J'ai vu le film hier, il est maintenant temps de critiquer, un peu.
Déjà, je suis affligé de voir le nombre de personne qui vont voir ce film sans avoir vu les précédents. Je ne parle pas des personnes qui n'ont pas lu les bouquins, non non! Je parle de ces gens, sournois, qui en plein milieu du film sont encore à demander à leurs voisin(e) "Mais c'est qui lui?".
Et oui, autre effet indésirable de la sortie de Harry Potter en tant que
Block-Buster (ou
Tentpole Movie pour être plus exact) : l'affligeante capacité que possède le lambda moyen de vouloir passer un bon moment au cinéma, au détriment de celui des autres.
Car oui, ça existe: des gens qui vont voir des films sans avoir visionné les précédents. Mais si c'est acceptable pour un film tel que Kung-Fu Panda 2, bordelos Harry Potter, on en est au huitième film, alors
la grognasse elle va la fermer, Hah!!!!
Petit précision: je n'ai pas vécu cela lors de mon visionnage de HP8 (oui, c'est ce qui est écrit sur mon ticket de cinoche). Mais je pense que certains d'entre vous ont pu vivre des situations similaires et si c'est le cas : j'ai très bien vécu ma séance, mais je compatis.
Pour beaucoup d'autre chose, tout a déjà été dit. Les scènes utiles coupées, les scènes inutiles pas coupées, bref: un vrai film sur l'univers HP, non?
Mais revenons quand même sur certains points:
1) Bellatrix Lestrange is not dead
Oui, c'est un drôle de concept que celui-ci, mais si vous avez vu le même film que moi, alors vous ne pouvez qu'être d'accord :
Bellatrix Lestrange n'est pas morte!!
Pourquoi n'est-elle pas morte? Car son cadavre ne pouvait être vu, car son cadavre ne pouvait être exposé. La scène est similaire au livre, mais diffère fondamentalement sur l'impact que cette
mort peut avoir sur le spectateur : dans l'oeuvre, Mrs Weasley désire ardemment shooter la
evil girl car celle-ci s'attaque à Ginny, et sa rage de mère fait alors d'elle une... et oui les enfants,
une meurtrière.
Spoiler (cliquez pour révéler) : |
| 
Oui, non mais non... |
Et même si le corps n'est pas là, même s'il ne s'agissait qu'un ricochet du propre sortilège de Bella, on le sait, c'est établi : l'amour d'une mère, c'est mortel.
Dans le film, on ne comprend pas bien ce qu'il se passe, à tout point de vue. Ginny affrontait Bellatrix? Ah bon? Et les autres, là, ils fichent quoi? Ah tiens, Molly passe à l'assaut. Et hop!! On grimpe sur le banc. Pourquoi d'ailleurs? C'était un pari du réalisateur que d'essayer de caler une
partie de chat perché en plein milieu d'un combat?? Il a parié ça avec Michael Bay, c'est ça, pendant un cours de rattrapage de réalisation donné par James Cameron, non?
Anyway après une courte bataille à l'aide de bout de bois qui font de la lumière (les sortilèges informulés ont été déclarés d'utilité public par les producteurs), voici notre Bellatrix bien aimée qui s'envole d'un coup et qui explose/disparait/tire la languette de son flambi/s'en va loin et ne revient jamais.
Là est la subtilité : Molly Weasley n'a pas tué : elle a fait disparaitre.
C'est un peu genre "ne vous en faites pas les enfants, maman n'a pas tué, elle a juste fait disparaitre le problème que posait cette personne encombrante". Oh, si ce n'est que ça...
Bref, Bellatrix n'est pas mort, elle a disparue. Et oui, restons illogiques : nous sommes dans un univers de magie; qui n'a pas eu le désir qu'en fait, ce foutu voile derrière lequel Sirius disparait ne soit qu'un placard à balai? Une chose que j'ai appris en lisant les livres : avec la magie, tout est possible.
2) "Bonjour, je m'appelle Neville Londubat, et j'aime Luna Lovegood"
Neville, sacré garnement. Il apparait très agréablement comme une sorte de leader de la rébellion à Poudlard en l'absence du noble et courageux Harry. On le voit très clairement, c'est lui qui représente ce coté rebelle dont nécessitent les pauvres moutons égarés face à la doctrine de fer personnifiée par le vil vilain Snape.
Puis Harry revient.
La bataille se prépare, et après la fuite de Snape par la fenêtre (j'avoue que le coté cartoon m'a fendu la poire, mais ce n'était pas voulu je pense!!^^), voici que les événements se précipitent : non, je ne parle pas de l'arrivée de Voldemort et de ses troupes de tempête (haha), mais bien du vœu des producteurs (?) de caler ensemble deux personnages considérés comme médiocres (oui, c'est un peu fort, mais tellement juste). Là où JK avait fait l'effort de nous éviter le sempiternel code A+A, B+B, C+C, ce film fonce droit dedans et l'on se retrouve avec un schéma bien propre, bien établi, tellement suintant de normalité que c'en est finalement gerbant.
Spoiler (cliquez pour révéler) : |
| Trillian : On a retrouvé la normalité.
Arthur : La normalité oui. On pourrait en discuter jusqu'au jour où les cochons voleront.
Ford : C'est quoi la normalité ?
Trillian : C'est quoi discuter ?
Zaphod : C'est quoi les cochons ? |
Dans tout les cas, ce désir de mettre ensemble ces deux personnages "marginaux" est limite insultant pour les fans (devenus eux aussi limite marginaux car ils ont lus les bouquins) : il existe d'autres couples, d'autres histoires à exploiter, et ce film déborde déjà suffisamment de cet incroyable concept qu'est l'Amour pour que nous ayons besoin d'en avoir une nouvelle couche!! Plutôt que de pourrir un peu plus le peu de crédibilité que pouvait encore avoir la Warner, mieux valait se pencher sur des points intéressants de l'histoire comme... Les reliques de la Mort, qu'en dites-vous?
3) Je suis méchant méchant, groar groaaar!!
Voldemort, mon idole. Meurtre, sang, violence... Rien ne nous ait épargné. Entre son massacre de Gringott jusqu'à la mise à mort de Snape, ce fut... un ravissement. De plus, au fur et à mesure du film, une sorte de tension grimpe dans sa folie, avec le paroxysme que représente ce délicieux moment où, perdu dans son aliénation, il est interrompu par l'un de ses hommes.
Han, c'était rapide, mais c'était tellement intense, mon Voldy...
- Pas de problème, mec, moi aussi je suis ton plus grand fan.
Voldemort est définitivement la star incomprise de ce film. Mais je manque totalement d'objectivité.
En fait, il faut dire que d'un coté, on a des gentils pas trop nombreux qui rechignent à tuer leurs ennemis. Ils s'élancent dans la bataille ralentis par le point de leurs convictions, ne semblant esquisser que la moitié de leurs gestes. Et de l'autre coté, on a de fiers monstres prêts à tout dézinguer.
Ok, sauf peut-être pour la bande de cons qui fait face à Neville, devant le pont. Ils ont tellement l'air nuls, tout beuglant et crachant que je n'ai pas pu m'empêcher de repenser à une scène très similaire du très médiocre
X-men 3 (sous-titré lui aussi "L'affrontement final", c'est un signe!!!). Et quand par la suite ils poursuivent toujours éructant le tâcheron désormais amoureux qu'est Neville, je ne peux qu'être affligé quant à la précision de tir. Mais c'est vrai quoi! C'est frustrant le nombre de scène de ce genre auxquelles on a droit au cinéma maintenant. C'est tellement invraisemblable que ça devrait limite nous faire rire, mais ce n'est pas prévu pour ça!!
Argh!! Pour ma part, ces troupes-là, je ne les considère pas comme des partisans de Voldemort. Je pense que c'était des types qui passaient par là, et se sont dit "Ouais allez les gars!! On est trop dark à l'intérieur de nous, on met tous du eye-liner, on écoute tous Tokio Hotel et on est tous fans de Twilight, alors on va se ranger du coté des méchants!!" OUAAAAAAAIIIIIS!!!...
Pis en plus, vu qu'on est pas à une ou deux incohérence près, c'est pas si mal, quoi.
4) Le potentiel comique des scène incluant Drago Malefoy
Je suis navré. J'aime énormément Drago, j'adore Tom Felton parce-qu'il-est-trop-classe-et-trop-sympa, mais Drago m'a fait rire. Je ne sais pas pourquoi... Mais chacune de ses apparitions semblait coïncider avec une scène qui incluait un sourire, voire un rire de ma part.
L'apothéose est d'ailleurs atteinte dans ce passage ridicule où Voldemort semble vouloir faire un câlin à toutes personnes rejoignant ses rangs. Drago qui reçoit un
hug du méchant pas beau... Ca a beau m'avoir fait rire, il faut le dire : Quelle classe.
Drago devient donc à mes yeux l'ultime incarnation du Serpentard : lâche, mais en même temps meurtri et toujours combatif, en proie à ce petit quelque chose qui donne à la famille Malefoy toute sa grandeur. C'était déjà dans le bouquin, et c'est encore plus génial au cinéma.
Bref, je n'ai pas envie de finir sur une notation de ce film, qui me déçoit par bien des points, mais qui m'a conquis grâce à beaucoup d'autres. Donner une note à une adaptation reviendrait finalement à renouveler mon jugement sur le livre, et comme celui-ci aussi semblait parfois soumis aux contraintes du public, je ne peux pas trop en vouloir aux producteurs d'avoir voulu vendre une fin universelle à un public devenu consommateur de grandes histoires romanesques. Il y a des pertes au niveau du scénario érigé par JK, mais n'est-ce pas la force du cinéma actuel que de vouloir se concentrer sur l'aspect plutôt que sur l'intrigue? Même Saroumane a eu une mort dégueulasse, après tout, alors pourquoi ne pas voir ce HP 7.2 comme un essai mélioratif quant à l'impact que peut avoir un film sur le public venu le voir? Malgré tout un tas de chose, Harry Potter a vécu une grande histoire au cinéma, à l'instar de son existence papier. Un chef d'œuvre en fin de parcours nous avait paru illusoire, car il est clair qu'une ligne narrative plus commerciale s'était installée depuis quelques films déjà. Alors pourquoi dire que l'on est déçu? Je l'ai dit, mais quelle erreur. Je suis plutôt content que d'autre découvre cet univers que j'aime, et si ce n'est pas de la même manière que j'ai pu le faire, alors tant pis, parce qu'au moins nous pourrons partager, le temps d'une séance, le même intérêt pour tout ce qui a fait que j'ai un jour décidé de m'inscrire sur ce forum.
J'y crois, j'y crois.
