| PDV Jedusor :
Un. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Six. Sept... Ah, enfin. Sept minutes de pleurs qui avaient résonné dans le couloir avant qu'elle se taise. Eaden ne savait pas souffrir en silence.
Tom détestait entendre les gens se plaindre, ou étaler leur malheur. Il trouvait cela ridicule.
Déplacé.
Cela faisait presque grincer sa mâchoire.
Peut-être était-il lui-même mal placé pour parler de savoir vivre, mais lui il n'affichait pas sa douleur en public, il ne voulait pas qu'on ai pitié de lui. Non. La pitié ne servait à rien.
_ La pitié c'est pour les faibles, chuchota-t-il.
Il se leva, sortit de sa chambre, mais à peine avait-il fait un pas que quelque chose le heurta de plein fouet avec violence.
Il tomba sur le plancher dans un bruit sourd, et sa tête se cogna sur un pan de mur.
Il plissa les yeux sous l'effet de la migraine qui le prenait, et ne parvint pas à voir sur quoi il avait buté, ou qui l'avait bousculé.
PDV Eaden :
La violence du choc m'avait fait reculée en arrière de quelque pas. Mais je m'en moquais totalement.
Haha ! J'espérais qu'il avait mal. Même si je savais que la douleur physique que je lui avais infligée ne vaudra jamais celle, mentale, que lui il m'avait infligée, je ressentais une joie animale à me venger.
A le voir se traîner là, à mes pieds. C'est triste, mais j'eus presque envie de rire, de me moquer, de l'humilier.
Tom se releva lentement, une main serrée sur son front, où on voyait apparaître une marque rouge, bénigne oui, mais quand même une marque.
_ Aaah... mais c'est quoi ce...
Il me vit. Ses yeux s'écarquillèrent, puis sa surprise se mua progressivement en un sourire supérieur.
_ Tu crois pouvoir te venger comme ça ? T'es vraiment une idiote, une idiote impulsive en plus.
_ Si j'étais impulsive, je t'aurais frappé bien avant...
_ Soit. Alors... tu es seulement idiote.
« Vas-y, insulte-moi autant que tu le veux, pousse-moi dans mes retranchements, rabaisse-moi, je ne céderai pas. Je ne vais pas te faire plus mal encore, je ne vais pas te donner cette satisfaction. »
_ Pfff. Incapable de me frapper suffisamment fort pour me faire vraiment mal. Ça ce n'est rien, rien comparé à ce que je pourrais faire.
_ Je sais ce que tu veux, tu veux que je t'attaque ! Tu pourrais passer pour la victime !
Il continua à sourire, c'était irritant, mais je savais que je pouvais réussir à me calmer. Ou plutôt à calmer mes poings...
_ J'avoue que je c'est drôle, une fille qui se bat. Ou plutôt qui essaye de se battre.
Il s'approcha de moi sans bruit, avec autant de souplesse qu'un reptile faisant onduler ses anneaux, et positionna son visage à hauteur du mien. Ses yeux me vrillaient.
_ Je t'ai entendu pleurer tout à l'heure, tout le monde à dû l'entendre d'ailleurs. Quelle discrétion ! Tu es pathétique.
_ Je suis pathétique ? Moi ? Tu es drôle, c'est nouveau !...
Il n'eut l'air de s'être attendu à ce que je réagisse comme ça, il affichait une mine perplexe. Il gronda :
_ Comment ça ? Est-ce que... tu te moques de moi ?
_ Si peu.
Il grogna de colère.
_ Oh, susceptible ? Ce que je veux dire c'est que si moi je suis pathétique, alors toi... il n'y a pas de mot existant qui puisse te décrire.
_ Tu insinues que je suis plus que pathétique ?
Il s'exprimait lentement, presque avec précaution. J'acquiesçai.
_ Tu crois peut-être que je vais me laisser déstabiliser par tes mensonges ? Je ne suis pas pathétique... Je ne fais pas étalage de mon malheur, je ne cherche pas à tout prix la pitié de mes petits camarades.
Il fit une grimace dégoûtée.
_ Je suis au-dessus de tout ça.
_ Ah, c'est là que tu te trompes. Tu crois sérieusement que tu vaux mieux que tout le monde ? Mais tu es jugé exactement de la même manière que les autres. Tu peux être aussi intelligent, talentueux, beau que tu le veux, aux yeux des autres tout ce que tu es c'est un enfant de onze seul. Sans amis, qui ne s'intègre dans aucun groupe.
Tom resta impassible, mais se rapprocha néanmoins de moi et, même sans qu'il l'exprime, je sentais la fureur qui émanait de lui. Je poursuivis :
_ Tu crois que les gens te craignent et sont fascinés, et oui c'est vrai, mais ce n'est pas tout. Ils voient que tu es seul. Que tu n'es pas heureux, que tu es tout le temps d'un humeur noire. Et... en fait ils voudraient presque t'aider. Oui, voilà, c'est ça : ils ont pitié de toi.
Mon petit discours eut l'effet que je souhaitais sur Tom. Ses mains se crispèrent, ses iris semblèrent s'enflammer... mais que pouvait-il faire, alors que déjà Mrs Cole arrivait vers nous après que le bruit de la chute lui soit parvenu.
Oui que pouvait-il faire ? Rien, il fit rien. Il continua à me toiser avec rage tandis que la directrice lui demandé s'il allait bien.
_ Oui, articula-t-il avec peine, Eaden et moi nous nous sommes juste... télescopés.
_ Et vous, Eaden, vous ne vous êtes pas fait mal ?
_ Non, répondis-je, il semblerait que je suis un peu plus solide.
Je regagnai ma chambre, sentant le regard meurtrier de Tom me suivre jusqu'à ce que ma porte se ferme.
J'avais enfin repris le pouvoir, et de façon magistrale. Et croyez-moi, c'est un sentiment jubilatoire. |