| En fin d’après-midi, Ludo Verpey sonna chez Mona avec l’intention de prendre des nouvelles de sa nièce Mafalda. Mona l’accueillit d’un magnifique regard rempli de reproches.
– Oui, je sais, souffla Ludo lorsque la fillette fut éloignée. Elle n’est pas facile.
– Et la mettre chez ma mère n’était pas une bonne idée.
– C’est pour ça que je souhaite qu’elle passe du temps avec toi, dit-il.
– C’est chez toi qu’elle devrait être, rappela Mona. Mafalda se fait engrener par les Moon et leurs pires concepts.
– Molly ne voulait pas s’occuper d’une Moon, confia Ludo. C’est à elle que Xandre — enfin Otto — s’était adressé en premier. Je lui ai expliqué que tes parents étaient redevenus très importants socialement parlant et que ce serait bénéfique pour Mafalda de raconter qu’elle avait vécu rue Constantinople.
Pour mémoire, « Xandre le sorcier » a rejoint le monde des moldus pour devenir « Otto le comptable ».
– Auprès des fils de mangemorts qui grouillent à Poudlard, tu veux dire ?
– Ce ne sont plus des mangemorts, râla Ludo. Tout ça, c’est terminé. En plus, il y a eu de folles accusations de tous les côtés, tu te souviens ?
– Toi tu as été idiot, hacha Mona. Un homme comme Lucius Malefoy n’est pas stupide.
– Il se met juste du bon côté du vent, c’est ce que me répète Bartemius Croupton.
– Le fils de Croupton était un mangemort.
– Comme quoi, il y en a dans toutes les familles.
– Pas la nôtre !
Si ! Le pire ! En ce moment même, il s’agite auprès de Voldemort transformé en bébé rouge et noir purulent pour l’occasion. Et le fils Croupton enseigne avec un œil fou à Poudlard et ne devrait pas tarder à commettre un parricide.
– Comment vas-tu sinon ? questionna Mona en espérant le conduire à parler du tournoi des Trois Sorciers.
– Cette semaine, je me suis fait traiter d’incapable par ma nièce de dix ans et par Amélia Bones. Et les gobelins commencent à me courir sur le haricot.
– Pourquoi ?
– Parce que j’ai renversé du thé sur ses précieux parchemins...
– Pas Amélia, les gobelins, pourquoi est-ce qu’ils t’en veulent ?
– Parce que j’ai... j’ai eu la mauvaise idée de parier avec eux.
– Tu as fait quoi ? s’indigna Mona.
– J’ai parié avec des gobelins.
– On ne parie pas avec des gobelins ! imposa Mona furieuse. Combien ?
– Deux.
– Pas de gobelins, d’argent !
– Ah oui, dit-il. Justement, c’est bien qu’on en parle parce que je ne pourrais pas réinvestir de Gallion dans l’éclair de feu cette année.
– Tu as joué toutes tes recettes ?
– Un peu, dit-il embêté.
– Tu n’auras plus ta place aux réunions, prévint Mona. En revanche, tu devras toujours nous filer un coup de main quand on le réclamera, c’est comme ça que ça marche.
– Je sais, encaissa Ludo. Je n’ai pas été très malin.
Pour changer !
– Comment escomptes-tu t’y prendre pour les rembourser ?
– J’ai trouvé une solution, dit-il. Je pense m’en sortir.
En pariant sur la victoire de Harry Potter durant le tournoi des trois sorciers.
– Écoute, si tu as besoin d’aide, tu peux compter sur moi, assura Mona.
Ludo leva la tête vers elle avec espoir.
– Je ne parle pas d’argent, j’aime l’éclair de feu, j’aime travailler avec les Moon et j’aime que toute la famille puisse marcher la tête haute. L’entreprise reste très bancale, surtout à cause des gobelins, ne t’avise pas de tout gâcher alors que j’y mets toute mon énergie et toute ma fortune.
– Les gobelins t’aiment bien, dit-il. Et Terence aussi, ils l’aiment bien.
Pardon ?
– Pardon ? demanda Mona.
Sur cette révélation surprenante, Ludo sortit de l’appartement abandonnant Mona à sa nièce encore une fois.
Jour 3
Le lendemain était jour de fête pour Mona qui enfin se débarrassait de sa cousine. Magda ne semblait pas vraiment enchantée de revoir Mafalda et elle ne montra aucune surprise lorsque l’enfant lui raconta les exploits de Mona.
On parle des vrais exploits magiques de Mona, pas de sa capacité à boulotter des conneries en toute circonstance.
– Oui, Mona est très douée pour certains aspects de la magie, conclut Magda. Va déposer ta valise. Tu es de corvée de baby-sitting, je dois faire cours à Damon et Madeleine.
– Je ne m’occupe pas du bébé qui braille, prévint Mafalda.
– Tutic gardera Tom, toi tu surveilleras Marine.
– Super, ironisa Mafalda en détalant.
En fait, tous les Moon sont plus ou moins des rebelles, mais pas vraiment en fait.
– Tu as reçu pas mal de commandes et Terence a validé la dernière série... expliqua Magda. Tu voudras sans doute travailler au calme chez toi.
– Si la dernière série est validée, je vais en avoir pour la moitié de la nuit, donc oui...
Mito !
Plein d’effervescence nerveuse, Terence s’agitait à proximité du bureau de Mona. Approchant vers lui, la sorcière se demanda comment son frère avait finalement pu gagner la confiance des gobelins, peut-être se montrait-il aussi dur envers eux qu’envers Mona et Hugh. Les gobelins se sentaient donc sur un pied d’égalité.
Je me permets de souligner une chose, Terence a souvent fait preuve de tolérance envers certains sujets, je rappelle que son meilleur pote est gay... l’autre étant devenu de la bouffe pour inferis. Venant d’un type de ce type, on pourrait s’attendre à du drame dramatique sur toute la ligne.
– Pour quand est prévu l’envoi ? interrogea Mona sans préambule.
– Demain soir. Dix par jours pendant dix jours.
Des séries de cent, un concept de Hugh. C’était un nouvel argument marketing, même si en réalité l’objectif des cents n’était pas toujours atteint, la faute aux gobelins. Mais ça, personne en dehors des Moon ne le savait.
– Béa est au siège de la Gazette du Sorcier pour réserver un encart du type « Vous avez réservé un éclair de feu ? Vous ferez peut-être partie des cents à en recevoir un sous dix jours ».
– Je croyais qu’on arrêtait ce genre de promotion ?
Terence adressa enfin un court regard à sa sœur avant de replonger dans ses documents.
– La nouvelle publicité n’est pas encore prête, dit-il. Et ça marche toujours très bien.
– Irène finit les packagings ?
– Oui, elle vérifie tous cent fois tu l’as connaît. Elle sera prête. Tu le seras ? Tu as les cent clients ?
– Vingt privilégiés des Moon, détailla Mona. Je vais les étaler sur les dix jours. Les cinquante commandes les plus anciennes, dix bons joueurs de Quidditch sélectionnés par Hugh et les autres ne sont pas encore choisis.
Terence acquiesça sans cesser de remuer des feuillets.
– Tu as besoin de quelque chose ?
– Des fiches d’accréditation du ministère, dit Mona. Irène doit les avoir.
– Non, c’est moi qui les ai.
Il tendit une pochette en cuir à sa sœur sans la regarder.
– Tu ferais mieux de rentrer t'affairer au calme chez toi, conseilla-t-il. Tu travailles moins bien avec nos parents dans les parages.
– Ta présence est également horripilante.
Terence releva la tête avec un rictus.
– Je n’en doute pas. Je me déplacerais pourtant chez toi demain, je me charge des liaisons entre les services.
Mona recula la chaise de son bureau sans s’y installer. Son objectif étant de décamper rapidement avant d’être contaminée par la frénésie ambiante, elle rassembla au plus vite tous les parchemins dont elle aurait besoin et parvint à fuir lorsque Hugh encore plus nerveux que son frère pénétra dans la pièce.
Revenue chez elle, Mona réinstalla tous les documents qu’elle avait récupérés, elle sortit dix feuillets de commande préremplie pour leurs destinataires, y ajouta la date, les différents chiffres d’accréditation et les posa sur un coin de table, son labeur du jour accompli.
Quoi c’est tout ? Toute ta famille est en panique et c’est tout ?
Mona maîtrisait sa corvée. Lorsqu’une série se préparait, les dix jours frénétiques des débuts n’existaient plus pour elle. Le plus gros du travail était toujours anticipé et prémâché. Mona fila donc à la volière, elle attrapa Dame de Fane en plein coït avec la chouette d’Arnold Bondupois et lui attacha un bon de commande à la patte. Rien à voir cependant avec l’éclair de feu. Vingt minutes plus tard, un sorcier chargé de nourriture sonna à sa porte. Ravie Mona lui ouvrit et entreprit de préparer une table. Waha et Grace arrivèrent ensemble, sans Honorine — la fille de Grace. Irène se présenta près d’une demi-heure plus tard, l’air harassé, elle s'installa lourdement à table.
– Si tu as besoin d’un coup de main pour l’éclair de Feu... commença Mona.
– Ne t’inquiète pas pour ça, dit Irène en l’arrêtant d’un geste. J’ai au moins cinq jours avant de paniquer. Je suis prête pour l’envoi de demain. Non, c’est ta mère qui me rend folle.
– Qu’est-ce que Magda Moon a encore fait ! s’amusa Grace.
– Elle organise un mariage en express ! râla Irène.
– Encore ? s’étonna Waha.
– Oui, William épouse Serène Cranach, une jeune femme charmante, issue d’une descendance simple.
– Elle est enceinte, supposa Grace.
– Oui, dit Mona. Ils n’ont pas fait exprès.
– Mon œil ! s’écria Irène. La combine est bien connue dans la famille. Les Moon ne veulent pas que je t’épouse, donc je te mets en cloque et tu seras acceptée. Par contre, tu vas un peu morfler au départ.
Mona acquiesça un peu gênée. Irène avait totalement raison et Béa en était l’exemple parfait. Après avoir bataillé pour devenir pour Moon, la belle-sœur de Mona s'était transformée en digne représentante de la dynastie parfaitement respectée. Du moins, en public.
– Et pourquoi ma mère t’a-t-elle fatiguée ?
– Je lui ai expliqué que mes enfants pourraient ramener n’importe quel sorcier ou Moldu cela n’aurait pas d’importance. Et comme Terence ne m’a pas contredite, ça ne lui a pas plu.
Terence a fait quoi ?
– Terence ne t’a pas contredite ?
– Il m’a assuré qu’il ne renierait pas ses enfants pour leur choix amoureux, mais il m’a affirmé qu’il tenterait de les guider correctement, dévoila Irène. Mais le pire, c’est quand j’ai précisé à Magda que je voulais que Marine ait le même traitement que Damon, autant de possibilités d’étude et qu’on ne la pousserait pas au mariage si son frère ne l’avait pas été au même âge.
– Ils n’ont pas vraiment dû être d’accord, souligna Mona.
– Non, dit Irène. Mais je ne leur donnerais pas le choix. J’ai encore quelques années pour amener la chose doucement. Heureusement que Malorie passe avant.
– Donc c’est moi qui vais transgresser les règles des Moon, créer une brèche dans laquelle tu n’auras qu’à t’engouffrer, résuma Mona.
– Exactement ! approuva Irène avec un sourire. Malorie ne sera pas du genre à se marier tout de suite et il est évident que tu l’enverras faire des études, juste pour l’éloigner de tes parents.
Mona ne répondit pas, c’était effectivement comme ça qu’elle voyait les choses. De dures épreuves s’annonçaient, ce ne serait pas facile, mais en y regardant de plus près : l’avis de Mona avait pris du poids dans la famille, ce ne serait peut-être pas si compliqué que ça.
Ou alors, une guerre va éclater et tout changer.
– Comment tu vas ? demanda subitement Grace à Waha.
– Bien, répondit Waha avec un sourire. Je vais essayer de partir en vacance au soleil cet hiver...
Mona observa son amie attentivement et comprit pourquoi Grace s’était montrée inquiète. Waha avait tenté de masquer des cernes à la va-vite. Une activité qu’elle était fréquemment obligée de faire en ce moment. Personne n’était dupe, Waha cachait les traces de ses larmes.
– Et comment va Clive ? demanda Irène.
– Bien, répondit encore Waha.
– Et vous deux ? questionna Mona.
– Bien.
Un silence gênant s’installa ; que Clive et Waha soient toujours ensemble relevait de la connerie profonde, quoi qu’on dise : l’amour impose souvent plus de connerie que le contraire.
– J’ai retrouvé les photos de mariage de Lily, annonça brusquement Waha.
Il était évident qu’elle cherchait à changer de sujet. Et cela fonctionna, les trois femmes observaient les photos avec attention.
– Remus a l’air si jeune, commenta Irène.
– Mona encore plus, cette robe t’allait très bien, nota Grace.
Mona s’attarda sur un portrait de James et Lily se souriant avec amour. Leur relation aurait-elle fini par devenir catastrophique ? À bien y réfléchir, ils s’étaient mis ensemble si jeunes, leurs caractères étaient très différents. Dans la vie quotidienne, sans la guerre, auraient-ils pu s’aimer tout autant ? Une nouvelle série de photo de groupe arriva entre les mains de Mona. Posant souvent aux côtés de Mary — une amie de Lily — Peter conservait le même sourire aux lèvres. Sur une autre, les quatre maraudeurs levaient leurs verres vers l’objectif. À cette époque, Mona était en couple avec Brad, revoir Sirius ne l’aidait pas et ne l’avait pas aidé dans les mois suivants. Comment Mona avait-elle pu offrir un père aussi abominable à sa fille ? La dernière photo que Mona avait entre les mains était celle des deux témoins de mariage — c’est-à-dire, elle et Sirius. Ils avaient le même sourire gêné, se regardaient de biais...
– Si seulement j’avais su, dit Waha en observant la même photo que Mona. Mais comment savoir ? Il n’a pas la tête d’un meurtrier.
– On avait des doutes, rappela Mona.
– Il était un nom sur une liste de quatre ou cinq, se souvint Waha. Certains pensaient même que Peter aurait pu ne pas être net.
– Lily et James n’auraient vraiment pas dû le choisir comme gardien du secret, conclu Mona. Ils savaient qu’il était risqué. Ils ont fait une erreur.
– Beaucoup font des erreurs, dit Waha.
– Celle-ci, ils ne pourront jamais la corriger, dit Mona. Mais d’autres erreurs peuvent l’être.
En gros, largue ton mec Waha. Est-ce que tes potes peuvent te dire que t’as l’air d’une conne à renier toute ta personnalité et ton bonheur pour un ###### de #### ? Bon d’accord, je ne sais pas si c’est un ####, mais il n’est franchement pas net.
Mona lança un regard appuyé à son amie qui commençait à ranger les photos, Mona profita de son trouble pour cacher la photo sous sa manche. Elle se leva pour apporter le dessert et dissimula l'image dans un placard.
Ta pote vit un drame et toi tu la vole. Jusqu’au bout, tu me feras honte !
Ses amies parties, Mona s’attabla de nouveau à son bureau et entreprit de prévenir les tout nouveaux candidats à l’acquisition d’un éclair de feu qu’ils étaient désormais sur liste d’attente. Liste d’attente qui était souvent de huit mois. Mais les Moon étaient en progrès, ils envoyaient plus fréquemment leurs colis, l’aspect de la nouveauté de l’éclair de feu étant passé. Bien évidemment, après la coupe du monde, les commandes avaient afflué, mais maintenant, c’était calmé.
Vers dix-sept heures, on toqua à la porte, devinant que l’on souhaitait s’inviter pour le thé ou pire que Terence déboulait déjà aux nouvelles, Mona nettoya rapidement sa cuisine d’un coup de baguette avant de se diriger vers l'entrée. Elle s’arrêta brusquement en remarquant sa porte. Deux rangées de barreaux quadrillaient la porte, l’une des protections en place. La seule qui fonctionnait à vrai dire puisqu’elle était nominative, personne ne venait avec l’intention de tuer, les autres fortifications ne fonctionnaient pas. Cette protection-ci avait tourné à plusieurs reprises, la dernière fois : lorsque Narcissa Malefoy était venue prendre le thé sur invitation de Mona, ou plutôt de Magda. La sorcière garda sa main fermement serrée sur sa baguette magique et entrouvrit la porte. Elle glissa son visage dans le faible espace, elle se savait sécurisée de toute façon. Quoique l'enseignant qui se tenait devant elle, trouverait sûrement le moyen de contrecarrer les diverses améliorations de Mona. Elle était douée, mais pas autant que...
– Professeur Dumbledore ?
– Miss Moon, dit-il avec un sourire. Pouvons-nous entrer ?
Nous ? Mona tourna enfin son regard en se giflant mentalement, évidemment que Dumbledore était accompagné, il ne faisait pas partie des noms que Mona avait ordonné à son montant de porte de signaler. Ni Remus qui se tenait derrière lui en adressant un signe de la main radieux à son amie. En revanche, le chien noir qui se trouvait après eux... Mona pointa aussitôt sa baguette vers l’animal.
Arrrrgggggggg ! Qu’est-ce que c’est que ces conneries ?
– Je vais faire une petite vérification sur cette bestiole avant, apprit Mona.
– Inutile, dit Dumbledore. C’est bien Sirius Black et vous remarquerez que nous sommes tous trois armés, contrairement à lui.
Ils l’avaient capturé ! Pourquoi l’amener à Mona avant de le conduire au ministère ? La famille de Mona était-elle encore menacée ? Elle ouvrit la porte plus largement sans cesser de pointer Sirius. Dumbledore s’arrêta devant le montant de porte de Mona.
– Vous les avez encore renforcées, dit-il. Peu de gens ont continué après la guerre.
– Peu de gens reçoivent Sirius Black.
Dumbledore acquiesça et entra suivi par Remus et le gros chien noir qui les suivait.
– Peut-être pourrions-nous prendre le thé ? suggéra Dumbledore.
Parce qu’il s’invite ? Nan, mais t’as raison, fais comme chez toi !
Mona encore choquée se contenta d’acquiescer et de servir le thé à ses invités impromptus. Sirius se roula en boule aux pieds de Remus.
– Mona, nous avons un petit service à vous demander, dévoila Dumbledore une fois qu’ils furent tous installés.
– Avant ça, coupa Remus. Nous devrions lui expliquer deux ou trois choses...
– Il me semble qu’elle a compris que notre ami canidé était Sirius, dit Dumbledore.
– Je confirme, dit Mona froidement.
– Mais tu ne sais pas qu’il est innocent, lança Remus.
Mona regarda son ami atterré, il s’était fait avoir, Remus était-il si fragilisé par la vie que son vieil ami avait pu lui faire gober n’importe quoi ?
Ou alors t’écoutes. Ou tu les jarte tous, je me tâte.
– Il a également essayé de me faire croire ça, expliqua Mona. J’ai su ne pas l’écouter.
– Remus n’est pas le seul à croire en l’innocence de Sirius, dit Dumbledore. J’y crois aussi, Harry Potter, votre filleul y adhère pareillement.
– Et Severus Rogue m’a raconté ce qui s’est passé le soir où Remus l’aurait aidé à s’enfuir, dit Mona. Je pensais qu’il était confus et agité par sa haine habituelle. Visiblement, il y avait un fond de vrai.
– Ce n’est pas moi qui ai permis à Sirius de s'évader.
Lentement, le chien se dressa sur ses pattes arrière et reprit forme humaine. Sirius n’avait pas la même tête que dans le dernier souvenir de Mona. Cette fois, ses cheveux étaient propres et coupés court, son visage avait perdu sa maigreur et il paraissait plus jeune.
– C’est notre filleul qui m’a fait évader, expliqua Sirius.
– Severus ne mentait donc pas, dit Mona en cachant son trouble. Je devrais peut-être écouter sa version plus attentivement.
– Ron Weasley avait un..., commença Sirius.
– Non, l’arrêta Remus.
Il se tourna vers son ami et lui fit un signe négatif de la tête.
– Il y a certains détails que Mona doit ignorer, dit-il en bifurquant vers Dumbledore.
Le vieil homme acquiesça, avant de se tourner de nouveau vers la sorcière choquée.
– Sirius n’a jamais été le gardien du secret des Potter, dit-il. Il s’agissait de quelqu’un d’autre, quelqu’un qui a répété le secret, Peter Pettigrow.
Le souffle de Mona se bloqua dans sa gorge. Ce n’était pas possible, le plan était que Sirius soit le gardien.
– Non, dit Mona. Ce n’était pas Peter, c’était mon cousin, je l’aurais su.
– Pourtant, Peter était bien le gardien du secret des Potter.
– Alors quoi ! s’écria Mona. Il a été attrapé par Vous-Savez-Qui et lui a fait cracher le morceau ?
– Quelque chose comme ça, dit Remus.
Ah bon, vous ne comptez pas lui dévoiler que son propre cousin se trouve être le méchant de l’histoire ? Vous pensez qu’elle le prendrait mal ?
– Et il ne l’a jamais dit ? pesta Mona en désignant Sirius d’un signe de tête. On l’a enfermé à Azkaban, il a forcément croisé deux ou trois représentants du ministère. Et lorsqu’il assassine treize personnes, au lieu de dire « au fait, je n’étais pas le gardien du secret des Potter », il éclate de rire.
– Sirius n’a assassiné personne, contredit Remus.
– Pas faute d’avoir essayé, dit Sirius.
– Le genre de commentaire que ferait un parfait innocent, souligna Mona sans le regarder.
– Parce que tu n’as jamais voulu tuer personne ? grinça Sirius.
– Si, les meurtriers de ma famille, cracha Mona. Et tu sais quoi ? T’en fais partie !
Elle leva sa baguette vers lui et avant même d’avoir prononcé le moindre mot, Sirius vola à travers la pièce, heurta lourdement le haut de la fenêtre de la cuisine et retomba sur l’évier, cassant la vaisselle qui séchait.
YAHOU !
– Ah bah bravo, reprocha Mona. Ils ne font plus ces modèles d’assiettes.
Y’a des moments comme ça, je te trouve géniale !
Remus s’était précipité vers son ami alors que Dumbledore se mettait devant la baguette de Mona.
– Il a essayé de me faire croire que Peter était vivant ! cria Mona. Il raconterait n’importe quoi pour ne pas retourner à Azkaban.
– Sirius pourrait fuir, expliqua calmement Dumbledore. Mais il reste auprès de nous, il cherche d’autant plus à nous aider depuis qu’un certain événement est arrivé...
Mona le regarda intensément, un événement ? faisait-il allusion à Malorie ? Remus soutenait Sirius pour qu’il puisse revenir vers eux. Sur son front, des pustules indiquaient « traître », ses dents étaient devenues vertes et ses pieds avaient triplé de volume en plus d’être transformés en sabots.
Vraiment géniale !
– Des chaussures à Remus en plus, dit-il. Tu m’enlèves tout ça.
– Les chevaux courent plus vite que les humains, ça t’aidera peut-être.
– Le nom d’Harry a été déposé dans la coupe de feu à mon insu, dit Dumbledore. J’imagine que vous comprenez la portée d’un tel acte et tout ce qu’il peut sous-entendre.
– Qu’un mangemort quelconque tente de le mettre dans une situation périlleuse pour qu’Harry meure sans risquer sa place au ministère ou à la tête d’une école de sorcellerie slave.
Mona toisa le directeur, cette explication tenait parfaitement la route.
– Vous fréquentez toujours Severus Rogue assidûment, supposa Dumbledore légèrement surpris.
Sirius renifla dédaigneusement.
– Oui, dit Mona. Et alors, nous ne vous avons jamais caché notre amitié.
– Ah moi si, dit Remus.
– Moi aussi... dit Sirius.
– Toi on s’en fout, cracha Mona.
Dumbledore prit doucement le bras de Mona et l’entraîna à l’écart des deux hommes. Il leva sa baguette et s’enferma avec Mona dans une bulle.
– Vous savez que Severus porte la marque des Ténèbres ?
– Oui, je suis au courant, dit Mona.
– Il vous a dit qu’elle recommençait à le brûler ?
Mona le regarda avec étonnement.
– J’ai beaucoup de choses à régler, avoua Dumbledore. Je crains le pire et je tente d’empêcher qu’il ne se produise.
Quelle efficacité !
– J’aurais probablement besoin de Sirius à un moment donné, dit Dumbledore. Je souhaite qu’il reprenne du poil de la bête et je veux que nous corrigions tous les erreurs que nous avons commises.
– Comment ça ? dit Mona.
– Je vous ai conseillé, dit Dumbledore. De ne pas révéler à Sirius qu’il était le père de Malorie à une époque où je le pensais être un traître. Je pense qu’il a maintenant, le droit d’être informé de ce qu’il aurait dû savoir.
– Et ma fille dans tout ça ? grinça Mona. Je l’informe que son père est un meurtrier en cavale ?
– Sirius n’a tué personne, dit Dumbledore. Nous nous sommes trompés.
– Donc on prend le thé et je l’informe qu’il a une fille et vous le ramenez ?
– Nous, vous le gardez, il reste au chaud et à l’abri dans l’un des appartements les mieux protégés du pays. Il reprend du poids, des couleurs...
– Vous comptez me le laisser ? grinça Mona. Combien de temps ?
Alors la question n’est pas combien de temps, la question est qu’il n’y a pas de question, tu dis non tout court.
– Un mois, peut-être deux, hasarda Dumbledore.
– Et si je refuse ?
– Vous perdez à jamais l’occasion de l’informer de sa paternité, annonça Dumbledore. Gardez-le quelque temps, pour faire un choix sage et pas celui de l’impulsion que vous faites maintenant.
Mona regarda de tous les côtés avec rage.
– Peter était le gardien du secret ? demanda-t-elle.
– Oui.
– Toute cette période est tellement floue, avoua Mona.
– Des heures sombres, admit-il.
D’un coup de baguette magique, il enleva la bulle dans laquelle, il les avaient enfermés. Remus et Sirius tentaient péniblement de supprimer les maléfices dont Sirius était affublés.
– Ce ne sont pas des sortilèges répertorié, dit Sirius. Tu n’as pas le droit de jeter des sortilèges non autorisés !
– Parce que toi tu as le droit d’être dans mon salon ?
Dumbledore, sans prêter attention aux deux hommes, s’approcha de la table et finit d’une traite son thé.
– Nous y allons ? demanda-t-il à Remus.
– Vous lui avez demandé ? comprit-il.
Il acquiesça et montra à Remus sa tasse qu’il se pressa de vider.
– Parfait, dit Sirius. Maintenant qu’elle a refusé, on s’en va. Mais avant forcez-la à m’enlever tous ces maléfices !
– Elle n’a pas refusé, leur apprit Dumbledore.
Remus et Sirius se tournèrent d’un même mouvement vers Mona. Elle devait dire non, elle ne pouvait pas héberger un fugitif. Dumbledore pouvait dire ce qu’il voulait, Sirius était probablement coupable. Mona avait autre chose à faire que de s’encombrer de lui.
– Tu acceptes que je reste ? questionna Sirius sous le choc.
D’un autre côté, Mona n’aurait pas d’autre occasion de lui avouer la vérité. Elle devait y réfléchir, envisager toutes les possibilités et l’avoir sous la main aiderait sûrement.
– Oui, souffla Mona.
– Donc, c’est réglé, nous y allons, dit Dumbledore.
Il se pressa brusquement, incitant Remus à accélérer la cadence.
Mona, tu réalises qu’ils se pressent de peur que tu changes d’avis ? Parce que tu dois changer d’avis !
– Non, attendez ! cria Sirius. Je pensais qu’elle refuserait !
– Vous êtes en mauvaise santé, dit Dumbledore. Finissez de reprendre du poil de la bête ici. Je suis sûr que Mona sera une bonne hôtesse.
Sirius tenta de trotter vers eux, mais s’embourba dans ses sabots et s’écroula sur le sol. La porte se referma sur Remus et Dumbledore sans que Mona ait pu faire autre chose que demeurer paralysée par sa décision.
Idem. |