à la fois.
Lorsque le pain rassit ces fleurs fanent et se rétrécissent : elles se détachent alors les unes des autres, et la masse en devient friable...
Mais brisons-la : car le pain doit être dans notre bouche moins objet de respect que de consommation.


Le Pain, in Le Parti Pris des Choses
J'aime les matins froids d'automne, Harry Potter au pied du lit et une tisane bien sucrée, avec en fond Le Lac des Cygnes de Tchaikovsky...

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Skt Wladimir
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Re: {POESIE} oeuvres des grands poètes de ce monde

Message par Skt Wladimir »

Oh, je me rends compte que rien d'Aragon n'a été cité !!

Voici l'éternelle beauté mise en vers :

Celui qui croyait au ciel celui qui n'y croyait pas
Tous deux adoraient la belle prisonnière des soldats
Lequel montait à l'échelle et lequel guettait en bas

Celui qui croyait au ciel celui qui n'y croyait pas
Qu'importe comment s'appelle cette clarté sur leur pas
Que l'un fut de la chapelle et l'autre s'y dérobât

Celui qui croyait au ciel celui qui n'y croyait pas
Tous les deux étaient fidèles des lèvres du coeur des bras
Et tous les deux disaient qu'elle vive et qui vivra verra

Celui qui croyait au ciel celui qui n'y croyait pas
Quand les blés sont sous la grêle fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles au coeur du commun combat

Celui qui croyait au ciel celui qui n'y croyait pas
Du haut de la citadelle la sentinelle tira
Par deux fois et l'un chancelle l'autre tombe qui mourra

Celui qui croyait au ciel celui qui n'y croyait pas
Ils sont en prison Lequel a le plus triste grabat
Lequel plus que l'autre gèle lequel préfère les rats

Celui qui croyait au ciel celui qui n'y croyait pas
Un rebelle est un rebelle deux sanglots font un seul glas
Et quand vient l'aube cruelle passent de vie à trépas

Celui qui croyait au ciel celui qui n'y croyait pas
Répétant le nom de celle qu'aucun des deux ne trompa
Et leur sang rouge ruisselle même couleur même éclat

Celui qui croyait au ciel celui qui n'y croyait pas
Il coule, il coule, il se mêle à la terre qu'il aima
Pour qu'à la saison nouvelle mûrisse un raisin muscat

Celui qui croyait au ciel celui qui n'y croyait pas
L'un court et l'autre a des ailes de Bretagne ou du Jura
Et framboise ou mirabelle le grillon rechantera
Dites flûte ou violoncelle le double amour qui brûla
L'alouette et l'hirondelle la rose et le réséda
J'aime les matins froids d'automne, Harry Potter au pied du lit et une tisane bien sucrée, avec en fond Le Lac des Cygnes de Tchaikovsky...

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Nibelheim
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Re: {POESIE} oeuvres des grands poètes de ce monde

Message par Nibelheim »

Bof, Rudhyard Kipling, quand on sait que c'était un raciste invétéré, auteur du Fardeau de l'Homme blanc, on a du mal à l'apprécier ensuite...
Tout dépend. On peut apprécier l'oeuvre poétique de quelqu'un tout en n'adhérant pas à son idéologie. Si les idées d'un poète ne se reflètent pas directement dans sa poésie et si sa poésie est de qualité, pourquoi mettre de côté son oeuvre ? Et puis bon si cela fonctionnait comme ça, on aurait par exemple plus aucune oeuvre de Céline à se mettre sous la dent, à cause de son idéologie à lui ... :/

Pour ne pas trop flooder, j'y vais de ma petite contribution et poste un lien Wikisource vers "La genèse d'un poème" de Poe qui est un texte très intéressant, expliquant comment il a écrit ce poème qu'est Le corbeau.
Lien pour le poème Le corbeau et ses traductions : http://pages.globetrotter.net/pcbcr/corbeau.html
Lien pour La genèse d'un poème : http://fr.wikisource.org/wiki/La_Gen%C3 ... po%C3%A8me
Je doute que ça intéresse beaucoup de monde, mais bon, c'est une manière comme une autre de remonter un topic qui me tient à coeur et de l'enrichir un peu avec ma maigre participation. ^^"
~ Carnets de Lecture ~
http://carnets-plume.blogspot.com/

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Lola Black
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Re: {POESIE} oeuvres des grands poètes de ce monde

Message par Lola Black »

Eternel débat du "peut-on lire l'oeuvre d'un type dont on déteste les idées ?", je ne le relancerais étant donné que je suis du même avis que Nibel (et aussi que j'ai la flemme d'argumenter plus longuement ce soir ^^).

Je risque très fortement de faire mon mémoire sur Queneau et commençant peu à peu mes lectures, j'ai découvert le Queneau poète et ces deux petits poèmes qui m'ont fait sourire, rire, aimer relire :
Le début et la fin
(Raymond Queneau in Le Chien à la mandoline)

Au petit jour naît la petite aube, la microaube
puis c'est le soleil bien à plat sur sa tartine
il finit par s'étaler, on le bat avec le blanc des nuages
et la farine des fumées de la nuit
et le soir meurt, la toute petite crêpe, la crépuscule
(que pensez-vous du dernier vers ? j'en suis amoureuse ^^)
Palombes d'un doute
(Raymond Queneau in Le chien à la mandoline)

Mangez du pigeon citoyens
les pigeons ça ne sert à rien
Sinon à blanchir les statues
il est des oiseaux qu'il faut qu'on tue

Mangez du pigeon citoyens
les pigeons ça ne sert à rien
Sinon à provoquer des attroupements
ah que voilà de désagréments

Mangez du pigeon citoyens
les pigeons ça ne sert à rien
ça ne sait même pas jouer du trombone
c'est bien meilleur à la casserole
et encore et en colle
(celui là je l'aime surtout pour le fond ^^)
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Pantalaemon
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Re: {POESIE} oeuvres des grands poètes de ce monde

Message par Pantalaemon »

J'essaye de faire revivre ce café des arts alors je passe par les incontournables...

Extrait de « La complainte de Rutebeuf » ou « Que sont mes amis devenus ? »

Que sont mes amis devenus
Que j’avais de si près tenus
.............Et tant aimés ?
Je crois qu’ils ont été trop clairsemés :
Faute de les avoir entretenus,
.............Je les ai perdus.
Ces amis m’ont maltraités
Car jamais, tant que Dieu m’a assailli
.............De tous côtés,
Je n’en vis un seul en mon côté.
Le vent je crois les a ôtés (ou « le vent, le vent je crois » selon les versions)
.............L’amour est morte :
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte ;
.............Les emporta
Si bien que jamais personne ne me consola
Ni ne m’apporta un peu de son bien.
.............Voici la leçon que j’en tire :
Le peu qu’on a, un ami le prend,
Tandis qu’on se repent trop tard
.............D’avoir dissipé
Sa fortune pour se faire des amis,
Car on ne les trouve pas décidé à vous aider
.............En tout ou en partie.

Mes autres amis se sont gâtés :
Je les envoie à la poubelle de Maître Orry
.............Et les lui abandonne.
On doit renoncer à eux
Et les abandonner
.............Sans rien demander,
Car il n’y a rien en eux que l’on puisse aimer,
Rien que l’on doive appeler de l’amitié.
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Re: {POESIE} oeuvres des grands poètes de ce monde

Message par Lilyrose »

Il y a un poème que j'adore, c'est "La Mort du Loup" d'Alfred de Vigny.

La mort du Loup

Les nuages couraient sur la lune enflammée
Comme sur l'incendie on voit fuir la fumée,
Et les bois étaient noirs jusques à l'horizon.
Nous marchions, sans parler, dans l'humide gazon,
Dans la bruyère épaisse, et dans les hautes brandes,
Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des Landes,
Nous avons aperçu les grands ongles marqués
Par les loups voyageurs que nous avions traqués.
Nous avons écouté, retenant notre haleine
Et le pas suspendu. - Ni le bois ni la plaine
Ne poussait un soupir dans les airs ; seulement
La girouette en deuil criait au firmament ;
Car le vent, élevé bien au-dessus des terres,
N'effleurait de ses pieds que les tours solitaires,
Et les chênes d'en bas, contre les rocs penchés,
Sur leurs coudes semblaient endormis et couchés.
Rien ne bruissait donc, lorsque, baissant la tête,
Le plus vieux des chasseurs qui s'étaient mis en quête
A regardé le sable en s'y couchant ; bientôt,
Lui que jamais ici l'on ne vit en défaut,
A déclaré tout bas que ces marques récentes
Annonçaient la démarche et les griffes puissantes
De deux grands loups-cerviers et de deux louveteaux.
Nous avons tous alors préparé nos couteaux,
Et, cachant nos fusils et leurs lueurs trop blanches,
Nous allions pas à pas en écartant les branches.
Trois s'arrêtent, et moi, cherchant ce qu'ils voyaient
J'aperçois tout à coup deux yeux qui flamboyaient,
Et je vois au delà quatre formes légères
Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères,
Comme font chaque jour, à grand bruit sous nos yeux
Quand le maître revient, les lévriers joyeux.
Leur forme était semblable et semblable la danse ;
Mais les enfants du Loup se jouaient en silence,
Sachant bien qu'à deux pas, ne dormant qu'à demi,
Se couche dans ses murs l'homme, leur ennemi.
Le père était debout, et plus loin, contre un arbre,
Sa louve reposait, comme celle de marbre
Qu'adoraient les Romains, et dont les flancs velus
Couvaient les demi-dieux Rémus et Romulus.
Le Loup vient et s'assied, les deux jambes dressées,
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées.

Il s'est jugé perdu, puisqu'il était surpris,
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris;
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante
Et n'a pas desserré ses mâchoires de fer,
Malgré nos coups de feu qui traversaient sa chair
Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,
Jusqu'au dernier moment où le chien étranglé,
Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé.
Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.
Les couteaux lui restaient au flanc jusqu'à la garde,
Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang ;
Nos fusils l'entouraient en sinistre croissant.
Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
Et, sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.


J'ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre,
Me prenant à penser, et n'ai pu me résoudre
A poursuivre sa Louve et ses fils qui, tous trois,
Avaient voulu l'attendre, et, comme je le crois,
Sans ses deux louveteaux la belle et sombre veuve
Ne l'eût pas laissé seul subir la grande épreuve ;
Mais son devoir était de les sauver, afin
De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim,
A ne jamais entrer dans le pacte des villes
Que l'homme a fait avec les animaux serviles
Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher,
Les premiers possesseurs du bois et du rocher.


Hélas ! ai-je pensé, malgré ce grand nom d'Hommes,
Que j'ai honte de nous, débiles que nous sommes !
Comment on doit quitter la vie et tous ses maux,
C'est vous qui le savez, sublimes animaux !
A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse
Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse.
- Ah ! je t'ai bien compris, sauvage voyageur,
Et ton dernier regard m'est allé jusqu'au coeur!
Il disait : " Si tu peux, fais que ton âme arrive,
A force de rester studieuse et pensive,
Jusqu'à ce haut degré de stoïque fierté
Où, naissant dans les bois, j'ai tout d'abord monté.
Gémir, pleurer, prier est également lâche.
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche
Dans la voie où le Sort a voulu t'appeler,
Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler.

Les Destinées, Alfred de Vigny (1838)

C'est peut être parce que j'adore les loups, ou qu'il me fait penser un peu à Remus mais je le trouve très beau en tout cas ! ^^
Un peu tristre, mélancolique sur les bords mais magnifique.

Je connaissais pas ce poème :oops: Bermud', mais il est très beau. ^^
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Re: {POESIE} oeuvres des grands poètes de ce monde

Message par Pantalaemon »

Wouhou, réscucitation (le beau mot qui mélange... non, je vais pas expliquer finalement) de ce topic \o/

Extrait de KILLING TIME par Simon Armitage

Meanwhile, somewhere in the state of Colorado, armed to the teeth with thousands of flowers, two boys entered the front door of their own high school and for almost four hours gave floral tributes to fellow students and members of the staff beginning with red roses strewn among unsuspecting pupils during their lunch hour, followed by posies of peace lilies and wild orchids. Most thought the whole show was one elaborate hoax using silk replicas of the real thing, plastic imitations, exquisite practical jokes, but the flowers were no more fake than you or I, and were handed out as compliments returned, favors repaid, in good faith, straight from the heart. No would not be taken for an answer. Therefore a daffodil was tucked behind the ear of a boy in a baseball hat, and marigolds and peonies threaded through the hair of those caught on the stairs or spotted along corridors until every pupil who looked up from behind a desk could expect to be met with at least a petal or a dusting of pollen, if not an entire daisy chain, or the color-burst of a dozen foxgloves, flowering for all their worth, or a buttonhole to the breast. Upstairs in the school library, individuals were singled out for special attention: some were showered with blossom, others wore their blooms like brooches or medallions; even those who turned their backs or refused point-blank to accept such honors were decorated with buds, unseasonable fruits and rosettes the same as the others.
By which time a crowd had gathered outside the school, drawn through suburbia by the rumor of flowers in full bloom, drawn through the air like butterflies to buddleia, like honey bees to honeysuckle, like hummingbirds dipping their tongues in, some to soak up such over-exuberance of thought, others to savor the goings-on. Finally, overcome by their own munificence or hay fever, the flower-boys pinned the last blooms on themselves, somewhat selfishly perhaps, but had also planned further surprises for those who swept through the aftermath of bloom and buttercup: garlands and bouquets, planted in lockers and cupboards, timed to erupt either by fate or chance, had somehow been overlooked and missed out. Experts are now trying to say how two apparently quiet kids from an apple-pie town could get their hands on a veritable rain-forest of plants and bring down a whole botanical digest of one species or another onto the heads of classmates and teachers, and where such fascination began, and why it should lead to an outpouring of this nature. And even though many believe that flowers should be kept in expert hands only, or left to specialists in the field such as florists, the law of the land dictates that God, guts and gardening made the country what it is today and for as long as the flower industry can see to it things are staying that way. What they reckon is this: deny a person the right to carry flowers of his own and he’s liable to wind up on the business end of a flower somebody else had grown. As for the two boys, it’s back to the same old debate: is it something in the mind that grows from birth, like a seed, or is it society that makes a person that kind?


Quoi, c'est en Anglais ? Quoi, y a des trucs pas compréhensibles ? Bon, pour les allergiques à la langue de Shakespeare et les pas-ami de Google Trad., j'ai fait ma traduction (qui vaut ce qu'elle vaut, elle est loin d'être extraordinaire, vite faite, blablabla) pour un peu aider à comprendre...
Spoiler (cliquez pour révéler) :
 
Oui, c'est un poème à la base, mais j'ai la flemme de le remettre en forme (des toute façon il est écrit en vers libre)

Et puis aussi, pour ceux qui veulent de l'Anglais pas trop dur et distrayant, un poème léger et ... bref ( "may i feel said he" de E.E. Cummings)
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Re: {POESIE} oeuvres des grands poètes de ce monde

Message par Tappu Nottep »

Bonne idée que de rouvrir ce topic ! On a eu droit à pas mal de Baudelaire (normal c'est trop cool).
Quelqu'un a poste la fin du second Nevermore de Verlaine donc voici le poème en entier :

Allons, mon pauvre coeur, allons, mon vieux complice,
Redresse et peins à neuf tous tes arcs triomphaux ;
Brûle un encens ranci sur tes autels d'or faux ;
Sème de fleurs les bords béants du précipice ;
Allons, mon pauvre coeur, allons, mon vieux complice !

Pousse à Dieu ton cantique, à chantre rajeuni ;
Entonne, orgue enroué, des Te Deum splendides ;
vieillard prématuré, mets du fard sur tes rides ;
Couvre-toi de tapis mordorés, mur jauni ;
Pousse à Dieu ton cantique, à chantre rajeuni.

Sonnez, grelots ; sonnez, clochettes ; sonnez, cloches !
Car mon rêve impossible a pris corps et je l'ai
Entre mes bras pressé : le Bonheur, cet ailé
voyageur qui de l'Homme évite les approches,
- Sonnez, grelots ; sonnez, clochettes ; sonnez, cloches !

Le Bonheur a marché côte à côte avec moi ;
Mais la FATALITE ne connaît point de trêve :
Le ver est dans le fruit, le réveil dans le rêve,
Et le remords est dans l'amour : telle est la loi.
- Le Bonheur a marché côte à côte avec moi



Voilà, justice est rendue :batman:
Sinon Pantalemon j'aime bien ce dernier poème (j'avoue que je ne l'ai pas lu en anglais d'un bout à l'autre) ; il doit être récent, non ? Quant à Ruteboeuf et Vigny, ces deux textes sont assez terribles (même si j'ai jamais réussi à lire les Destinées de Vigny en entier... ça m'est toujours tombé des mains).

Mais Francis Ponge, beuark, ce mec ne sert vraiment qu'à bâtir des dissertations
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