Harry Potter et la Pierre Originelle [Chap 47 + Epilogue]
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- Dassyka
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Re: Harry Potter et la Pierre Originelle [Chap 47 + Epilogue]
Si tu veux bien, quand tu pourras, mettre les chapitres de 38 à la fin, J'ADORERAI!!!!!!!
Merci mille fois et au plaisir de pouvoir continuer de lire ta fic bientôt!
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Re: Harry Potter et la Pierre Originelle [Chap 47 + Epilogue]
Bon, après deux mois (je sais c'est long... ), je vais enfin pouvoir mettre les derniers chapitres. Si tu veux les précédents (ou si qqun d'autre veut les lire) je pourrai les mettre aussi.
Chapitre 38 La quête commence
Chapitre 38 La quête commence
Spoiler (cliquez pour révéler) : Ils se précipitèrent tout au long du tunnel, qui quittait la Salle d’Argent et qui courrait sous le château, au son des bruits de leurs pas et des sortilèges des mages noirs. Ils espéraient que la porte derrière eux tiendrait assez longtemps pour leur permettre d’être suffisamment loin lorsque Voldemort et Rogue parviendraient à la franchir. Si cela prenait autant de temps que pour l’entrée, ils ne devaient pas leur falloir plus de cinq minutes. Harry eu l’impression de courir sur des kilomètres et des kilomètres, sa baguette dans la main gauche, et la carte dans la droite.
Il souhaitait que celle-ci soit suffisante pour trouver la Pierre et que le livre ne soit pas nécessaire. Car il n’était plus en leur possession maintenant. Il gisait sur le sol de la Salle d’Argent, et avait été ramassé rapidement par Rogue. Et si le livre s’avérait nécessaire pour obtenir la Pierre, il leur faudrait le reprendre à Voldemort, qui va, selon toute vraisemblance, lui aussi se jeter dans la quête de la Pierre Originelle aux côtés de Rogue, une fois qu’ils auront analysé le livre. Une Pierre faisant revivre les morts et partir les vivants ne pouvaient que le fasciner. Tout comme Rogue. A présent, ils étaient sept à chercher la Pierre. Et leurs routes se croiseraient tôt ou tard.
Ils couraient à en perdre haleine. Le tunnel suintait l’humidité et Harry entendait des gouttes tomber dans de petites flaques. Il en reçu d’ailleurs plusieurs sur le visage. A plusieurs reprises, il se retourna mais il n’aperçu aucune lumière argentée. Mais peut-être était-il trop loin et que la porte avait déjà été brisée ?
- Je vois une lumière ! cria Ginny qui était en tête avec Fitius.
- On arrive au bout ! poursuivit ce dernier. Encore un effort !
Et après quelques minutes, les deux sorciers s’arrêtèrent nets lorsqu’ils s’aperçurent que la lumière filtrait par un petit trou au-dessus de leur tête. Bien trop petit pour passer à travers. Au mieux, on pouvait y glisser un bras. Harry, Ron et Hermione, qui ne les avaient pas vus s’arrêter, les percutèrent violemment.
- Vous faites quoi ? demanda Harry.
- On ne peut pas passer, montra Ginny en touchant la surface au-dessus d’eux et en indiquant la petite taille de l’ouverture. C’est du bois, ajouta-t-elle.
- Pulvérise moi ça, s’énerva Ron en sortant sa baguette. Il faut qu’on sorte de là.
Fitius, la baguette déjà dans sa main, la pointa sur l’interstice tandis que les quatre jeunes Gryffondors – « nous aurions du être cinq si Neville n’était pas tombé dans l’abîme », pensa amèrement Harry – se reculèrent prudemment. Un éclair bleuté, comme ceux que maîtrisait à présent Harry, sortit de la baguette de Fitius et explosa contre l’obstacle en bois. Le flash et la détonation engendrée se répercutèrent tout le long du tunnel et Harry fut certain que Voldemort et Rogue les remarquèrent. Lorsque la fine pluie de débris fut retombée, une lumière aveuglante pénétra dans le tunnel à travers l’ouverture créée et les illumina. Ils n’eurent cependant pas le temps de s’habituer à la luminosité qui contrastait furieusement avec les ténèbres du sous-sol.
- On peut passer, dit Fitius. J’y vais le premier, pour inspecter les lieux.
Les Gryffondors approuvèrent et le sorcier passa par le trou en bois. Il grimpa avec agilité par l’ouverture et les pans de sa robe noire disparurent. Puis Ginny lui emboîta le pas, suivit de Ron, d’Hermione et enfin, de Harry qui jeta un dernier coup d’œil derrière lui. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il se retrouva à l’air libre. Après avoir fait quelques pas, il vit les visages de ses amis, se retourna et contempla l’Arbre Mort. Ce même arbre près duquel ils se trouvaient à peine quelques jours auparavant, avant que tout ne change. Ils avaient ressenti le mal vomir de cet endroit et gagner Poudlard. Ils avaient cru que l’Horcruxe se cachait là. Ils avaient également supposé que la Salle d’Argent s’y trouvait. Et en fait, c’était l’accès à la Salle d’Argent. La Pierre était-elle donc si maléfique pour que la Salle d’Argent, qui ne contenait que des indications, puisse répandre un tel mal ? Puisse transformer une forêt normale en une forêt ténébreuse peuplée de bêtes maléfiques ? Puisse créer la Forêt Interdite ?
Harry préféra ne pas répondre à ces questions qui, visiblement, trottaient dans la tête de tout le monde. Il savait que leur temps était compté, et que probablement, Voldemort et Rogue avait déjà réussi à briser la porte. Il ne tenait pas à être présent lorsque la tête blafarde de l’ombre apparaîtrait dans le trou de l’arbre.
- Allons-y, dit-il.
Et tous l’écoutèrent et partirent dans la Forêt avec pour seul objectif de mettre le plus de distance possible entre eux et ce lieu maudit. Ils ne devaient avoir que cinq minutes d’avance sur les mages noirs, pas plus. Ils comptaient bien les utiliser pour les semer. Après, ils chercheraient la Pierre en s’aidant du plan. Petit à petit, ils s’éloignèrent de l’Arbre Mort qui avait été sérieusement endommagé. Un cratère fumant de deux mètres de diamètre était visible, mais l’arbre ne semblait pas devoir s’écrouler.
Au début, les cinq sorciers coururent, de peur que Voldemort et Rogue ne s’aperçoivent de la direction qu’ils avaient prise. Ils prirent la direction qui semblait la plus difficile d’accès et qui offrait la meilleure protection. Ils ne savaient pas si les mages noirs chercheraient à les éliminer avant de chercher la Pierre, ou bien s’ils s’occuperaient d’eux en cours de route si l’occasion se présentait. Quoi qu’il en soit, Harry n’avait pas d’autre choix que de trouver la Pierre avant Voldemort. Et il savait que cela tenait du miracle.
La zone de la Forêt Interdite dans laquelle ils se trouvaient était extrêmement sombre et dense, bien que de plus en plus d’arbres commençaient à pourrir sur pied en raison du mal qui irradiait depuis l’Arbre Mort. Il n’y avait aucun bruit d’animal, amical ou non. Ni oiseau, ni centaure, ni rongeurs. Ils avaient l’impression d’être totalement seuls. Perdus au milieu de nulle part. Bientôt, tous les alentours seraient aussi stériles et déserts que ceux de Durmstrang. Il n’y aurait plus la moindre trace de vie. Plus la moindre preuve qu’auparavant s’était élevée ici une grande école de magie où dizaines de générations d’élèves s’étaient succéder.
Pour l’instant, les arbres et les buissons étaient encore suffisamment nombreux pour les cacher, mais aussi pour freiner leur progression. Les sorciers ne voulaient pas utiliser de sorts pour se tailler un chemin dans cet enfer végétal car ils pourraient être suivis trop facilement. Cela aurait été comme planter des écriteaux fléchant leur chemin et invitant quiconque à les suivre.
C’est donc péniblement qu’ils écartaient les branches et passaient par-dessus les fougères, avançant bien plus lentement que Harry ne l’aurait souhaité. Et dans l’immédiat, ils ne savaient pas du tout dans quelle direction ils se dirigeaient. Ils étaient seulement certains qu’ils s’éloignaient de Poudlard et qu’ils ne s’étaient jamais aventurés aussi loin dans la Forêt. Au bout de vingt minutes à courir en silence, Harry s’arrêta, le visage couvert de multiples écorchures qui venaient se rajouter aux nombreuses blessures obtenues pendant la bataille de Poudlard. Tous avaient une mine affreuse et des vêtements déchirés.
- Il faut qu’on sache où un va, dit-il. On ne peut pas continuer à avancer en aveugle.
Fitius hocha la tête et regarda derrière lui pour voir s’ils n’étaient pas suivis. Les autres s’arrêtèrent et reprirent difficilement leur respiration. Tous avaient couru aussi vite qu’ils le pouvaient, et dans les conditions actuelles, c’était extrêmement fatiguant. Harry sortit la carte qu’il avait mise dans sa robe et la tendit à Hermione. Elle l’ouvrit mais ne comprit pas ce qu’elle vit.
- Tu vois où il faut aller ? lui demanda Ron.
- Pas vraiment, répondit Hermione qui ne voyait en fait pas du tout.
Ron s’approcha et jeta un coup d’œil. Au regard crispé qu’il avait, il ne semblait pas mieux comprendre. A son tour, Harry regarda. Et la carte qu’il avait sous les yeux ne ressemblait à rien de ce qu’il avait pu voir dans le monde magique. Elle affichait des multitudes de plans, de flèches, d’écritures qui apparaissaient et disparaissaient sans aucune logique apparente. On avait l’impression qu’elle affichait toutes les informations qu’elle possédait en même temps, ce qui causait un gribouillis indéchiffrable. Harry n’avait aucune idée de ce que cela signifiait. Fitius tendit la main et prit le parchemin. Pendant cinq minutes, il ne dit pas un mot et observa le ballet incessant des plans de régions inconnues et d’inscriptions étranges, allant et venant devant ses yeux. Ceux-ci se réduisaient à deux minces fentes pendant que ses pupilles parcouraient le parchemin à vive allure.
- Vous comprenez quelque chose ? demanda Harry.
Fitius secoua la tête. Le jeune Gryffondor jura et regretta de ne pas avoir pris le livre avec lui plutôt que de l’avoir donné à Hermione. Il y avait sûrement des explications sur le fonctionnement et l’utilisation de la carte. Il regarda autour de lui et n’avait aucune idée de la direction à prendre. Il estimait qu’il devait rester à peine quelques heures de soleil. Et ils n’avaient pas avancer.
- J’ai peut-être une idée, dit Fitius après un long silence.
Les Gryffondors le regardèrent, impatients d’écouter sa suggestion. Fitius se contenta de tendre la carte à Harry.
- Prends la, se contenta-t-il d’ajouter.
Harry l’empoigna et soudain, la quasi-totalité des inscriptions de la carte disparu. Il ne restait qu’un schéma et un unique mot.
- Comment ça se fait ? s’étonna Ginny.
Mais Harry avait déjà compris.
- Seule la Clé peut utiliser cette carte, expliqua-t-il. Il n’y a que moi qui puisse m’en servir.
- On peut espérer qu’il y a la même protection pour le livre, dit Hermione. Quand j’essayais de voir les indications qu’il donnait pour trouver la Pierre, j’avais l’impression que tout était brouillé et que je ne pouvais rien lire.
- C’était sombre, ajouta Ron. C’était peut-être pour ça que c’était illisible.
- Je pense qu’il y a une protection sur le livre, affirma Fitius. Mais il vaut mieux considérer que Voldemort sera capable de la briser et d’obtenir les indications.
Harry hocha la tête. D’une façon qu’il ne pouvait pas expliquer, Voldemort était également en possession d’une autre Clé, bien que personne, pas même les Fondateurs, n’ait mentionné de deuxième Clé. Mais c’était la seule explication plausible pour expliquer comment le Seigneur des Ténèbres avait réussi à ouvrir la porte pour entrer dans la Salle d’Argent, alors qu’il fallait nécessairement la Clé pour y parvenir. Harry su qu’il devait de toute façon considérer que Voldemort avait les mêmes informations qu’eux, voir plus, et qu’ils ne devaient pas se croire en supériorité.
- Et comment on accédera aux autres informations ? demanda Ginny. Tous les plans qui étaient affichés ?
- Ils reviendront probablement au cours de notre progression, supposa Fitius. Lorsque nous en aurons besoin.
- Alors ça dit quoi ? demanda Ron.
- On dirait une formule, répondit Harry. Avec le mouvement qu’il faut faire pour l’exécuter.
Celui-ci avait l’air assez simple. Il décida de ne pas perdre plus de temps et de lancer le sortilège.
- Revelentio, dit-il en effectuant le mouvement indiqué.
Immédiatement, sa baguette commença à vibrer dans sa main et prit une douce lueur dorée. Harry ouvrit la main et la baguette s’éleva légèrement, se mit à l’horizontale, puis commença à tourner comme une toupie. Au bout d’un moment, elle s’arrêta subitement et indiqua une direction précise qui s’éloignait du château et qui était très proche de celle qu’ils avaient prises initialement.
- Ca ressemble au sortilège de la boussole, remarqua Hermione.
- Sauf que ça n’indique pas le nord mais la Pierre, dit Harry.
Il reprit sa baguette en main et avança sans la moindre trace d’hésitation dans la direction indiquée.
- J’aurais préféré un plan, dit Ron qui emboîta le pas à Harry avec les autres. On ne sait pas quelle distance on a à parcourir.
Harry ne répondit rien. Ce n’était pas sa préoccupation principale. L’important, c’était qu’ils arrivent à destination.
Le fait d’avoir une direction fut rassurante pour le groupe et rendit leur peine moins pénible. A chaque pas qu’ils faisaient, ils se rapprochaient un peu plus de la Pierre Originelle et du moyen de vaincre Voldemort. Cela constituait une profonde satisfaction.
Après plus d’une heure de marche, ils arrivèrent au pied d’une petite colline dont le haut était non boisé, tel un crâne chauve au milieu de la forêt. Harry vérifiait fréquemment leur direction avec le sort des Fondateurs et il vit qu’ils devaient grimper la colline. La contourner demanderait trop de temps et les éloignerait trop de leur chemin. Il espérait juste qu’ils ne seraient pas trop visibles.
Vers le tiers de la grimpée, il y avait déjà beaucoup moins d’arbres et ils purent accélérer leur progression. Lorsqu’ils furent arrivés au sommet, ils se retournèrent et aperçurent au loin les ruines fumantes du château. Cette vision leur brisa le cœur. Un épais panache de fumée montait haut dans le ciel et semblait l’emplir complètement. Vu de loin, les dégâts étaient terribles. Ils purent saisir la violence de l’affrontement qui avait eu lieu et se demandèrent comment ils avaient pu sortir vivant de cet enfer. Des pans entiers de l’école, murs, étages, tours, s’étaient effondrés comme un château de cartes, l’éventrant comme une bête dépecée. Des colonnes de fumée noire s’élevaient en plusieurs endroits et l’ancienne partie ouest était encore en feu. La tour des Gryffondors n’était plus visible, elle gisait au milieu de la cour du château. La parc était ravagé et parsemé de nombreux cratères et de cadavres.
Comme si l’on disait adieu à un vieil ami disparu, les sorciers reprirent leur progression en regrettant d’avoir cette terrible vision comme dernière image de Poudlard. Mais Harry, juste avant de redescendre la colline tourna de nouveau la tête pour apercevoir l’ancien château qui fut sa maison pendant sept ans, et qui n’était plus que ruines.
Devant eux se poursuivait la forêt et plus loin se trouvaient de petites montagnes. La baguette de Harry indiquait cette direction et c’est celle qu’ils prirent. Il se demanda comment ils allaient faire pour les franchir, mais repoussa cette question à plus tard. Après quelques heures, la luminosité diminua fortement mais ils convinrent de ne pas utiliser de sortilèges pour s’éclairer, de peur que Voldemort et Rogue ne détectent les lueurs dans l’obscurité. Mais Harry vit un autre problème.
- Comment on se nourrira ? demanda-t-il. On n’a rien emporté à manger.
- Nous chasserons ce que nous trouverons, répondit Fitius. En espérant que les animaux vivant dans les endroits où nous allons soient comestibles.
- Et s’il n’y a rien à manger ? demanda Hermione.
- On avisera dans ce cas-là, se contenta de répondre sombrement Fitius, sa longue cape noire flottant derrière lui et se fondant dans la nuit.
Mais au bout d’un moment, la noirceur était telle qu’ils ne pouvaient plus avancer sans lumière. Et ils étaient si fatigués qu’ils décidèrent de s’arrêter pour aujourd’hui. Tous étaient extenués et ils devaient absolument reprendre des forces.
- Nous nous relèverons à tour de rôle, annonça Fitius, pour plus de sécurité. Vous devrez être sur vos gardes, il peut y avoir d’autres dangers que deux mages noirs dans les parages.
Ginny frissonna et jeta un coup d’œil inquiet autour d’elle, comme si elle s’attendait à voir une créature cauchemardesque surgir de l’obscurité et se jeter sur elle.
Les cinq sorciers s’assirent en cercle et se regardèrent dans un silence de mort. Seul le vent qui soulevait leurs capes et qui faisait se balancer la cime des arbres causait quelque bruit. A un moment, ils crurent entendre le hululement d’un hibou, mais ce fut trop bref pour en être certain. Ils avaient des mines affreuses et semblaient avoir tous vieilli de dix ans.
- Vous pensez que l’on a raison de faire ça ? demanda Hermione.
- Faire quoi ? répondit Ron.
- Chercher la Pierre.
- Bien sûr, répliqua Harry. C’est le seul moyen de vaincre Voldemort.
- Mais les Fondateurs disaient que ça n’apporterait rien de bon.
- Ca sera pire si Voldemort trouve la Pierre avant nous.
- Et si la Pierre le tue ? dit Hermione. D’après les Fondateurs, c’est un objet maléfique, qui n’a pas sa place dans ce monde. Peut-être que Voldemort va tomber dans ce piège, qu’il ne pourra pas la contrôler et qu’il sera détruit.
- On n’en sait rien, répondit Harry. Il ne faut pas prendre de risques.
Hermione n’ajouta rien d’autre.
- Et si nous gagnons ? s’interrogea Ginny. Qu’est-ce qui se passera ensuite ? Il n’y a plus rien ni personne.
- J’imagine qu’il faudra tout reconstruire, supposa Ron. Le Ministère, Poudlard… Mais le gros problème, c’est de gagner, pas ce qu’il se passera ensuite.
Harry hocha la tête d’un air sombre.
- Vous devez rester concentré sur la Pierre, les conseilla Fitius. Pas sur ce qu’il adviendra après. Chacun devra être à ce qu’il fait si l’on souhaite réussir. Car Voldemort et Rogue ne relâcheront jamais leurs gardes et ils vont progresser bien plus rapidement que nous.
Personne ne répondit rien à cette sombre perspective. Puis Ginny bailla fortement.
- Je prends le premier tour de garde, dit Fitius. Aller vous coucher.
Il fut convenu que Harry et Ginny prendraient les deux tours suivants, puis que Hermione et Ron prendraient les deux derniers. De cette façon, ils pourraient avoir des nuits assez longues tout en ayant une certaine protection. Les quatre Gryffondors se couchèrent sur le sol, emmitouflés dans leurs capes, les uns contre les autres pour se tenir plus chaud. Deux minutes plus tard, tous étaient endormis sous l’œil éveillé de Fitius, sa baguette à la main, qui observait les environs. La nuit était calme et les étoiles luisaient froidement dans le ciel. Le ciel nuageux semblait avoir disparu avec la bataille. Peut-être même que cela avait été un des maléfices de Voldemort pour décourager le château.
Fitius soupira puis regarda le groupe des quatre jeunes sorciers dont il se devait d’assurer la protection. Le destin avait voulu que ce soit lui, et pas un autre, qui soit chargé de cette quête, en compagnie de Harry. C’était le comble de l’ironie. Après ce qu’il avait fait. Il réfléchit à la possibilité de tout dire à Harry, de lui révéler ce qu’il savait. Mais il avait peur que le Gryffondor soit effrayé ou qu’il baisse les bras. Deux possibilités qu’il ne pouvait pas se permettre. Il choisit donc de garder le silence pour l’instant, mais il termina son tour de garde seul, dans ses pensées et dans les ténèbres, rongé par le remord et la pitié.
Cette première nuit hors de Poudlard, cette première nuit sans Poudlard, se passa bien. Aucun n’avait correctement dormi, mais ils avaient au moins pu se reposer convenablement malgré tous les évènements qui s’étaient succéder dans les dernières quarante-huit heures. Ils n’avaient pas accepté ce qui s’était passé, mais ils n’avaient plus le temps d’y penser. Plus tard, si la chance le leur permettait, ils feraient leur deuil.
Le groupe s’était remis en marche en début de matinée dans l’espoir de pouvoir avaler une quarantaine de kilomètres dans la journée. Ils ne savaient pas à quelle distance se trouvait la Pierre, ni où étaient Voldemort et Rogue, et ils avaient décidé d’utiliser au maximum la journée pour marcher, et de reprendre des forces la nuit. Ils n’avaient pas d’autre choix que de progresser laborieusement à pied. Ils n’avaient aucun balai et ne pouvaient pas transplaner en ne sachant même pas où ils devaient aller.
Malheureusement, la progression était toujours aussi ardue, et les buissons et autres taillis de ronces semblaient s’être donné le mot pour gêner les sorciers. Vers le milieu de la matinée, lorsqu’ils furent à peu près certains qu’ils n’étaient pas suivis et que leurs ennemis devaient se trouver plus loin, ils décidèrent d’utiliser des sortilèges pour accélérer la cadence. Désormais, ils se taillaient un chemin à coups de baguette magique, mais restaient aussi silencieux que possible.
Vers midi, alors que le soleil d’hiver était désespérément bas dans le ciel, l’estomac d’Hermione gargouilla furieusement. Cela faisait une journée complète qu’ils n’avaient rien avalé. Cela remontait à avant la bataille. L’adrénaline leur avait permis de tenir, mais à présent, ils sentaient la faim les tenailler et leurs forces les abandonner. Ils ne pouvaient pas faire apparaître de la nourriture à partir de rien. Et ils préféraient ne pas manger les herbes et champignons qu’ils apercevaient. Mais lorsqu’en milieu d’après midi, Hermione commença à se sentir vraiment mal, ils décidèrent de faire une pause.
Ils s’assirent à proximité d’un grand chêne, emmitouflés dans leurs capes, et Hermione, le visage livide, se blottit contre Ron. Ce dernier eu l’air vraiment inquiet et il regarda les autres en quête d’une aide quelconque. Elle avait le teint pâle, et le contraste avec le sang qui s’étalait toujours sur son visage était encore plus flagrant. Voyant qu’il fallait vraiment faire quelque chose, mais ne sachant pas quoi, les trois autres Gryffondors regardèrent désespérément Fitius. Celui-ci alla cueillir des champignons et d’autres herbes que Harry croyait avoir vu, dans une autre vie, lors des cours de Botanique à Poudlard. Ils n’avaient à présent plus le choix que de manger ce type de nourriture s’ils voulaient continuer à avancer. Lorsque Fitus revint, il fit apparaître un chaudron de taille moyenne, tout comme Dumbledore l’avait fait un an auparavant dans la cave avec un verre. Il jeta à l’intérieur les herbes et prononça des formules à voix basse.
- C’est pour faire quoi ? demanda Ron.
- Cela lui redonnera des forces, répondit Fitius. Et nous devrions tous en prendre. Ca ne remplace pas un dîner, mais ça permet au moins de tenir.
Et lorsqu’une demi-heure après, la potion fut prête, Fitius en versa une part importante dans un verre qu’il avait également fait apparaître. Il donna le breuvage à Hermione qui l’avala d’un trait. Harry ne su dire si c’était son imagination qui lui jouait des tours, mais il eu l’impression que Hermione reprenait peu à peu des couleurs.
Le chaudron ne tarda pas à être vidé, et tous eurent la sensation d’avoir repris des forces. Ils avaient toujours faim, mais ils se sentaient prêt à remarcher pendant quelques heures.
- Où est-ce que vous avez appris ça ? demanda Harry.
- Au cours de mes voyages, répondit Fitius en mettant à présent les champignons dans le chaudron. Je pourrai te l’apprendre. C’est souvent utile lorsqu’on est perdu, sans rien à manger.
- Il faudrait emmener un stock de ces herbes avec nous, suggéra Harry.
- C’est déjà fait.
Harry hocha la tête. Il prit pleinement conscience à cet instant que la réussite de leur quête reposait fortement sur Fitius. Sans lui, il ne savait pas comment ils pourraient franchir les obstacles qui se dresseraient sur leur route. Mais lors de son présage, Fitius n’était pas présent sous la montagne noire. Allait-il les quitter, d’une manière ou d’une autre, avant ? Harry ne pu s’y résoudre. Il se souvint des paroles de Trelawney, qui lui avait dit que ses actions avaient déjà été prises. Est-ce que sa prémonition était vraiment inévitable ?
- Mais à la première occasion, il faudra avaler autre chose que cette potion, poursuivit le professeur qui fit sortir Harry de ses pensées.
- On ne pourrait pas aller prendre de la nourriture dans un village moldu ? demanda Ron.
- Ca prendrait trop de temps à en trouver un, répondit Fitius en secouant la tête. Il faut poursuivre notre route sans s’en détourner. Surtout pour aller dans un village moldu où on pourrait nous reconnaître.
- Mais il faudra bien manger.
- Nous tuerons le premier animal venu.
Un délicat fumet commença à s’élever du chaudron.
- Je ne savais pas que vous saviez aussi préparer les champignons, fit remarquer Harry.
- C’est ta grand-mère qui me l’a appris, dit-il perdu dans ses pensées. Ainsi qu’à ta mère.
Harry ne répondit rien. Il brûlait d’envie de questionner Fitius sur ses parents, sur sa famille, mais il savait que la situation n’était pas bien choisie pour se plonger dans de lointains souvenirs.
Une fois prêt, le chaudron de champignons fut vidé aussi rapidement que lorsqu’il contenait la potion. Après ce repas frugal et s’être assuré que Hermione se sentait mieux, le groupe se remit en marche, toujours guidé par le sortilège des Fondateurs. Avoir repris des forces leur avait fait du bien. Ils marchaient avec une nouvelle vigueur. Ils se sentaient prêts à ne pas s’arrêter tant qu’ils n’avaient pas aperçus la Pierre.
- Qu’est-ce qui se passera si on croise la route de Voldemort ? demanda Hermione qui allait nettement mieux.
- J’espère que cela ne se produira pas, répondit Fitius. Ses Horcruxes étant encore intacts, il est potentiellement invincible.
- Et vous croyez que la Pierre pourra le vaincre malgré ses Horcruxes ?
- Oui. J’ai de bonnes raisons de le penser.
- Mais si on tombe sur lui, répéta Hermione. On fera quoi ?
- On fuira, répondit simplement Fitius. Il n’y a aucune utilité à combattre un être immortel. Tant que l’on n’aura pas trouvé la Pierre, il faudra espérer que nos chemins ne se croiseront pas.
Les sorciers virent un ruisseau couler non loin d’eux. Ils décidèrent d’aller se rassasier.
- Vous savez si la Pierre est loin ? demanda Harry.
- Je sais seulement qu’elle n’est pas toute près, nuança Fitius. Même si cela remonte à de nombreuses années, je me souviens que les Fondateurs parlaient d’une région qu’ils appelaient les Terres Brumeuses.
- Les Terres Brumeuses ?
- Je sais, ça n’a rien de très accueillant. Il s’agirait d’une région très étrange, très magique.
- Comment ça, très magique ? s’étonna Ron.
- La magie y est très présente, expliqua Fitius. Mais les Fondateurs eux-mêmes ne comprenaient pas exactement la nature de ces lieux. Ils ne savaient même pas s’il y existait une quelconque forme de vie.
- Et c’est là qu’on doit aller ?
- Nous devons nous y rendre, affirma Fitius. Mais ce n’est peut-être qu’une étape.
Harry hocha la tête. Pour la première fois, sans que personne ne demande rien, Fitius avait donné des informations. Elles n’étaient pas vitales, certes, mais il avait partagé ce qu’il savait.
Les cinq sorciers arrivèrent près du ruisseau et ils s’y désaltérèrent longuement. L’eau était pure et fraîche et était un bonheur pour leurs gorges asséchées. Fitius fit apparaître une gourde – Harry se demanda d’ailleurs comment il faisait pour faire apparaître autant d’objets – et la remplit d’eau. Puis ils reprirent leur progression.
Ils continuèrent de marcher bien longtemps après que le soleil se fut couché, ce qu’il faisait particulièrement tôt. Mais finalement, ils s’arrêtèrent et s’endormirent quelques minutes plus tard, toujours sous la vigilance de Fitius.
Les rêves de Harry n’étaient au départ qu’une succession d’images désagréables. Il revivait sans cesse la bataille de Poudlard, revoyait ses amis tomber, et ressentait une présence maléfique derrière lui. Il avait beau savoir qu’elle était là, juste dans son dos, et que la détruire pourrait arrêter le massacre qu’il revivait, il n’osait pas se retourner. Et le rêve continuait inlassablement, toujours plus atroce, sans cesse plus réel. Et au final, il ne restait plus que Fitius, Ginny, Ron et Hermione dans le château désert. C’est à ce moment qu’il se retourna finalement, n’en pouvant plus, et qu’il vit Dumbledore, derrière lui, l’air attristé. Puis son ancien mentor se changea en Fitius, en Rogue, en Voldemort et en une Pierre dorée, haute d’une dizaine de centimètres, et ressemblant à celle qu’il avait vu dans la Salle d’Argent. Il su que c’était la vraie Pierre Originelle. Celle qu’ils recherchaient et qui les attendaient à l’autre bout du monde. Il s’approcha d’elle, subjugué par sa simple vision et l’empoigna. Il entendit alors les cris de douleur de ses amis et il se retourna, paniqué.
Mais il se retrouva dans le noir complet. Il était pieds nus sur le sol, et il sentait clairement que c’était du bois. Et à sa gauche, il entendit une respiration, très étrange. Il se retrouvait dans le même endroit qu’il avait déjà rêvé deux fois auparavant. La première fois, il ne s’était rien passé. La deuxième fois, une étrange voix, qui avait rappelé à Harry un bruit de verre qui casse, lui avait dit de se rendre à Godric’s Hollow. Il avait alors compris que ce n’était pas un simple rêve. A nouveau, il avait l’impression que c’était réel.
- Il y a quelqu’un ? demanda Harry.
Etrangement, il n’avait pas peur, et il sentait que l’être qui respirait à ses côtés n’était pas un ennemi.
- Qui êtes vous ? questionna-t-il.
Légèrement, une douce lumière s’éleva et sembla provenir des murs mêmes. Harry s’aperçut qu’ils étaient bleus et qu’ils semblaient taillés à la perfection dans la roche. La surface semblait infiniment lisse. La salle ne devait faire plus de quatre mètres sur quatre, et elle ne contenait rien. Harry regarda sur sa gauche et il aperçut l’être le plus étrange qu’il lui ait été donné d’observer. Il était petit. Pas plus haut qu’un nain. Il était aussi bleu que la salle elle-même et observait Harry d’un regard malicieux à travers ses yeux également bleus. Ses minuscules oreilles étaient en partie recouvertes par des cheveux noirs dispersés ça et là sur son crâne. Il portait une cape violette. Et c’était bien qui lui qui respirait étrangement et qui avait parlé à Harry lors de son précédent rêve.
- Qui êtes-vous ? répéta Harry. Je suis dans un rêve ?
L’être de la Salle Bleue continua de le regarder de manière espiègle, presque amusée.
- Est-ce que vous me comprenez ?
L’être à la cape ferma les yeux et la salle fut de nouveau plongée dans l’obscurité.
Dans le même temps, Harry se réveilla en sursaut et en sueur malgré la froideur de la nuit. Il posa la tête par terre, les yeux vers les étoiles, et reprit son souffle. Il ne supportait plus ses rêves qui le hantaient depuis des mois. Il frissonna, sans réellement savoir pourquoi, puis se mit accroupi. Il jeta un regard sur ses amis qui dormaient également. Il s’aperçut alors que Fitius le fixait.
- Tu as fais un cauchemar ? demanda-t-il.
Harry hocha la tête.
- J’ai rêvé de Poudlard.
- C’est normal, répondit Fitius. Cela passera avec le temps.
- Il n’y avait pas que Poudlard, poursuivit Harry. J’ai aussi rêvé d’une salle bleue. Et il y avait une créature bleue qui me regardait.
- Une salle bleue, répéta Fitius pensif. Cette créature te voulait du mal ?
- Non. Elle m’avait déjà aidé pendant un autre rêve.
Fitius hocha la tête, l’air troublé.
- Vous savez ce que cela signifie ? demanda le jeune Gryffondor.
- Pas vraiment. Mais je suis sûr que ce ne sont pas de simples rêves. J’imagine qu’ils sont particulièrement importants, et qu’ils te sont destinés parce que tu es la Clé.
- Vous saviez qu’ils allaient apparaître ?
- Non, affirma Fitius. Mais il faut les prendre au sérieux. Des indices peuvent y être glissés. Tu devras m’en parler chaque fois que tu auras ce genre de rêve.
- D’accord, répondit Harry.
- Cette créature ne t’a rien dit ?
- Non.
Il resta silencieux un moment.
- C’est à mon tour, dit-il finalement en se levant.
Il alla prendre la place de Sirius qui alla se coucher. Ce fut alors lui qui resta dans le noir, ses pensées tourbillonnant dans sa tête.
Les trois jours suivants ressemblèrent désespérément aux précédents. Ils n’avaient encore rien avalé de correct, mis à part des champignons et la potion de Fitius, et ils ne savaient toujours pas s’ils avaient fait la moitié du chemin ou s’ils en étaient à peine au commencement. Aucun d’eux ne baissa les bras, et ils ne le feraient pas avant bien longtemps. Ils vivaient tout cela de manière étrange. A leurs yeux, ils étaient les seuls rescapés de la communauté magique, perdus au milieu d’un monde en dérive, se dirigeant vers quelque région mystérieuse à la recherche d’un objet mythique. C’est comme si leurs anciennes vies n’étaient plus que de simples rêves.
A la tombée du quatrième jour, ils eurent toutefois la joie de tomber sur une biche qui passait par là. Ils furent assurés de deux choses : ils ne manqueraient pas de nourriture pour les jours à venir et ils étaient toujours dans le monde qu’ils connaissaient. Au début, ils avaient pris peur car ils avaient entendus un vague bruit dans les fourrées. Et lorsqu’ils s’aperçurent qu’il ne s’agissait que d’une biche, ils entreprirent de la tuer.
N’ayant encore jamais chassé un animal, ils préférèrent mettre toutes les chances de leurs côtés. Ils l’encerclèrent sans un bruit pour prévenir toute tentative de fuite, et lorsqu’ils furent prêts, Fitius lança un sortilège qui frappa la pauvre bête de plein fouet. Elle s’effondra inanimée sur le sol. Et cinq minutes plus tard, elle rôtissait au-dessus d’un feu qu’ils avaient fait apparaître. Pour la première fois depuis une éternité, ils purent manger à leur faim.
Déguster de la viande grillée leur remonta le moral, et ils décidèrent de garder le feu pour cette nuit car elle promettait d’être glaciale. Il leur restait de la viande en grande quantité, et ils la conservèrent dans des sacs pour les jours à venir.
- Nous en aurons pour une semaine, leur annonça Fitius, si l’on fait attention.
- Qu’est-ce que l’on a d’autre ? demanda Hermione.
- J’ai toujours la potion de Figeur de Temps, répondit Harry. Celle que tu avais demandée à Mac Gonagall.
- Tu as du Figeur de Temps ? questionna Fitius intéressé.
Harry approuva.
- Ca pourrait nous être utile, ajouta-t-il. Si l’on s’en sert convenablement, ça peut être un atout important contre Voldemort et Rogue.
Mais comme l’affrontement n’était pas pour ce soir, ils se couchèrent. Avant de s’endormir, Harry pensa à Hagrid sans vraiment savoir pourquoi. Il ne savait pas ce qui lui était arrivé. Il avait quitté Poudlard avant sa chute, mais était-il sain et sauf ? Et Mac Gonagall ? Et Flitwick ? Et Slughorn ? Autant de monde auquel il ignorait ce qui avait pu leur arriver. Et il craignait ne jamais avoir l’occasion de l’apprendre. C’est sur ces sombres pensées que le jeune Gryffondor s’endormit.
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Re: Harry Potter et la Pierre Originelle [Chap 47 + Epilogue]
Chapitre 39 Le Passage
Spoiler (cliquez pour révéler) : Au fur et à mesure de leur progression, il leur semblait qu’ils avançaient plus rapidement. Ils parcouraient souvent une trentaine de kilomètres par jour, voir plus lorsqu’ils se sentaient en meilleure forme. C’était souvent après un repas plus copieux que les autres ou lorsque le temps était clément. La pluie les freinait fortement, mais ils avaient été relativement épargnés jusque là.
Peut-être cela n’était-il qu’une simple impression, ou bien s’étaient-ils seulement habitués à marcher dans cette forêt triste et sans fin ? Pourtant, après plus d’une semaine de marche, le groupe de sorciers commençait à en voir le bout, et les arbres se faisaient de moins en moins nombreux. Des clairières, d’abord petites puis de tailles de plus en plus grandes, parsemaient régulièrement la mer d’arbres. Les épais buissons de ronces qui freinaient tant leur progression se firent plus rares, et furent remplacés par des petits taillis. Le sol était plus pierreux, et entre les cimes des arbres, on pouvait apercevoir les sommets des montagnes se rapprocher doucement.
Harry savait qu’ils étaient en train de quitter la Forêt Interdite, et le sortilège des Fondateurs, qui étaient fréquemment utilisé, les menait droit sur la montagne. La question de savoir comment les franchir était de plus en plus présente dans l’esprit du Gryffondor, et il se demanda si Fitius connaissait un sort qui pourra accélérer leur ascension.
La réserve de viande qu’ils avaient constituée fut vidée au bout d’une semaine, mais il leur restait les herbes ramassées par Fitius et ils croisèrent plusieurs animaux sauvages. L’un d’eux alla d’ailleurs reconstituer leur stock, et ce soir là, le repas fut plus joyeux qu’à l’accoutumée. Fitius espérait qu’ils allaient encore croiser des animaux sauvages pendant quelques jours, c’est-à-dire avant de s’attaquer à la montagne. En provision, ils décida de doubler leurs réserves habituelles.
Sans cesse, ils se demandaient où se trouvaient Voldemort et Rogue. Etaient-ils déjà dans les montagnes ? Ou bien le livre des Fondateurs les avait orientés dans une autre direction ? Ils n’en savaient rien et en parlaient peu, mais ils espéraient tous avoir une longueur d’avance sur leurs ennemis.
- Vous savez quand on pourrait atteindre ces Terres Brumeuses ? demanda Ron plus pour rompre le silence que pour avoir une réponse.
- Non, répondit Fitius. Mais nous le saurons le moment venu.
Ron ne répondit rien.
Deux jours plus tard, ils étaient arrivés aux pieds de la montagne. La végétation était bien moins dense qu’avant, mais ils n’auraient toutefois aucun problème à se cacher parmi les arbres au cas où Voldemort et Rogue seraient derrière eux. Le sortilège des Fondateurs était formel. Il pointait droit sur le plus haut sommet. Celui-ci était perdu dans les nuages, comme une couronne sur la tête d’un roi endormi, bien que le ciel ne soit pas particulièrement bas. Quelques jours auparavant, lorsque le ciel était d’un bleu éclatant, la cime étincelait au soleil comme s’il était constitué de cristal. Mais même maintenant, noyé dans un brouillard épais, le sommet était superbe. Et élevé.
- Il faut aller jusqu’en haut ? demanda Ginny.
- J’espère que non, dit Hermione. Peut-être qu’on va pouvoir contourner la montagne.
- Ca ne sert à rien d’attendre ici, dit Fitius. Allons-y.
Le petit groupe de sorciers se remit en marche et entama l’ascension de la montagne. Heureusement, il ne faisait pas chaud, mais l’exercice était particulièrement épuisant. Tous avaient convenu de ne pas transplaner. Ils ne devaient pas prendre le risque de passer à côté d’éléments importants qui se trouveraient le long du chemin. Ron avait un peu râlé au début, puis il s’était rangé à l’avis des autres.
- Et le sortilège des Fondateurs pourrait changer subitement de direction, fit remarquer Hermione. Autant aller à pied.
Tout en grimpant, Harry jeta un bref coup d’oeil derrière lui. La forêt s’étendait à perte de vue, terriblement uniforme. Il n’apercevait aucun panache de fumée. Apparemment, les décombres de Poudlard avaient cessé de brûler. Il soupira puis poursuivit la marche.
Après trois heures de marche, ils s’arrêtèrent, trop épuisés pour aller plus loin. Ils s’assirent à l’ombre d’un gros rocher et se rafraîchirent. On entendait non loin un torrent qui bondissait joyeusement dans la montagne pour rejoindre la forêt. Fitius en profita pour aller refaire le plein des gourdes. Il était le seul à ne pas sembler trop fatigué.
Harry, les pieds en feu, se reposa contre le rocher. Il ferma les yeux et tenta de se reposer. Sa tête bourdonnait affreusement, comme s’il souffrait d’une migraine. Il espéra qu’il n’avait rien, car ce n’était pas du tout le moment pour tomber malade. Ils n’en étaient qu’au pied de la montagne. Il ouvrit les yeux et regarda ses amis, qui reprenaient eux aussi leurs forces. Puis, soudainement, il vit la Montagne Noire. Aussi nettement que dans ses rêves. Cela dura un bref instant, juste un flash, mais elle se dressait devant lui, imposante, et bien plus terrifiante que celle sur laquelle il se trouvait actuellement. Sa cime était invisible, et à sa base, un trou béant permettait d’accéder à ses racines. Harry secoua la tête. La Montagne s’évanouit, remplacé par ses amis qui se reposaient devant lui. Puis il eut un deuxième flash. Il vit Ginny, morte, exactement comme dans sa vision. Elle était étendue sur le dos, immobile, ses yeux éteints. Harry se força à fermer les yeux pour évacuer cette image.
- Ca va ? demanda Hermione qui avait remarqué l’étrange comportement de Harry.
Il avait les mains posés sur ses yeux plissés, et le mal de tête était pire que jamais. Il préféra ne pas inquiéter les autres, et en particulier Ginny, de ses visions.
- Ca va, répondit-il en hochant la tête.
Ils avaient repris leur marche dès le retour de Fitius, et ils ne s’étaient arrêtés que lorsque le soleil se fut couché derrière les montagnes, les entourant d’un halo rouge. La nuit était bien plus froide maintenant qu’ils avaient quitté la forêt, et ils allumèrent un feu, en espérant qu’ils ne seraient pas repérés. En se serrant les uns contre les autres, ils tentèrent de parler un peu mais le coeur n’y était pas. Finalement, ils se couchèrent, laissant Fitius veiller sur eux.
Il semblait à Harry, lorsqu’il se réveilla le lendemain matin, qu’il leur faudrait des semaines à atteindre le sommet. Celui-ci paraissait toujours inaccessible. Il espérait vraiment que le sortilège des Fondateurs marchait correctement.
- Je pense qu’on peut leur faire confiance, dit Hermione.
- Et il indique toujours cette cime, ajouta Ron. Il faut continuer.
Alors ils continuèrent, jour après jour, à progresser. Une semaine après qu’ils se soient arrêtés près du rocher, le sommet semblait encore terriblement éloigné. Mais tous étaient mus par une volonté inflexible et rien au monde n’aurait pu les faire rebrousser chemin. Tous avaient différentes raisons. Ron était animé d’un profond sentiment de vengeance, ce qui était parfois effrayant par moment, car il ne ressemblait plus du tout au Ron d’autrefois. Heureusement, il n’était pas toujours ainsi, et parfois, l’ancien Ron refaisait son apparition, mais ce n’était qu’un pâle reflet de celui qui existait. Harry et Hermione considéraient que, étant les seuls à pouvoir vaincre Voldemort, c’était un devoir d’essayer. Mais la colère et la vengeance les habitaient aussi fréquemment. Ginny ne voulait pas quitter Harry, mais elle était probablement celle qui aurait préféré tout arrêter maintenant, et tenter d’avoir un semblant de vie en attendant que Voldemort les retrouve. Seules les réelles intentions de Fitius restaient un mystère. A moins qu’il ne soit seulement là pour protéger Harry, comme il l’avait dit.
Et alors que l’ascension était de plus en plus difficile, la direction du sortilège des Fondateurs changea brutalement. Elle les emmenait le long d’un étroit sentier envahi par le brouillard, et qui semblait s’avancer vers le centre de la montagne. Le sentier était difficilement visible, et ils ne l’auraient pas aperçu sans l’aide du sortilège.
- Enfin, souffla Ron, cette grimpette s’arrête.
- Pour l’instant, dit Harry. On ne sait pas où ça va nous mener.
- Allons-y, se contenta de dire Fitius en prenant la tête du groupe et, fait exceptionnel depuis deux semaines, en sortant sa baguette.
- Vous pensez qu’il y a un danger ? demanda Harry.
- Il y a toujours du danger, répondit Fitius.
Il s’engouffra le long du chemin, sa longue cape noire tourbillonnant derrière lui. Les Gryffondors le suivirent rapidement, et eux aussi sortirent leurs baguettes. L’atmosphère était lourde, comme si le son lui-même avait du mal à progresser. Ils se trouvaient dans une montagne, mais ils entendaient à peine leurs propres pas. Il semblait bien qu’ils avaient atteint quelque chose d’inhabituel.
La progression était heureusement bien plus simple qu’avant. Le sol montait légèrement, et il y avait moins de rochers que dans la montée qu’ils avaient réalisée jusqu’alors. Des bandes de nuage filaient au-dessus de leurs têtes, mais il n’y avait pas un souffle de vent où ils se trouvaient. Ils marchèrent ainsi, dans cette attente mêlée d’angoisse, pendant une petite heure. Puis ils arrivèrent à un tunnel. Harry avait développé une profonde aversion pour les tunnels. Entre celui qui s’étendait sous le manoir des Malefoy et celui qui permettait d’accéder à la Salle de Serpentard dans Durmstrang, il avait failli y laisser la vie à chaque fois.
- Encore un tunnel, gémit Hermione.
Elle avait eu la même réaction que Harry. Celui qui s’étendait devant eux n’était pas bien grand. L’entrée était juste suffisante pour Fitius. Il plongeait au coeur de la montagne, et son intérieur était noyé dans une obscurité complète. Mais il n’effrayait pas Harry. Tout du moins pas comme celui qu’il avait parcouru sous le manoir des Malefoy. Ici, l’obscurité semblait naturelle et non pas résultante d’un sortilège de magie noire. Il ne ressentait aucune malice à l’oeuvre en ces lieux.
- Vous croyez qu’il y a quoi là dedans ? demanda Ginny.
- Attendez-vous à tout, répondit Fitius.
Ron leva les yeux en direction du sommet de la montagne.
- Harry, dit-il, ce n’est pas la montagne noire de ton rêve ?
- Non, répliqua immédiatement ce dernier. Elle était complètement différente.
Ron hocha la tête, mais sa main se serra plus fermement sur sa baguette. Puis, sans un mot, les cinq sorciers s’engouffrèrent dans le tunnel.
Ron et Hermione lancèrent un Lumos pour y voir un peu plus, tandis que les autres étaient prêts à parer toute menace qui se dresseraient devant eux. Le tunnel était très monotone. Il s’avançait tout droit, en montant légèrement. L’atmosphère était radicalement différente que dans le petit sentier qu’ils avaient suivi. Leurs pas résonnaient lourdement dans le tunnel pendant plusieurs secondes. Ils avaient en permanence l’impression que quelqu’un marchait derrière eux. Plusieurs fois, ils s’arrêtèrent pour vérifier, mais ils n’entendaient alors plus rien.
Il faisait agréablement chaud, ce qui était étrange dans les profondeurs d’une montagne. Mais personne ne fit la moindre remarque. Au bout d’une dizaine de minutes, on ne voyait derrière eux qu’un petit rond lumineux qui leur rappelait d’où ils étaient venus. Et lorsque le tunnel tourna vers la droite, toute lumière naturelle disparu.
- Il fait des kilomètres ce tunnel, grogna Ron.
- S’il traverse la montagne, c’est normal, dit Hermione.
- Au moins, ajouta-t-il, c’est plus facile que de grimper dans ces rochers.
- On risque de manquer d’eau si l’on reste trop longtemps dedans, leur dit Fitius. Il faut faire attention et ne prendre que le nécessaire.
- Vous croyez qu’on va sortir dans longtemps ?
- Peut-être demain, peut-être dans une semaine. Autant ne pas prendre de risques.
Ils firent donc très attention avec leurs provisions. Il leur restait encore de la viande et de la mixture de Fitius, mais pas en trop grande quantité. Harry espéra qu’ils allaient sortir rapidement de ce trou.
Ils marchèrent toute la journée dans cette obscurité, leurs ombres tremblotantes dansant sur les parois du tunnel. L’air était sec, et ils devaient se retenir pour ne pas se jeter sur leurs gourdes. Harry, Fitius et Ginny avaient toujours leur baguette à la main au cas où, mais elles pendaient négligemment le long du corps. A présent, ils s’étaient habitués aux échos de leurs pas qui résonnaient longuement dans le tunnel, et ils ne s’arrêtaient pour vérifier qu’ils n’étaient pas suivis que chaque heure.
La progression était toujours était aussi facile et ils allaient bon train. Harry se demanda s’ils n’allaient pas sortir de l’autre côté de la montagne car ils allaient quasiment tout droit. Le tunnel ne s’infléchissait que très rarement et reprenait tout de suite sa direction initiale. Rapidement, dans cette obscurité, les sorciers perdirent toute notion du temps. Marcher dans le noir pesait sur les nerfs de chacun, même s’ils n’avaient pas peur. Ils ne ressentaient aucune présence, aucune malice les guettant et s’apprêtant à frapper. Ce tunnel était aussi normal qu’il pouvait l’être. Mais c’était tout de même une épreuve éprouvante.
Lorsqu’ils furent épuisés et qu’ils avaient atteint leurs dernières forces, ils s’arrêtèrent et passèrent leur première nuit dans le tunnel. C’était tout sauf confortable. Il n’était pas très étroit et ils durent dormir les uns derrière les autres pour pouvoir s’étendre. Ceux qui étaient aux extrémités montèrent la garde en silence, comme deux statues de pierre.
Harry mit du temps à s’endormir. Ce n’était pas seulement du aux rochers qui parsemaient le sol et qui rentraient dans ses omoplates, ni à la soif qui le tenaillait. Il avait de nouveau mal à la tête, comme lorsqu’il s’était arrêté il y a un peu plus d’une semaine près du rocher. Il espérait ne pas avoir de nouvelle vision lui montrant le cadavre de Ginny et lutta intérieurement pour repousser ce mal de crâne. Il ne sut pas s’il y réussit, mais il parvint malgré tout à s’endormir.
Mais, et il allait le déduire le lendemain, son mal de tête ne lui annonçait pas seulement la venue d’une vision mais également d’un rêve. Un rêve bizarre, se situant encore dans cette étrange salle aux rochers bleus, dans laquelle vivait ce nain tout aussi bleu, qui parlait avec sa voix de verre brisé. Harry sut immédiatement où il était au moment où il ressentit la douceur du bois sur ses pieds et entendit la respiration de l’être. Celui-ci se tenait à sa gauche, dans sa cape violette, et fixait Harry de ses étranges yeux bleus pétillants de malice.
- Pourquoi est-ce que vous apparaissez dans mes rêves ? demanda Harry qui voulait avoir une réponse. Qui êtes vous ?
Le nain sourit.
- Vous arrivez, dit-il.
Harry fit une grimace lorsqu’il entendit la voix. C’était vraiment un bruit de verre brisé, mais on entendait également quelque chose qui ressemblait à des ongles crissant sur un tableau noir. C’était très désagréable à entendre.
- Nous arrivons où ? A la Pierre ? Vous savez où elle est ? demanda Harry d’une traite.
- Le premier pourra vous aider...mais prenez garde à son jumeau rieur...
- Comment ? s’étonna Harry qui ne comprit ce que le nain voulait dire. Le premier pourra...
Mais la salle fut de nouveau plongée dans le noir et Harry sentit alors des cailloux contre son dos. Il ouvrit les yeux et ne vit rien. Il sut qu’il était de retour dans le tunnel. Il entendit la respiration calme de Ginny et d’Hermione, non loin de lui. Fitius serait sans doute intéressé par les paroles du nain. Peut-être pourrait-il les comprendre. Harry préféra attendre le lendemain pour ne pas réveiller et inquiéter tout le monde.
Et le lendemain, non pas aux premières lueurs de l’aube, car cela n’avait pas grand sens en ce lieu, mais lorsque Fitius décida qu’ils s’étaient assez reposés, Harry expliqua à Ron, Ginny et Hermione l’existence de ces rêves dans la salle bleue. Ils furent tous surpris que Harry ne les aient pas mis au courant plus tôt, et que seul Fitius en ait connaissance, mais ils ne lui en tinrent pas rigueur. Harry décrivit alors son dernier rêve et espéra que Fitius lui fournisse une quelconque explication. Son visage était ferme et songeur, les lueurs des baguettes l’éclairant d’une manière assez effrayante. Au final, il secoua la tête.
- Je ne vois pas de quoi cet être pouvait bien parler, dit-il.
- Vous pensez que c’est lié à la Pierre ?
- Forcément, répondit Fitius. Ce nain, cette salle et ses paroles ont tout à voir avec la Pierre. Mais je ne vois pas le lien. Je ne crois pas que Dumbledore lui-même étaient au courant de leur existence.
Ron restait muet. Il observait Fitius en silence.
- Alors on fait quoi ? demanda Hermione.
- On continue, déclara Fitius, et j’espère que les prochains rêves de Harry nous en apprendront plus. Les indications données par le nain peuvent être des pièges, mais il faudra les comprendre d’une manière ou d’une autre.
- Il garde peut-être la Pierre ? supposa Hermione.
- Peut-être.
Le silence retomba, puis, sans parler, tous se relevèrent et reprirent leur marche.
Ce fut quelques heures plus tard que Harry ressentit que quelque chose avait changé. Il n’aurait pas su dire quoi, mais l’atmosphère était étrange, inhabituelle. Il vit à l’expression de Fitius qu’il avait également senti le même changement. Mais les autres semblaient continuer comme si de rien n’était. Harry préféra donc ne pas alarmer ses amis et il ne dit rien.
Mais au fur et à mesure de leur progression, il n’y eut plus le moindre doute dans l’esprit de Harry. Quelque chose se passait dans ce tunnel, ou tout du moins, ils allaient vers quelque chose. Il n’aurait pas pu décrire la sensation qu’il ressentait, mais cette dernière se répandait dans tout son corps et monopolisait son attention. C’était à la fois fondamentalement proche et différent de ce qu’il avait ressenti dans les souterrains de Durmstrang ou dans la Salle d’Argent. La sensation qu’une magie puissante régnait dans ce tunnel, mais sans l’épouvante qui l’accompagnait.
Harry se rendit compte que Ron l’avait également remarqué car il modifia son allure et regarda autour de lui, l’air inquiet.
- Vous ne ressentez rien ? demanda Harry.
- Non, répondirent simplement Ginny et Hermione.
Mais Fitius et Ron hochèrent la tête.
- C’est comme si..., commença Ron, comme si l’air était saturé de magie.
- C’est exactement cela, approuva Fitius.
Il s’arrêta et regarda les jeunes sorciers.
- Il semble que nous approchions des Terres Brumeuses.
- Cette région dont vous nous avez parlé ? demanda Hermione. Qui serait très magique ?
Fitius approuva.
- Maintenant, je vois ce que vous vouliez dire, expliqua Ron. On ressent vraiment la magie dans l’air.
- C’est oppressant, ajouta Harry. Comme si on allait étouffer.
- Vous allez rapidement vous y faire, les rassura Fitius. N’ayez pas d’inquiétudes.
- Et pourquoi moi et Hermione on ne ressent rien ? demanda Ginny.
A ce moment, un écho se fit entendre loin derrière eux, et tous se retournèrent en levant leurs baguettes. La faible lueur créée n’allait pas bien loin. Mais le bruit pouvait avoir été causé aussi bien par un pas que par un rocher qui se détache. Fitius attendit un moment puis regarda Ginny.
- Cela dépend sans doute d’une affinité avec la magie, expliqua-t-il. Mais d’autres facteurs peuvent intervenir.
- Vous l’avez ressenti quand ? demanda Harry.
- Au moment où nous sommes entrés dans le tunnel.
Les sorciers se turent puis regardèrent devant eux.
- La sortie se trouve par là, dit Fitius en pointant la direction avec sa baguette. Poursuivons.
Mois d’une demi-heure plus tard, Ginny et Hermione perçurent une subtile différence et ressentirent à leur tour l’influence des Terres Brumeuses. A présent, tous étaient sous l’emprise d’une excitation qu’ils n’avaient pas ressentie depuis des semaines, lors de leur longue marche dans la forêt et dans la montagne. Ils savaient qu’ils approchaient d’une étape cruciale et qu’ils étaient plus près que jamais de la Pierre. Ils souhaitaient seulement que Voldemort et Rogue soient derrière eux.
Leur cadence avait augmenté et même Fitius avait commencé à courir. Il semblait mu par une force invisible. Peut-être la magie des Terres Brumeuses amplifiait-elle les pouvoirs et qu’il y était plus sensible que les jeunes Gryffondors. Et lorsqu’une heure de plus se fut écoulée et que le soleil se couchait et illuminait la Forêt Interdite de ses derniers rayons, le groupe de sorciers atteignit le paroxysme du phénomène.
Pour Harry, la magie était si dense dans ce tunnel qu’on aurait pu la trancher au couteau. Jamais il n’avait ressenti une telle émotion. C’était grisant et effrayant. Il réalisait que toute la magie qui habitait autrefois Poudlard n’était qu’un pâle reflet de celle qui existait dans le tunnel. Une faible imitation, rien de plus. Et Harry eut une idée folle. Et si le coeur de la magie se trouvait ici ? Si c’était de cet endroit obscur et perdu qu’elle irradiait dans le monde réel ? Face à des pensées aussi folles –et l’idée qu’il ne se trouvait plus dans le monde réel ne fut pas la moindre-, Harry les rejeta en bloc.
Pris de doute, ils hésitèrent un faible instant et se regardèrent, comme s’ils se demandaient s’il fallait poursuivre. Et puis par un accord silencieux, ils avancèrent lentement, pas après pas, comme s’ils s’attendaient à tout. Cela dura dix bonnes minutes. Sans doute les plus étranges que Harry avait vécu jusque là, ce qui n’est pas peu dire. Et puis la sensation diminua progressivement, mais ils surent tous qu’ils étaient passés de l’autre côté. De l’autre côté de quoi, ils n’auraient pas su le dire. Mais ils avaient franchi quelque chose, car la persistance de la magie était toujours présente dans le tunnel.
- Ca y est ? demanda Ron. On est dans les Terres Brumeuses ?
- Probablement, répondit Fitius. Mais attendons d’être sorti du tunnel.
Ils marchèrent toujours silencieusement, et après une bonne heure, ils aperçurent un point lumineux devant eux. Tous soupirèrent, sauf Fitius qui serra la main sur sa baguette encore un peu plus. La luminosité devint de plus en plus forte et les aveugla. Ils avaient crapahuté des jours dans l’obscurité, et l’éclat du soleil était violent.
Puis ils arrivèrent enfin à la sortie et contemplèrent un paysage pour le moins étrange. La nature semblait avoir été devenue folle. Des arbres gigantesques, aux yeux de Harry ils faisaient des centaines de mètres de hauteur, s’étendaient sur leur gauche à perte de vue en encerclant la montagne. A leurs troncs, une végétation démente était présente et semblait inciter les créatures à ne pas s’approcher. Des bruits étranges provenaient de cette forêt, et les ombres grises qui flottaient autour des arbres n’y étaient sans doute pas pour rien. La Forêt Interdite faisait pâle figure face à cette démence végétale. Un ruisseau coulait le long des rochers et serpentait à travers une plaine parsemée de fleurs multicolores hautes comme un troll. Les pétales s’agitaient faiblement et se contractaient par moment, recrachant alors sur l’herbe de grosses masses bleuâtres. Mais le plus étrange se trouvait au-dessus de leur tête. D’épais nuages violets étaient visibles où qu’ils tournent leur tête, et convergeaient tous en un point précis. Avec toujours cette densité magique inhabituelle qui se ressentait partout.
Les cinq sorciers contemplaient pour la première fois les Terres Brumeuses.
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Re: Harry Potter et la Pierre Originelle [Chap 47 + Epilogue]
Chapitre 40 Les Terres Brumeuses
Spoiler (cliquez pour révéler) : Fitius, Harry, Ginny, Ron et Hermione contemplèrent en silence l’étrange panorama qu’ils avaient sous les yeux. Tout, de l’herbe qui était sous leurs pieds au vent qui soufflait de la montagne, était inhabituel. Surtout ces nuages qui convergeaient en un point, situé très loin en face d’eux. Harry n’arrivait pas à détourner son regard de ces nuages violets car en son coeur, il savait ce qu’ils indiquaient. Et ils savaient qu’à présent, ils allaient devoir suivre la direction indiquée par les nuages. Hermione sembla être parvenu à la même conclusion.
- Les nuages, commença-t-elle. Vous croyez qu’ils montrent le chemin vers...la Pierre ?
- C’est possible, répondit Fitius. Son influence se ressent jusqu’ici.
Il leva la tête et observa les nuages pendant quelques minutes.
- Que nous indique le sortilège des Fondateurs ? demanda-t-il.
Harry lança le sort et sa baguette pointa dans la même direction que les stries de nuages violets. Mais elle oscillait légèrement autour de sa position, comme si elle était perturbée par quelque chose. C’est faiblement visible mais il n’y avait aucun doute. Il y avait quelques jours, dans la montagne, la baguette restait parfaitement immobile.
- C’est peut-être l’influence de la Pierre, supposa Ron.
- En tout cas, la direction est la même, affirma Fitius. Il faut s’y diriger.
Ils regardèrent autour d’eux pour voir de quelle manière ils pourraient descendre dans la plaine. Devant eux, les rochers étaient bien trop saillants pour tenter de les emprunter. Ils se rompraient probablement le cou. Ils pouvaient tenter de passer par la gauche mais ils se rapprocheraient trop de l’étrange forêt et cela, tous souhaitaient l’éviter autant que possible. Ils ne savaient pas si elle était dangereuse et préférait ne pas avoir à le découvrir. Ils se tournèrent donc vers la droite et tentèrent tant bien que mal de trouver un chemin praticable pour descendre de la montagne.
Celle-ci s’étendait loin devant eux et se courbait vers la gauche en direction de la plaine, vers un endroit où une étendue d’eau scintillait sous la lumière du soleil. Harry s’en étonna car selon lui, la montagne qu’ils avaient escaladé avant de rentrer dans le tunnel n’avait pas du tout cette forme. Et la superbe cime que les sorciers avaient observée lorsqu’ils étaient encore dans la Forêt Interdite n’était plus visible. A moins qu’ils aient marché bien plus qu’il ne le pensait et qu’il contemple alors une autre chaîne montagneuse.
- Fitius, commença-t-il, c’est la même montagne qu’avant ?
Fitius, qui était en tête du groupe et qui avançait prudemment sur le sol pierreux, s’arrêta et tourna la tête.
- Non, répondit-il au bout d’une minute. Pas à mes yeux.
Ron stoppa à son tour et observa lui aussi la montagne.
- Elle aurait du s’arrêter là si on a réellement marché en ligne droite dans le tunnel, dit Hermione en indiquant une direction avec son bras. Et la cime devrait être là.
- Mais c’est impossible, s’étonna Ron. Comment la montagne aurait pu changer avant et après le tunnel ?
- Ce n’était pas un simple tunnel, dit Hermione. J’ai l’impression que nous ne sommes plus dans le monde réel. Je veux dire, ajouta-t-elle précipitamment, que tout est réel, mais que nous sommes dans un monde plus magique.
- Je ne comprends pas vraiment, avoua Ginny.
- Les Fondateurs eux-mêmes ne comprenaient pas la nature de ces Terres, dit Fitius. Il faut peut-être mieux ne pas se poser de questions pour le moment. Je doute que Voldemort et Rogue s’arrêtent à de telles considérations.
Harry hocha la tête, et tous reprirent la descente. Celle-ci fut finalement assez simple, tout du moins bien plus rapide que la montée, et Fitius les guida rapidement parmi l’amas de rocs et d’arbustes. Leurs ombres étaient courtes, et le soleil était encore haut. Ils allaient pouvoir marcher encore plusieurs heures avant de se reposer. Les sorciers avaient rangé leurs baguettes pour pouvoir s’aider de leurs mains, mais ils étaient prêts à la prendre en cas de besoin.
Au bout d’une petite heure, ils quittèrent les derniers vestiges de la montagne et arrivèrent sur la grande plaine sur laquelle poussaient les étranges fleurs multicolores. Les rejets bleuâtres luisaient sous le soleil et une sorte de vapeur s’en dégageait. La plus proche était à moins d’un kilomètre, et personne ne savait si ces plantes étaient dangereuses ou non. Peut-être étaient-elle carnivores, ou bien se défendraient-elles avec violence face à des intrus ? Harry remarqua qu’il n’y avait aucun animal dans la plaine.
Le petit groupe se mit alors en marche avec pour intention de traverser la plaine pour atteindre le lac qui se trouvait en face d’eux au plus tard dans trois jours. Fitius insistait pour accélérer la cadence. Il craignait que Voldemort et Rogue soient bien plus près que les Gryffondors ne le pensaient, et il préférait ne pas les croiser pour l’instant. C’est donc à petites foulées que les sorciers avancèrent, comme l’ombre d’un petit nuage glissant dans la plaine, encadrée d’un côté par la forêt et de l’autre par la montagne.
Cette partie du voyage fut pour l’instant la plus reposante, si on peut qualifier de reposant une journée entière de marche sous la chaleur du soleil. Mais au moins, ils ne crapahutaient pas dans des amas de rochers, et l’odeur de l’herbe et la douce brise qui leur caressait le visage contrastait avec la sécheresse de la montagne. Et toujours, il y avait cette sensation électrisante qui ne les quittait pas, comme si la magie régnait dans ces terres en maître et les entourait de toute part. Fitius avait assuré qu’ils s’y habitueraient, mais pour l’instant, ce n’était pas le cas.
De temps en temps, un bruit effrayant retentissait sur leur gauche et semblait provenir du coeur de la forêt, comme si une énorme bête avait poussé un rugissement. Les arbres colossaux étaient parfaitement immobiles, mais on pouvait apercevoir des ombres grises qui flottaient à proximité. La forêt les inquiétait vraiment, et ils étaient heureux de constater que, pour l’instant, elle ne se trouvait pas sur le chemin indiqué par les nuages violets. Si tout se passait bien, ils n’auraient pas à y pénétrer, ni même à s’en approcher.
En revanche, ils avaient été obligés de passer à proximité des fleurs gigantesques et des tas bleuâtres qu’elles recrachaient. Mais par chance, celles-ci s’avérèrent inoffensives. Il fallait juste faire attention de ne pas se trouver sous ce qu’elles rejetaient. C’était au début sous la forme d’une sorte de gelée répugnante, puis assez rapidement, une carapace se formait. Une sorte de fumée grise s’élevait et se répandait à proximité, mais elle n’était pas toxique. Harry avait été certain de voir des yeux cligner sur la carapace bleue. Mais il n’en était pas sûr et garda cela pour lui. De toute manière, ces créatures, si cela en était réellement, semblaient ne présenter aucun danger.
- Vous croyez que c’est comestible ? demanda Ginny. On n’aura bientôt plus rien à manger.
Les réserves de nourriture avaient fondu lors de leur marche dans le tunnel. Ils avaient pu remplir leur gourde à la rivière qui coulait de la montagne, mais cela faisait des semaines qu’ils n’avaient pas croiser de créatures comestibles.
- Je n’en sais rien, répondit Fitius, mais mieux vaut ne pas prendre de risques. Il me reste un peu d’herbe, nous tiendrons encore trois ou quatre jours.
Son visage devint sombre tandis qu’il regardait devant lui, en direction de la rivière.
- Nous trouverons sûrement quelque chose près du lac, poursuivit-il. Nous ne mangerons ce qui pousse sur cette plaine qu’en cas de dernière nécessité.
- Et dans la forêt ? proposa Ron. Il y a sans doute des animaux.
Mais Fitius secoua la tête.
- Mieux vaut ne pas s’en approcher, dit Harry. Je n’aime pas ces ombres.
Tous approuvèrent et ils firent une pause à l’ombre d’une fleur, avant de repartir quinze minutes plus tard sur cette immense plaine.
Ils ne s’arrêtèrent pour dormir que lorsque le soleil se fut couché. Ils choisirent un endroit assez éloigné des fleurs pour ne pas se prendre un tas de gelée bleuâtre sur la tête pendant leur sommeil. Les bruits provenant de la forêt était assez inquiétant dans le silence de la nuit, mais les sorciers ne mirent pas longtemps à s’endormir. Tous étaient épuisés par la marche éreintante qu’ils avaient faite.
La nuit fut calme, si ce n’est au moment où Hermione, qui montait la garde, poussa un cri aigu au moment où une fleur éloignée projeta en l’air une masse bleue particulièrement grosse. Mais les Gryffondors étaient si profondément endormis qu’ils ne se réveillèrent pas. Seul Fitius se releva, la baguette à la main, et proposa à Hermione de la relever.
Le lendemain matin, ils constatèrent avec surprise que les fleurs s’étaient déplacées pendant la nuit et que l’une d’elles s’était installée à proximité de Ron. Après examen, ils constatèrent la présence de milliers de minuscules pattes sous la fleur. Celui-ci se releva en vitesse en y jetant de fréquents coups d’œil et s’éloigna à bonne distance.
Le soleil venait de se lever et il éclairait faiblement l’intérieur de la forêt. Après un repas rapide, les sorciers se remirent en route. Ils allaient plus vite que Fitius ne l’avait espéré et ils ne furent pas retardés par quoi que ce soit. Il leur fallut deux jours pour traverser la plaine et atteindre le lac. Et c’est la veille que Harry aperçu ce qui lui semblait être un mirage, juste de l’autre côté du lac. Car de quoi pouvait-il s’agir d’autre ? En face d’eux se dressait une maison. Elle semblait petite mais il ne pouvait pas distinguer grand-chose d’aussi loin. Les autres sorciers l’avaient également vu, mais ils préférèrent attendre de la distinguer nettement avant de prendre toute décision.
Et le lendemain midi, lorsqu’ils arrivèrent près du lac dont l’eau chauffait au soleil, ils purent observer clairement la construction. Ce n’était pas un mirage. C’était bien une petite maison en bois avec un toit de paille, deux fenêtres délabrées et une cheminée vétuste. Elle était en totale contradiction dans cet étrange paysage. Elle semblait normale.
- Elle ne doit sûrement plus être habitée, dit Ron qui l’avait également aperçu. Vous avez vu l’état dans lequel elle est ?
- Ce ne veut rien dire, répondit Ginny.
Harry essaya de voir si un élément quelconque trahissait la présence de quelqu’un mais il ne trouva rien.
- On va s’approcher, dit Fitius. Sortez vos baguettes.
En essayant de faire le moins de bruit possible, les cinq sorciers contournèrent le lac avec précaution. Ils durent faire un long détour, non seulement en raison de la taille importante du lac –il était au moins aussi grand que celui de Poudlard-, mais aussi à cause du sol marécageux qui l’entourait. Ils trébuchèrent plusieurs fois et s’enfoncèrent une ou deux fois dans la boue, mais au final, ils arrivèrent à proximité de la maison. Vu de plus près, elle avait même l’air d’une simple cabane. Un peu comme l’ancienne cabane de Hagrid se dit Harry avec un pincement au coeur.
Fitius s’approcha de la porte, la baguette levée, suivi de près par Harry, Hermione, Ron et Ginny. Puis, il fit un signe de tête et Harry lança un sort qui ouvrit la porte à la volée. Fitius bondit dans la maison en lançant un sortilège qui produisit une détonation assourdissante. Sans doute dans le cas où un ennemi se trouverait là. Mais il n’y avait pas âme qui vive dans la pièce, comme le purent le constater les Gryffondors lorsqu’ils entrèrent à leur tour. En revanche, il y avait le cadavre d’une personne assise sur une chaise, les mains posées sur la table, comme si elle était plongée dans une profonde réflexion après avoir fait un copieux repas. Hermione poussa un cri et plaqua les mains sur sa bouche.
C’était un homme qui semblait avoir une cinquantaine d’années, mais en fait, il était très difficile de lui donner un âge. Il avait une courte barbe blanche et il ne restait que quelques cheveux sur le sommet de son crâne. Il portait une cape qui était rouge sang, tout comme ses bottes et ses autres vêtements. Un pendentif en argent luisait autour de son cou. Ses yeux étaient fermés.
- Qui est-ce ? demanda Hermione d’une petite voix.
Ron hocha la tête tandis que Fitius commença une fouille minutieuse de l’intérieur de la cabane. Il n’y avait cependant pas grand chose à fouiller. A part quelques tiroirs et un petit coffre en bois noir, il n’y avait rien. Ce qui choquait Harry n’était pas de se trouver devant un homme mort. Il en avait vu bien assez il y avait à peine un mois, lors de la terrible bataille qui s’était déroulée à Poudlard. Cela l’attrista, mais il réalisa qu’il s’était habitué à voir de telles scènes. En revanche, ce qui le choqua véritablement, c’était le fait qu’un être humain vive dans les Terres Brumeuses, dans cet endroit magique hors du monde. Et qu’il soit mort au moment où Harry et son groupe les avaient atteintes.
- Sa mort est récente, dit sombrement Fitius.
Il observait à présent le corps de l’homme –mais était-ce bien un homme ?- après avoir constaté qu’il n’y avait rien d’utile dans la maison. Il agita faiblement sa baguette et marmonna quelques paroles.
- Pas plus de quelques jours, poursuivit-il.
- Voldemort, souffla Ginny.
Fitius hocha la tête. Le soleil éclaira l’intérieur de la cabane et ses rayons se posèrent sur le visage de l’homme. Il semblait dormir, aucune marque de violence n’était visible. Ni sur l’homme, ni dans la cabane. Tout semblait montré que l’Avada Kedavra avait été utilisé.
- Je ne vois pas qui d’autre aurait pu faire ça.
- Alors ils sont devant nous, dit Harry avec une pointe de désespoir dans la voix. Ils sont devant nous, et nous, on a plus de trois jours de retard avec un cadavre qui ne nous apprendra rien !
Il avait commencé à s’énerver. Il pensait vraiment être devant Voldemort et Rogue et pouvoir atteindre la Pierre Originelle avant eux. Il pensait avoir une bonne avance. Ils avaient marché sans relâche depuis des semaines sans apercevoir de traces de leurs ennemis. Mais ceux-ci étaient arrivés avant eux. Comment les rattraper à présent ? Avaient-ils encore la moindre chance ? Ginny s’approcha de lui et lui prit le bras.
- Ca ne fait rien, lui dit-elle gentiment. On peut encore les rattraper.
- Tout ça ne serait pas arrivé si on avait le livre !
- Laisse la en dehors de ça, lui dit Ron en s’approchant de Hermione. Elle ne l’a pas fait exprès.
- Est-ce que tu avais besoin de le lire dans la Salle ? Tu ne pouvais pas attendre qu’on soit dehors ? poursuivit Harry qui savait au fond de lui qu’Hermione n’y était pour rien.
- Laisse la ! cria Ron.
- Silence ! rugit Fitius.
Tous les regards se posèrent sur lui.
- Ce qui est fait est fait. Peu importe qui en est le responsable. Mais si nous voulons rattraper notre retard, il faut partir maintenant.
Harry respira lentement et hocha la tête. Elle recommençait à lui faire mal. Ron était toujours aux côtés d’Hermione et lançait à Harry un regard noir. Tous avaient été sur les nerfs depuis longtemps, et il ne fallait plus grand-chose pour perdre ses moyens. La nouvelle que Voldemort et Rogue les aient devancés leur avait porté un rude coup au moral. Fitius en était conscient et il espéra que cela ne jouerait pas contre eux au moment critique.
- Vous devez vous calmer et rester concentré, leur dit-il.
Il attendit que les cinq jeunes Gryffondors reprennent leurs esprits. Puis il sortit de la cabane, suivi lentement par les cinq sorciers. Il contemplait à présent les alentours avec précaution.
- Pourquoi Voldemort l’aurait tué ? demanda Ginny. Qu’est-ce qu’il avait de si important ?
- Des informations. Ce doit être une sorte de gardien de la Pierre. Je pense qu’il s’agissait du « premier » dont parlait l’être du rêve de Harry.
- Celui qui pouvait nous aider ?
Fitius hocha la tête lentement.
- J’ai bien peur que Voldemort et Rogue aient pu bénéficier de son aide.
- Jamais il n’aurait aidé Voldemort ! s’exclama Ron. Il ne veut la Pierre que pour le mal. Il a du le voir !
- La séparation entre bien et mal n’a pas grand sens ici, dit Fitius. Tout du moins, elle ne doit pas signifier grand chose à ceux qui vivent ici.
Harry soupira.
- Alors on fait quoi ? Et s’il fallait écouter ce qu’il avait à nous dire pour continuer ?
- On va faire sans, répondit Fitius. Regarde.
Il pointa le doigt sur sa gauche. A l’horreur de Harry, il vit que les nuages filaient dans la même direction, mais que cette fois-ci, la forêt aux arbres gigantesques se trouvaient sur le chemin. S’ils suivaient les nuages, ils allaient devoir plonger au coeur de la forêt.
- Je pense qu’il y a un moyen de contourner la forêt, dit Fitius. Ou de s’en protéger. Mais nous n’avons pas le choix. Il faut y aller.
La perpective d’aller à proximité des ombres n’enchantait personne.
- Et il faut espérer que nous soyons plus rapide que Voldemort et Rogue.
Sans rien rajouter, ils se dirigèrent vers la forêt.
Fitius avait deviné juste. Voldemort et Rogue avaient atteint la cabane du Gardien seulement deux jours avant eux. Ils avaient emprunté un autre passage, celui qu’avait découvert Serpentard lorsqu’il avait poursuivi seul sa quête de la Pierre Originelle. Celui qui avait été consigné dans le livre qui avait reposé pendant des siècles dans l’obscurité de la Salle d’Argent. Un passage bien plus sombre et bien plus dangereux que celui indiqué par le sortilège des Fondateurs, mais Voldemort, descendant du grand Salazar, et Rogue avaient atteint plus rapidement les Terres Brumeuses et ils avaient rencontré le Gardien au moment où Fitius et les Gryffondors parcouraient encore la plaine. La magie régnant dans les Terres Brumeuses et les sortilèges maléfiques des deux mages noirs les avaient protégés des regards, et ils étaient passés inaperçus.
Le livre parlait du Gardien. Mais il n’allait pas plus loin. Il n’y avait pas la moindre information sur ce qui suivait. Cela avait été la dernière étape des Fondateurs, avant qu’ils ne prennent peur et qu’ils arrêtent leur quête. Tout ce que Serpentard avait découvert par la suite n’était pas dans le grimoire. Mais Voldemort et Rogue n’en avaient pas besoin.
Le Gardien leur avait donné de précieuses indications. Des indications qui allaient faire cruellement défaut à Harry lorsqu’il s’engagerait dans la forêt. Mais il n’avait pas parlé des pouvoirs de la Pierre, ni de l’endroit où elle reposait. Cela, avait-il dit, ils le découvriraient en temps voulu.
Voldemort n’avait pas eu besoin de menacer le Gardien de quelque manière que ce soit. Celui-ci avait parlé calmement, lui racontant ce qu’il voulait entendre, et enfin il avait ricané. Puis, froidement, Voldemort l’avait tué afin que Harry ne puisse rien apprendre de l’homme. Ils avaient laissé son cadavre sur la chaise, puis avaient quitté la cabane tel deux ombres, avant de reprendre leur route.
A présent, tandis que la nuit était tombée, ils se tenaient dans la forêt et avançaient prudemment. Ils ne dormaient presque plus. Ils s’étaient si profondément enfoncés dans la magie noire qu’ils connaissaient des maléfices dont peu auraient pu soupçonner l’existence. Des maléfices qui leur permettaient de se nourrir très peu et de ne pas se fatiguer. Mais le prix à payer était élevé. Rogue était plus blanc que jamais, et ses cheveux gras encore plus répugnants. De profondes rides creusaient son visage et ses yeux noirs semblaient être deux puits sans fonds tournés vers des ténèbres insondables. Sa main gauche avait été refaite, tout comme l’avait été celle de Queudver, mais en bien plus résistante. Son reflet argenté luisait à la lueur de la lune. Voldemort ressemblait de plus en plus à un spectre, avec ses yeux rouges brillant de fureur profondément enfoncés dans leurs orbites. Ceux qui l’auraient vu auraient eu du mal à croire qu’il était encore vivant, mais un simple regard sur cet être répugnant, portant sa cape noire déchirée, aurait suffit à les rendre fous.
Voldemort avait lui aussi mal à la tête, tout comme Harry. Car lui aussi avait eu plusieurs fois ces étranges rêves, dans lesquels il était dans une salle bleue face à ce nain. Il avait essayé de l’attaquer, de lui soutirer des informations, mais il en avait été incapable. Il avait rapidement compris que le nain devait être proche de la Pierre. Ce dernier communiquait avec lui par l’intermédiaire de rêves, et Voldemort était persuadé que Harry était soumis au même phénomène. Ses rêves l’obsédaient. Il ne savait pas ce que cela signifiait, et Rogue n’avait pas réussi à décrypter l’ensemble des paroles du nain. Il n’avait pas d’autre choix que de poursuivre, en espérant comprendre les énigmatiques messages de l’être bleu lorsque le moment sera venu.
Le lendemain, Harry, Fitius, Hermione, Ron et Ginny atteignirent l’orée de la forêt et se sentirent écrasés par la taille et la majesté des arbres. Les plus hautes branches ne pouvaient même pas être aperçues. En revanche, les ombres qui flottaient à proximité étaient parfaitement visibles. C’est donc avec une extrême précaution doublée d’une grande lenteur que les cinq sorciers s’engagèrent dans la forêt. Ils avaient craint que les ombres soient dangereuses et les attaquent comme s’ils étaient des intrus. Lorsqu’ils passèrent en dessous, ils levèrent leurs baguettes, tout en ne sachant pas si les sorts qu’ils lanceraient seraient d’une quelconque utilité. Mais par chance, les ombres ne semblèrent même pas les remarquer. Elles continuaient à flotter, indifférentes à ce qui se passait en bas.
Elles ressemblaient à une fumée grise qui flottait paresseusement au gré du vent, sans forme particulière. Pourtant, sous un certain angle ou lorsque le soleil les éclairait d’une certaine façon, on pouvait apercevoir des figures grimaçantes, tels des spectres tombant en poussière. C’était assez effrayant, mais la vision disparaissait aussi soudainement qu’elle était venue. Harry réalisa que la forêt était parsemée d’ombres. Il n’y en avait pas seulement autour de la forêt, elles se trouvaient aussi à l’intérieur. Il se demandait vraiment ce qu’elles étaient, mais préféra en même temps ne pas le savoir.
- Ne les attaquez surtout pas, murmura Fitius. Essayons de ne pas se faire remarquer.
- Vous pensez qu’elles peuvent nous attaquer ? demanda Harry.
- Elles le pourraient.
Ils gardèrent cependant leurs baguettes en main et levaient fréquemment la tête, mais ils avancèrent avec moins d’inquiétude. On n’entendait que le bruissement de leurs capes sur les fougères et les craquements de brindilles sous leurs pieds. Ils progressaient rapidement, en suivant toujours la direction indiquée par les nuages qui filaient au-dessus d’eux.
Mais le problème de la nourriture revint rapidement. Ils avaient à présent épuisé toutes leurs réserves et ils n’osaient pas manger les plantes étranges qui poussaient dans la forêt. Il y en avait qui étaient petites, violettes, et qui poussaient en gros tas. Elles étaient si denses que les sorciers devaient sans cesse les éviter de peur qu’elles cachent un danger. Et l’odeur pestilentielle qui contrastait avec leur grande beauté n’incitait pas à les manger. Il y avait une autre espèce, un peu plus grande, qui avait trois grands pétales rouges. Elles ne poussaient que le long des troncs, mais elles pouvaient bien être toxiques.
Ils décidèrent au final d’attendre. Mais ils tombèrent quelques heures plus tard, alors que le soleil était couché depuis un long moment, sur une petite créature –petite aux yeux des arbres l’entourant, elle devait bien faire deux mètres de long- à la fourrure blanche. Elle avait de grands yeux noirs qui lui donnaient un air triste et grimpaient sur les arbres à l’aide de ses pattes particulièrement bien fournies en griffes. Malgré l’aspect amical de la créature, elle ne fit pas long feu face à la faim du groupe de sorciers. Cinq sortilèges la frappèrent de plein fouet et elle s’effondra sur le sol.
- Elle semble comestible, annonça Fitius après l’avoir examiné. Et ça vaudra toujours mieux que les plantes.
Harry se dit qu’ils tentaient un peu trop leur chance en mangeant cette créature inconnue mais ils n’avaient plus le choix. La seule autre alternative aurait été de se laisser mourir de faim.
Mais les chairs de la bête se révélèrent excellentes une fois grillées au-dessus du feu que Fitius fit apparaître d’un coup de baguette, et leur moral remonta, tout comme leur force. Ils parlèrent un peu, essayant de mettre au point des stratégies dans le cas où ils rencontreraient des dangers, et pour la première fois, Harry s’exerça à lancer le sortilège de Foudre ainsi que le Sortilège de l’Espérance qu’il avait appris avec Fitius il y avait une éternité. Il sentait qu’il devait maîtriser ces sorts. Il sentait qu’il se rapprochait de la fin. Et il fut heureux de constater que ces essais furent à la hauteur de ce qu’il espérait. Ils étaient bien moins puissants que ceux de Fitius mais au moins, il avait de quoi inquiéter Rogue. Et pourquoi pas Voldemort...
Ce fut seulement lorsque les ombres se rapprochèrent d’eux et du feu, en passant au-dessus de leurs têtes comme des oiseaux de proie, que les sorciers se replongèrent dans l’obscurité et qu’ils se couchèrent, Ron prenant le premier tour de garde.
Finalement, se dit Harry deux jours plus tard tandis qu’il marchait à proximité de Ginny, la forêt n’était pas si effrayante que cela. Bien moins que la Forêt Interdite.
- Nous n’en avons vu qu’une petite partie, lui rappela Fitius après que le jeune Gryffondor ait fit part de ses pensées aux autres. Ne relâche pas ta vigilance.
La forêt était un peu moins dense et les ombres étaient moins présentes.
- Tu pourrais utiliser le sortilège des Fondateurs ? demanda Hermione à Harry.
- Pourquoi ?
- Je voudrais voir si on suit la bonne direction.
Harry s’exécuta et immédiatement, la baguette pointa dans la direction des nuages. Sauf que les petites vibrations qu’ils avaient observées la dernière fois s’étaient amplifiées. A présent, la baguette oscillait nettement sur la main de Harry, comme si elle avait des difficultés à trouver sa direction. Harry leva les yeux sur Hermione.
- Tu t’y attendais ? demanda Ron.
- Je m’étais dis que plus on se rapprochait, plus la baguette oscillerait, répondit-elle.
Fitius hocha la tête.
- Bien raisonné, dit-il. Tu dois avoir raison. Cela prouve que nous nous rapprochons de la Pierre.
- Et quand on arrivera, la baguette tournera dans tous les sens ? demanda Ginny.
- Probablement, affirma Harry.
Tous regardèrent à nouveau la baguette osciller dans la main de Harry, preuve de leur progression. Mais un rugissement effroyable perça bientôt le silence de la forêt. Elle provenait de droit devant eux. Là où ils devaient passer. Et comme pour confirmer cela, un autre rugissement éclata de nouveau. Tous se figèrent, levèrent lentement leurs baguettes, et regardèrent autour d’eux.
- C’est plus loin, dit Fitius. Devant nous.
- Qu’est-ce que c’est ? demanda Ginny.
- J’en sais rien, mais c’est gros, s’alarma Ron.
- Ca ne ressemblait pas aux bruits qu’on avait entendus en arrivant, fit remarquer Harry.
Ils attendirent, en imaginant la taille de la créature qui avait été à l’origine des rugissements, mais rien ne vint troubler la quiétude apparente de la forêt qui les incitait à croire qu’il ne s’était rien passer. Le silence était total.
- On ne peut pas faire un détour ? proposa Ginny.
- Non, affirma Fitius sans hésitation. Il faut suivre les nuages. Et un détour nous ferait perdre trop de temps. On ne peut pas se le permettre.
Il indiqua aux jeunes Gryffondors de le suivre en silence et, dans la fraîcheur de la forêt, les cinq sorciers se dirigèrent vers la source des rugissements.
Ma fic! ==> Harry Potter et la Pierre Originelle http://www.gazette-du-sorcier.com/potte ... hp?id=1193
Re: Harry Potter et la Pierre Originelle [Chap 47 + Epilogue]
Chapitre 41 Face au dragon
Spoiler (cliquez pour révéler) : Dans un silence presque absolu, Harry, Fitius, Hermione, Ron et Ginny suivaient les nuages violets dans l’immense forêt, s’attendant à tout instant à ce que retentisse un autre de ces effroyables rugissements. Il n’y avait plus aucune ombre autour d’eux à présent, comme si elles-mêmes étaient effrayées par la créature qui se trouvait sur leur chemin. Le coeur de Harry battait la chamade, mais il était habité dans le même temps par une froide détermination. Il n’avait pas fait tout ce chemin pour rien. Il n’était pas passé par toutes ces épreuves pour que son histoire s’achève ici, aussi terrifiante que soit la créature qu’ils allaient devoir affronter. Pas en étant aussi proche de la Pierre Originelle.
Et puis, il avait fait cette vision, il y a des mois de cela. Dans cette vision, il avait vu une terrible montagne noire, dans laquelle Ginny avait péri. Et cette montagne devait se trouver après la créature. Peut-être même que le monstre en gardait l’entrée. Harry était persuadé qu’il ne pouvait pas mourir. Ses pas le mèneraient à la montagne noire, il en était certain. Mais Fitius ? Fitius n’apparaissait pas dans sa vision... Harry secoua la tête. Il était en train de perdre sa concentration et il allait en avoir pleinement besoin car un autre rugissement brisa le silence.
- Voldemort et Rogue ont trouvé un autre chemin, murmura-t-il aux autres. Ou ils auraient tué le monstre.
- Ils sont peut-être passés devant ? supposa Ron.
- Non, affirma Fitius. Ils ont évité cet endroit. Mais nous, nous allons devoir le franchir.
Ils marchèrent encore un bon quart d’heure et ils ne virent toujours rien. Cela effraya le groupe. Lorsque la bête s’était manifestée, son rugissement était si puissant qu’ils avaient cru qu’elle se trouvait juste derrière eux. Ils n’osaient pas imaginer sa taille. Le monstre rugit une nouvelle fois, et à présent, les cinq sorciers réalisèrent qu’ils s’étaient grandement rapprochés et qu’ils ne devaient plus être très loin. Mécaniquement, Harry visualisa mentalement les sortilèges qu’il connaissait et qu’il avait utilisé lors de la bataille de Poudlard. Il n’aurait pas le droit à l’erreur.
A peine un autre quart d’heure se fut écoulé qu’ils se retrouvèrent devant une côte. On aurait cru qu’un épais renflement formait une sorte de cuvette droit devant eux et qu’ils se tenaient sur les bords. Il y avait très peu d’arbres dans les parages, et le sol semblait noirci. Par endroit, une croûte noire était visible. Et le silence était toujours aussi oppressant.
Les cinq sorciers escaladèrent la petite butte. Lorsque Harry vit ce qui se trouvait dans la plaine qui reposait au fond de la cuvette dont les proportions étaient tout bonnement gigantesques, il se jeta à terre en faisant signe aux autres de l’imiter. Il n’osait pas regarder de nouveau.
- Tu as vu quoi ? demanda Ron.
- Je ne suis pas sûr, souffla Harry.
Fitius, qui était juste derrière le jeune Gryffondor, arriva à son niveau en rampant puis avança prudemment pour regarder ce qui reposait dans la plaine. Il ferma alors les yeux et soupira comme si ses pires craintes se trouvaient confirmées, puis il fit un signe de tête à Harry. Celui-ci s’approcha de nouveau très lentement, suivi par ses trois camarades, et releva la tête.
Dans la plaine se trouvait un dragon colossal. Il devait être deux fois plus gros que celui que Harry avait affronté lors de sa première épreuve du Tournoi des Trois Sorciers, en quatrième année. Il n’en avait jamais vu d’autres, mais il doutait qu’une telle créature existe hors des Terres Brumeuses. La magie avait du lui donner cette taille prodigieuse. Peut-être était-il le père de tous les dragons. Quoi qu’il en soit, il était sur leur route.
Il était recouvert d’écailles dorées qui brillaient sous les rayons du soleil. Sa tête aussi grande qu’une grosse voiture reposait sur le sol, et dessus étaient visibles trois grosses cornes qui pointaient hors de la cuirasse. On pouvait apercevoir des reflets noirs qui semblaient glisser sur les écailles du dragon comme de l’écume sur une mer éclairée par le soleil couchant. Ses deux ailes étaient repliées le long de son corps, mais Harry n’osa même pas en imaginer l’envergure. Quant à sa queue, elle était semblable à un fouet, très fine, et très menaçante. Ce monstre aurait pu croquer un demi-géant d’un seul coup de mâchoire. Pour l’instant, il se reposait au milieu de la plaine.
- C’est lui qui a détruit tous les arbres, chuchota Ginny.
Sur la plaine se trouvaient les carcasses et les restes de troncs de centaines d’arbres. Autrefois, la forêt devait s’élever ici, aussi dense que celle que les sorciers avaient traversée. Mais le dragon avait tout détruit pour pouvoir s’y reposer. Quant à la cuvette, Harry n’aurait pas été étonné si elle avait été, elle aussi, modelée par le monstre. D’énormes rochers étaient éparpillés un peu partout sur la plaine, comme s’il s’était agi de vulgaires confettis lancés par un titan.
- On fait quoi maintenant ? On ne va pas affronter ça ? demanda Ron dans un murmure difficilement audible.
- Il est sur la route des nuages, répondit Harry. On n’a pas le choix.
Faire un détour aurait été très coûteux en temps. Le dragon n’y était pas allé de main morte en défrichant la forêt. La plaine s’étendait sur des kilomètres. S’ils voulaient avoir la moindre chance de rattraper Voldemort et Rogue, ils allaient devoir passer devant la bête avant de regagner la forêt.
- Nous allons nous écarter légèrement, dit Fitius, pour ne pas passer juste à côté. Ca ne nous prendra pas beaucoup de temps. Avec de la chance, il pourrait ne pas nous voir, mais j’en doute.
Les cinq sorciers longèrent la cuvette pendant une dizaine de minutes, et ils s’aperçurent que la contourner complètement leur prendrait effectivement des heures. Puis Fitius les arrêta lorsqu’il considéra qu’ils s’étaient assez éloignés.
- Vous croyez qu’il dort ? demanda Ron.
Mais Fitius secoua la tête.
- Il ne fait que somnoler. J’ai peur qu’il s’aperçoive rapidement de notre présence. Je suis surpris que ce ne soit pas déjà le cas.
- Comment est-ce qu’on l’affronte ?
- Les yeux, murmura Harry. Il faut lancer des sortilèges de conjonctivites aux yeux.
- Il faut passer devant lui, rappela Fitius, et le blesser suffisamment pour qu’il ne nous suive pas. Les sortilèges de conjonctivites devraient le désorienter. Mais n’essayez surtout pas autre chose. Vous n’auriez pas la moindre chance.
Sa main se crispa sur sa baguette.
- Vous savez comment lancer un sortilège de conjonctivite ? demanda-t-il.
Les jeunes sorciers secouèrent la tête. Fitius entreprit de leur montrer. C’était un sortilège très simple, mais ils préférèrent ne pas l’essayer de peur de réveiller le dragon.
- Dès que vous voyez qu’il n’est plus en état de nous poursuivre, fuyez de nouveau dans la forêt, poursuivit Fitius.
- Et si quelqu’un...si quelqu’un tombe ? demanda Hermione.
- Personne ne tombera, siffla le sorcier. Dépêchons-nous, nous n’avons pas beaucoup de temps.
Il se leva à moitié et se dirigea rapidement derrière les restes d’un tronc calciné. Puis il fit signe aux Gryffondors de le suivre. La taille de la souche était largement suffisante pour cacher cinq sorciers. De la même manière, ils commencèrent à traverser la plaine.
- Peut-être qu’on va arriver jusqu’au bout comme ça, s’enthousiasma Harry. On n’aura sans doute même pas à affronter le dragon.
- Peut-être, murmura Fitius. Mais tenez-vous quand même prêt au cas où ça tourne mal.
Ils avancèrent de nouveau devant deux souches, dont l’une fumait encore. Ils étaient assez loin du dragon. Peut-être un kilomètre. Mais il était si grand qu’il semblait bien plus proche. Si seulement ils avaient des balais, pensa amèrement Harry, ils pourraient le survoler, et ils iraient bien plus vite.
Ils quittèrent leur cachette avec précaution et s’avancèrent vers la suivante lorsqu’ils entendirent un grognement.
Harry tourna la tête si rapidement qu’il sentit une douleur au cou. Devant lui, le dragon avait soulevé une paupière et son oeil jaune et noir les observait avec malice. Il ouvrit son autre oeil, et les sorciers le virent avec horreur se mettre sur ses quatre pattes qui faisaient la taille d’un petit immeuble. Les Gryffondors étaient si frappés d’horreur qu’ils furent incapables de bouger. Mais Fitius hurla comme un dément et les obligea à se disperser. L’instant d’après, le dragon rugit et déversa un torrent de flamme sur le groupe.
Harry courut aussi vite qu’il le put sans regarder derrière lui. Il sautait par-dessus les rochers et slalomait entre les troncs calcinés comme s’il lui était poussé des ailes. Il sentit une chaleur intense lui brûler le dos et l’arrière du crâne. Ginny le dépassa en courant de toutes ses forces. Elle avait sa baguette à la main, mais ne semblait pas en état de l’utiliser. Il vit que Ron était avec eux, juste à côté de Ginny, tandis que Fitius se trouvait avec Hermione de l’autre côté des flammes.
Le dragon secoua la tête et fit claquer sa queue comme un fouet. De colère que ses proies se soient dispersées et n’aient pas été carbonisées, il rugit et frappa la terre de l’une de ses immenses pattes, en soulevant un nuage de poussière. Le sol trembla et les arbres oscillèrent sur leur base. Harry regarda le monstre. Que pouvait-il faire ? Il n’osait pas s’approcher trop près ou il serait carbonisé. Il ne pouvait pas fuir avec les autres. En deux pas, le dragon les aurait rattrapés. Ils allaient devoir le neutraliser. Et le jeune Gryffondor espéra que Fitius allait les sortir de là.
Le monstre s’était intéressé au groupe de Harry qui courait en tout sens. Le jeune Gryffondor leva sa baguette, et le pointa droit sur la gueule du dragon. Des volutes de fumée sortaient de sa bouche entrouverte. Il tourna sa tête repoussante vers eux, et de la fumée s’échappa de ses narines dilatées. Une lueur brilla au fond de ses yeux. Il ouvrit sa gueule béante lorsque Harry envoya un sortilège droit sur les yeux du dragon. Mais son sort était bien trop faible, et il était trop loin. L’éclair violet avait perdu toute sa puissance lorsqu’il passa largement à côté du monstre.
Harry recula en trébuchant, pris de peur. Par chance, Fitius s’était rapproché et était un bien meilleur tireur. Son sortilège atteignit l’oeil gauche du dragon avant qu’il ne crache ses flammes. Il rugit de douleur, mais il était si résistant qu’il en fallait bien plus pour lui faire du mal.
Le dragon se tourna vers Fitius, se mit sur ses pattes arrières, étendit ses ailes –Harry s’aperçut véritablement à ce moment-là de la taille prodigieuse de la bête-, et le feu surgit de sa gueule ouverte. On aurait cru qu’un volcan vivant était entré en éruption. Fitius fit des signes complexes avec sa baguette en hurlant des enchantements appris il y avait une éternité de cela, dans les salles froides et sombres de Durmstrang. Le torrent de feu atteignit Fitius qui se trouva plongé à l’intérieur, caché par les langues de feu, sous les yeux épouvantés de Harry. Comment Fitius avait-il pu survivre à une telle chaleur ? De rage, le jeune Gryffondor cria et couru stupidement vers le dragon en espérant l’approcher par derrière.
Mais lorsque les flammes se dissipèrent, Fitius était toujours là, debout, mais terriblement affaibli. Des particules enflammées volaient encore devant sa baguette et des flammèches léchaient ses pieds. Il avait repoussé les flammes autour de lui grâce à un sortilège complexe, et il profita de la surprise du dragon pour renvoyer un sortilège qui atteignit de nouveau l’oeil gauche du monstre.
Il hurla de douleur et de colère, piétinant tout sous ses pattes. Le sol tremblait tant que Ron perdit l’équilibre et fut soutenu par Harry. Il lui fit un signe de tête, ainsi qu’à Ginny, pour savoir s’ils allaient bien. Il vit que Fitius et Hermione, loin d’eux, s’approchaient du dragon qui continuait à rugir. Il fit signe à Ginny et à Ron de le suivre.
Fitius et les autres Gryffondors, qui s’étaient à leur tour rapprochés, lui envoyèrent un feu nourri de sortilèges mais le dragon avait fermé les yeux et secouait sa tête, sa queue dorée claquant derrière lui pour essayer de les atteindre. Un liquide suintait de son oeil gauche et le dragon se précipita droit devant lui en hochant sa terrible tête. Ron commença à se lancer à sa poursuite, mais Fitius le prit par la manche.
- Ca serait stupide de se faire tuer maintenant ! cria-t-il. Nous l’avons énervé, et nous devons être tous les cinq pour le neutraliser !
Le dragon écrasait les troncs d’arbre et les rochers comme s’il s’agissait de vulgaires fétus de paille. Puis il stoppa sa course folle et se retourna. Son oeil gauche était à moitié fermé et il semblait enflé. Les sortilèges avaient été dévastateurs. Pour la première fois de sa si longue vie, le dragon avait été mis en échec. Son esprit se remplit de pensées noires et il échafauda des plans diaboliques pour supprimer ces cinq créatures. Son oeil droit brillait autant que les flammes qu’il crachait, et il observa avec fureur chacun des cinq sorciers, bien décidé à leur faire payer la souffrance sans nom qu’il ressentait.
Tous se regardèrent un long moment, et Harry n’aima pas voir le dragon immobile. Il s’attendait à une attaque traîtresse. Il avait pensé que le dragon, tout comme celui qu’il avait affronté trois auparavant, n’était qu’une bête stupide. Mais celui qui se tenait devant eux et les dominait de toute sa hauteur semblait animer par un esprit rusé et mauvais.
- Il faut bouger, grogna Harry. Il prépare quelque chose.
- Restez ici, leur dit Fitius d’une voix rauque. Et préparez-vous à l’attaquer.
Il s’approcha du dragon par la gauche tout en agitant sa baguette. Des énormes rochers qui gisaient sur le sol commencèrent à tourbillonner autour de lui tandis qu’il se rapprochait toujours plus. L’oeil indemne du dragon le suivit sans ciller. Puis lorsque Fitius fut suffisamment près, il hurla.
- Maintenant !
Il fit un large mouvement avec sa baguette et les blocs de pierre se précipitèrent sur la tête du dragon. Dans le même temps, les quatre Gryffondors lancèrent autant de sortilèges de conjonctivite qu’ils le purent. Le dragon fut frappé de plein fouet par les énormes rochers, et il poussa des rugissements de rage. Il commença à avancer sur Fitius qui lançait sur la bête une avalanche de tous les rocs qui se trouvaient près de lui. Les jeunes sorciers purent se faufiler de l’autre côté et attaquèrent son ventre et ses flancs, là où la carapace était moins épaisse. Mais bien assez résistante pour repousser les faibles sortilèges lancés.
- Non ! cria Fitius. Attaquez la tête ! La tête ! Ecartez-vous !
Mais le dragon avait reporté son attention sur les jeunes sorciers, qui n’étaient pas plus gros que des insectes à ses yeux, et il fit claquer sa queue. Harry, qui était juste sous le monstre avec les autres, prit Ginny par la main et l’éloigna en direction d’un tronc étendu non loin. Hermione et Ron les suivirent mais ce dernier fut frappé par la puissante queue écaillée du dragon. Il vola dans les airs comme un pantin de chiffon et atterrit une centaine de mètres plus loin, dans les branches des arbres. Harry regarda la chute de son ami, terrorisé. Hermione, qui était devenue blanche, se précipita vers le corps de Ron sans tenir compte de la présence du dragon.
Alors Fitius envoya un puissant sortilège de Foudre dans le cou du monstre et la violence du sort était tel qu’il perça sa carapace. Des grosses gouttes de sang noirâtre commencèrent à couler le long de ses écailles d’or et tombèrent dans la poussière du sol. Harcelé par les sortilèges de Harry et de Ginny, il déploya ses deux grandes ailes et prit son envol dans un vacarme épouvantable. On aurait dit qu’une tempête s’était levée et un tourbillon de poussière s’éleva dans l’air.
Harry regarda en direction du bois et il vit, avec un soulagement impossible à décrire, Hermione se rapprocher d’eux avec Ron qui avait passé un bras autour de son cou pour se maintenir. Il avait l’air sonné et il saignait de la tête. Mais il était vivant, et c’était tout ce qui comptait.
- Ca va ? demanda Harry.
Ron secoua la tête mais il continuait à fixer ses chaussures.
Harry reporta son attention sur le dragon. Celui-ci était loin au-dessus de leur tête et décrivait une large boucle autour d’eux. Son ombre, aussi grande qu’un avion, s’étendait sur le sol et fonçait vers le petit groupe de sorciers. Mais petit à petit, il perdait de l’altitude.
- Il va recracher des flammes ! s’exclama Ginny.
- Maintenez ce rocher juste devant nous ! cria Fitius en pointant un gigantesque bloc de pierre gisant à côté d’eux. Il nous protégera !
- Ca ne sera pas assez ! répondit Harry tout en levant sa baguette.
Avec Ron, Hermione et Ginny, ils commencèrent à déplacer le bloc de pierre pour le placer devant eux. Mais c’était difficile, car le rocher pesait des tonnes, et Ron était encore secoué. Il n’arrivait pas à lancer convenablement le sort.
- Je vais lancer un sortilège ! hurla Fitius. Ca sera suffisant !
Il leva la tête et vit le dragon fondre sur eux. Harry se sentit aussi démuni que si la foudre allait s’abattre prochainement sur lui.
- C’est bien ! dit Fitius tandis qu’il commençait à agiter sa baguette de manière subtile. Continuez à l’amenez ici !
Le rocher se déplaçait lentement pour s’intercaler entre eux et le dragon qui volait sur les sorciers. Le battement de ses énormes ailes faisait vibrer la forêt et remplissait l’esprit de Harry. Il se concentra pour que le rocher bouge plus vite tandis que la silhouette du dragon grandissait à vue d’oeil, droit devant eux. Il volait à quelques mètres au-dessus du sol, entraînant une montagne de poussière dans son sillage.
- Lorsque le dragon sera au-dessus de nous, projetez le rocher en l’air ! cria Fitius.
- Et après ? demanda Harry.
- Nous aurons une chance de l’attaquer et d’endommager son autre oeil ! Si ça réussit, fuyez dans la forêt !
Puis Fitius murmura des paroles dans une langue que Harry ne connaissait pas, et des traînées argentées commencèrent à entourer le groupe de sorciers. Tous hochèrent la tête et retinrent leur souffle. Le rocher protecteur était en place. Le dragon poussa un rugissement effroyable et ouvrit la gueule qui lui servait de brasier. On aurait cru que les bouches de l’enfer s’étaient ouvertes. Un torrent de feu jaillit et submergea les sorciers. C’était pire que ce que Harry avait imaginé. Il crut avoir été plongé au coeur d’un volcan. Les flammes les entouraient de toute part. Le rocher commença à se désagréger sous l’effet de la chaleur tandis que Fitius rugissait ses incantations. En dehors de cet infime cercle de protection, le brasier détruisait tout. Ils étaient au coeur de la fournaise. Harry perdit toute notion du temps, il crut que cela dura une éternité.
Et puis la chaleur du brasier diminua et les flammes s’envolèrent, en même temps qu’une partie du rocher qui était réduit en miettes.
- Maintenant ! cria Fitius.
Le dragon était au-dessus d’eux et reprenait de la hauteur. Les cinq sorciers mirent toute leur puissance magique pour propulser ce qui restait du rocher titanesque en direction du dragon. Le bloc de pierre incandescente percuta la tête du monstre qui ne pu pas l’éviter. Il descendit vers le sol comme une pierre, sonné. Les sorciers profitèrent de cette chance inespérée pour sa rapprocher à quelques centaines de mètres de la gueule du monstre. Si celui-ci avait recraché son feu infernal, s’en était fini de leur quête. Mais il n’en fut rien, et une dizaine de sortilèges de conjonctivites frappèrent son oeil droit.
S’en était trop. Vaincu, les yeux ensanglantés, incapables de se battre et connaissant la peur pour la première fois, il rugit de douleur et se dirigea vers la forêt, là d’où Fitius, Harry et ses camarades provenaient, en secouant la tête et en balançant sa queue dorée. Il écrasa quantités d’arbres dans sa fuite, et alla probablement se réfugier dans un endroit plus paisible.
Sans se poser de questions, les cinq sorciers prirent également la fuite, de peur que le dragon change finalement d’avis et revienne carboniser les intrus. Mais le dragon avait été vraiment blessé, et les sorciers n’en entendirent plus jamais parlé. Ils n’avaient pas le temps de savourer leur victoire et ils coururent se mettre à l’abri dans l’épaisse forêt. Derrière eux, la plaine était ravagée, et une tache noire impressionnante s’étalait en son milieu, là où la terre avait été carbonisée par les flammes du dragon.
Les sorciers coururent sans se retourner, à en perdre haleine, et tant qu’ils entendaient encore les rugissements du dragon qui se faisaient de plus en plus lointain, ils ne s’arrêtèrent pas. Après une demi-heure de course folle dans les bois, ils se jetèrent par terre et tentèrent de reprendre leur souffle.
- On l’a fait, dit Hermione d’une petite voix.
- J’aurais jamais cru..., ajouta Ron en respirant avec difficulté, qu’on y arriverait.
Ginny et Harry hochèrent la tête pour bien montrer qu’eux non plus, ils ne pensaient pas passer devant ce monstre. Seul Fitius reste silencieux et ne montra aucune émotion. Il s’était déjà relevé et observait les alentours.
- Où on est ? demanda Harry.
- Sur la bonne voie, répondit Fitius en indiquant le ciel.
Au-dessus d’eux, les nuages filaient dans la direction qu’ils suivaient. Harry poussa un soupir de soulagement. L’affrontement avec le dragon lui semblait avoir duré une éternité. En réalité, pas plus de dix minutes s’étaient écoulées depuis le moment où le dragon les avait aperçus. Ils avaient gagné un temps précieux par rapport à un contournement laborieux de la plaine.
- Vous allez bien ? demanda Fitius.
Tous hochèrent la tête.
- Ron, tu vas pouvoir continuer ? demanda Ginny.
- Ca va aller, répondit Ron. Mais ça serait bien si on pouvait ne pas courir.
On voyait une profonde blessure sur son crâne.
- On va marcher, le rassura Fitius. On a tous besoin de reprendre des forces.
Il s’approcha de Ron et posa sa baguette sur la blessure. Il murmura un sortilège et le sang qui coulait sur le front du Gryffondor disparu, tandis que la blessure sembla diminuer légèrement.
- Ca va mieux ?
Ron hocha la tête.
- Je ne peux pas faire mieux, ajouta Fitius. Sauf si l’on trouve certaines herbes dans la forêt.
Le regard de Harry replongea parmi les ombres des arbres. Il sut qu’il fallait continuer. Comme si Fitius avait lu dans ses pensées, il dit :
- Allons-y.
Ils marchèrent des heures dans la forêt, malgré leur extrême fatigue et les blessures qu’ils avaient reçues dans l’affrontement avec le dragon. Les ombres étaient de nouveau présentes et volaient au-dessus de leurs têtes. Harry n’y fit pas attention et se concentra pour ne pas trébucher. Il aurait pu se coucher contre un arbre et dormir pendant des heures. Mais la pensée de la Pierre brûlait son esprit et le maintenait en éveil, aiguisant sa volonté et le poussant à continuer.
Les sorciers s’aperçurent qu’une brume commençait à se répandre sur le sol, donnant à l’ensemble une ambiance sinistre et effrayante. Le soleil se couchait et éclairait les cimes des arbres de ses derniers rayons, ce qui ne faisait rien pour rassurer les sorciers. Ils entreprirent d’escalader la petite colline qui se trouvait devant eux, tout en se demandant d’où provenait la brume.
Et ils arrivèrent en haut de la colline.
Et le coeur de Harry se glaça d’effroi.
D’une taille défiant l’imagination, amas de roches noires, remplissant le ciel, la Montagne Noire se dressait devant lui. Elle était comme dans ses rêves. Plus noire que du charbon, les roches acérées et complètement nues, la cime qui se perdait dans les nuages. La Montagne de sa vision se tenait devant lui, à plusieurs kilomètres, séparé par une forêt remplie de brume. Le soleil couchant l’éclairait, mais on aurait cru que la Montagne absorbait la lumière comme un gouffre sans fond. Elle était finalement devant lui.
Autour de Harry, les trois Gryffondors et Fitius contemplèrent la Montagne Noire sans un mot, mais Ginny blêmit face à cette vision. Inconsciemment, Harry lui prit la main et se promit qu’elle ne mourrait pas. Tous savaient que la Montagne existait réellement, bien qu’au plus profond d’eux, ils avaient espéré qu’il ne s’agisse que d’un simple rêve. Mais se retrouver devant...
- C’est là...c’est là que je meurs, dit simplement Ginny.
- Non, souffla Harry.
- Nous n’y sommes pas encore, répondit Fitius. Il reste cette grande forêt à traverser, et les brumes qui l’habitent ne me disent rien de bon.
Il contempla de nouveau la Montagne Noire, imposante, dressée dans ces lieux perdus depuis la nuit des temps. Les nuages violets allaient dans sa direction, mais ils ne s’y arrêtaient pas. Ils poursuivaient leur course encore plus loin.
- Je n’étais pas dans ta vision, murmura-t-il.
Il regarda Harry et celui-ci secoua la tête. Fitius n’apparaissait à aucun moment dans la vision que Harry avait faite il y avait des mois. Cela signifiait-il qu’il devait mourir ? Que seuls Harry, Ron, Hermione et Ginny entrerait sous la Montagne Noire ? Et que seuls trois en ressortiraient ? Non. Harry ne pouvait pas y croire. Les sombres prédictions de Trelawney et de Firenze lui revinrent en tête, mais il les chassa. Le futur n’était pas écrit. Ils atteindraient la Pierre Originelle tous les cinq.
Fitius soupira et détacha son regard de la Montagne.
- Allons-y, dit-il.
Et ils descendirent la colline pour rentrer dans la forêt envahie par les brumes, sous la vigilance de la Montagne Noire qui se dressait au coeur des Terres Brumeuses.
Ma fic! ==> Harry Potter et la Pierre Originelle http://www.gazette-du-sorcier.com/potte ... hp?id=1193
Re: Harry Potter et la Pierre Originelle [Chap 47 + Epilogue]
Chapitre 42 La Forêt des Songes
Spoiler (cliquez pour révéler) : Les cinq sorciers descendirent rapidement la colline qui surplombait la forêt dont les hautes cimes se balançaient d’un air sinistre. Au fur et à mesure qu’il descendait, Harry voyait le haut de la Montagne Noire disparaître progressivement dans la mer d’arbres, mais elle était si haute qu’il l’aperçut jusqu’au tout dernier instant. Sitôt qu’ils pénétrèrent dans la forêt, la terrible vision disparut, comme un cauchemar oublié.
Voir la Montagne avait profondément choqué le groupe, en particulier Ginny, bien qu’elle ne le montre pas. C’est la tête lourde qu’elle marchait dans la forêt plongée dans la douce lumière dorée du crépuscule, et Harry se rapprocha d’elle pour la réconforter. Il ne lui dit rien mais lui serra la main, comme pour lui signifier que tout irait bien.
Au-dessus d’eux, les ombres se firent à nouveau plus rares. Quelques-unes volaient encore au-dessus de leur tête en ne leur témoignant aucun intérêt, ce que leur rendaient bien les cinq sorciers. Ils marchaient beaucoup plus lentement à présent, comme s’ils avaient ressenti une menace diffuse. Tous avaient leurs baguettes à la main. Ron et Ginny éclairaient les alentours, maintenant que le soleil était couché. Les brumes se faisaient de plus en plus épaisse ce qui n’arrangeait pas leur progression. Ils voyaient difficilement les fougères et les grandes fleurs qui se dressaient entre les arbres. Dans certains replis, le brouillard était si épais que les sorciers ne voyaient même pas leurs pieds.
- Vous savez ce que c’est ? demanda Harry. Un sortilège ?
- Non, répondit Fitius. Ca semble naturel.
- Et c’est dangereux ? interrogea Ron dont la blessure avait recommencé à saigner.
- Pas pour l’instant.
Ils poursuivirent leur progression, et Harry aperçu soudain un éclat doré au-dessus de lui. Il leva brusquement la tête mais il n’y avait rien, à part quelques feuilles qui s’agitaient sous une douce brise.
- Tu as vu quoi ? demanda Fitius qui avait remarqué le mouvement de Harry.
- Je ne sais pas, répondit lentement le Gryffondor.
Il regarda de nouveau les arbres alentour mais il n’y avait rien. Rien de doré en tout cas.
- Je l’ai sûrement imaginé, dit-il enfin.
La fatigue et la douleur qui lui cognait la tête lui avaient sûrement donné des visions. Cela faisait des heures qu’ils marchaient, et leur affrontement avec le dragon les avait épuisés. Il avait sûrement imaginé... Mais au même moment, il revit la même lueur dorée qui semblait voler parmi les arbres avant de disparaître derrière les feuillages.
Harry craignit un moment que le dragon ne soit revenu, mais vu la taille du monstre, ils l’auraient entendu avant de le voir. C’était sûrement autre chose, et qui ne voulait pas être vu. Harry était certain que cette fois, il n’avait pas rêvé. Il y avait bel et bien quelque chose qui volait autour d’eux. Il ne dit rien aux autres pour ne pas les inquiéter, mais il leva fréquemment les yeux parmi les cimes des arbres pour essayer de ré apercevoir le mystérieux phénomène.
Comme des longs doigts de spectre, les bancs de brume s’étendaient au-dessus du sol et entouraient les sorciers de toute part. Aussi curieux que cela puisse être, la brume semblait normale. Les sorciers ne ressentirent aucune peur et ne subirent aucune attaque de la vapeur qui remplissait les bois. Ils marchèrent tout de même avec une certaine appréhension pendant un bon moment, lorsqu’ils entendirent une branche craquer dans l’arbre situé en face d’eux.
Comme si c’était le signal que tout le monde attendait, les cinq sorciers pointèrent instantanément leurs baguettes en direction de la source du bruit et s’apprêtèrent à y déverser un déluge de sortilèges, mais Fitius leva la main pour indiquer aux Gryffondors d’attendre. Ginny et Ron murmurèrent « Nox » et toute lumière s’évanouit. Fitius s’avança prudemment de l’arbre, la baguette en l’air, le visage menaçant.
- Qui est là ? cria-t-il.
Ils entendirent un nouveau craquement puis une petite forme sombre dégringola et atterrit à quelques mètres de Fitius. Ron était si nerveux qu’il faillit envoyer un sort sur le mystérieux intrus, mais il se retint. Ce fut Hermione et Ginny qui refirent un peu de lumière pour contempler la créature.
Celle-ci, toujours sous la menace de la baguette de Fitius, regardait les sorciers de ses yeux intelligents. Elle était petite, pas plus grande qu’un elfe de maison, et se tenait actuellement sur ses quatre pattes, mais il ne faisait aucun doute qu’elle pouvait marcher sur ses deux pattes de derrière. Sa peau, faiblement éclairée à la lueur des baguettes, était d’un bleu foncé, tout comme sa queue semblable à celle d’un singe, sauf qu’elle se terminait par une touffe de poils noirs. Sur sa tête se trouvait une épaisse chevelure tout aussi noire, et qui cachait ses oreilles. Elle observait poliment les cinq sorciers et ne semblait pas agressive.
- Qui êtes-vous ? demanda Fitius en gardant sa baguette pointée sur la créature.
Aucune réponse.
- Vous me comprenez ?
La créature hocha la tête et un léger sourire se dessina sur son visage. Puis elle leur tourna le dos et leur fit un signe de la main pour les inciter à le suivre.
- Venez, murmura-t-elle dans une voix très douce mais également très ferme.
C’était une voix apaisante, pensa Harry, une voix qui incitait à la confiance. Et cela pouvait bien être une arme pour endormir leur vigilance.
- Venez, répéta la créature en agitant la main.
Les cinq sorciers se regardèrent un moment puis Fitius hocha la tête et suivit la créature bleue qui bondissait par petits sauts avant de marcher sur deux pattes, pour rebondir à nouveau.
- Drôle de créature, chuchota Ron aux oreilles d’Hermione. Tu en avais déjà entendu parler ?
- Non, répondit-elle.
- Je pense que personne n’en a entendu parler, dit Fitius. Je peux me tromper, mais je ne crois pas qu’elle soit dangereuse.
Il ne lâcha cependant pas sa baguette et il était prêt à agir. Ils suivirent la créature qui continuait à se déplacer très étrangement, alternant bonds et marche, et qui regardait fréquemment derrière elle pour voir si les sorciers étaient toujours là.
- J’espère qu’elle est amicale, dit Ron. Ca nous changerait pour une fois.
Après une dizaine de minutes, Harry aperçut de nouveaux mouvements dans les arbres. Il cru que la chose dorée était de nouveau là, mais il s’aperçut que d’autres créatures semblables à celle qui était devant lui, grimpaient avec agilité dans les branches. L’instant d’après, il fut certain d’avoir repéré de nouveau un éclat doré.
Ils marchèrent encore pendant une demi-heure, et il y avait à présent une cinquantaine d’êtres bleus qui les suivaient, soit en se balançant d’arbres en arbres, soit en trottinant derrière eux. Elles ne semblaient pas agressives. Les brumes environnantes étaient plus épaisses et plus hautes que jamais. Elles atteignaient presque le cou de Fitius et on aurait cru que sa tête flottait toute seule dans une mare. La vision était assez effrayante. Mais pour la première fois depuis des semaines, Harry se sentit parfaitement rassuré. Il sentait que ces créatures ne représentaient aucune menace. Peut-être même allaient-elles pouvoir les aider ?
Ils arrivèrent finalement dans une petite clairière. L’absence d’arbres rendait à nouveau visible la silhouette de la Montagne Noire, plus sombre que la nuit environnante. Elle était gigantesque et cachait tout le champ de vision. Harry étouffa un cri face à cette vue qui lui rappela soudainement que l’apparente tranquillité des lieux ne devait pas le faire oublier le danger dans lequel il était plongé avec ses camarades dans sa quête de la Pierre. Car après avoir traversé cette forêt de brume, ils allaient devoir faire face à la Montagne et affronter son terrible présage.
Au centre de la clairière brûlait un grand feu au sein d’une petite construction qui ressemblait au clocher d’une église. Tout était en bois et Harry se demanda comment le clocher faisait pour ne pas brûler également. Autour du bûcher se trouvaient une vingtaine de créatures bleues et elles furent vite rejoint par toutes celles qui suivaient les sorciers. Provenant des bois alentours, d’autres arrivèrent elles aussi. Il y en avait en tout une centaine, et elles étaient très semblables. Certaines paraissaient très vieilles, car elles avaient une barbe blanche qui traînait par terre. Elles regardaient les sorciers avec intérêt mais aucune surprise ne se lisaient dans leurs yeux.
Les sorciers se rapprochèrent du feu et l’une des créatures bleues s’avança près d’eux. Elle s’inclina légèrement et les sorciers, ne sachant pas quoi faire, l’imitèrent. Harry espéra qu’ils pourraient partir rapidement car il voulait rattraper Voldemort et Rogue avant qu’ils ne soient définitivement hors d’atteinte. La présence de la Montagne ne lui rappelait que trop bien qu’ils étaient très proches de leur but et que les deux mages noirs ne devaient sûrement pas s’arrêter pour reprendre des forces.
- Bienvenue, dit la petite créature dans cette même voix apaisante.
- Vous nous attendiez ? s’étonna Hermione.
L’être hocha poliment la tête.
- Est-ce que vous avez vu d’autres personnes ? s’empressa de demander Harry qui savait que ce n’était pas vraiment poli. Deux sorciers ?
Nouvel hochement de tête.
- Il y a combien de temps ?
- Ils sont passés ici il y a moins de cinq heures.
Cinq heures ! Cela fit l’effet d’un choc à Harry. Il regarda ses camarades qui avaient régi de la même façon. Leur retard avait fondu. Ils étaient tout juste derrière Voldemort et Rogue. Les deux mages noirs avaient apparemment évité le dragon mais le détour leur avait fait perdre de précieuses heures. La confiance revint brusquement, et s’il n’en tenait qu’à Harry, ils seraient déjà en train de reprendre la route.
- Mais ils ne se sont pas arrêtés, poursuivit la créature.
- Pourquoi ? demanda Ron.
- Nous ne les y avons pas invité.
- Et ils ne vous ont rien demandé ? s’étonna Harry.
- Nous avons la capacité de ne pas être vu si nous le voulons.
Harry regarda autour de lui et constata que toutes les créatures formaient un cercle autour d’eux pour écouter ce que les cinq sorciers avaient à dire, à moins que ce ne soit par pure politesse.
- Nous devons y aller, leur dit Fitius. Nous devons à tout prix rattraper ces deux sorciers.
Mais la créature leva une main apaisante.
- Vous les rattraperez, dit-il. Cette forêt est très particulière. Sa traversée sera bien plus longue pour eux que pour vous.
- Pourquoi ? demanda Harry.
Mais l’être le regarda poliment avec un sourire énigmatique.
- Approchez-vous, finit-il par dire.
Il se dirigea vers le feu et les sorciers sentirent un délicieux fumet titiller leurs narines. De la viande était en train de cuire au-dessus des flammes.
- Vous devez avoir faim, dit une autre créature d’une voix chevrotante.
Immédiatement, de la viande en grande quantité et un nectar jaune servi dans des coupes en bois fut présenté aux cinq sorciers. Tout semblait appétissant, surtout que les ventres des sorciers étaient désespérément vides. Mais Harry vit Fitius considérer toutes ces offrandes avec suspicion. Cependant, un sourire bienveillant que lui donna une créature, où perçait également une certaine forme de tristesse, chassa les doutes de l’esprit de Harry. Il mordit dans la viande à pleines dents et poussa un soupir de soulagement.
Fitius, Hermione, Ginny et Ron ne se firent pas prier. Ils mangèrent avec avidité et sans grande décence, mais cela ne sembla pas choquer les petites créatures qui les regardaient avec attention.
- Qui êtes-vous exactement ? demanda Hermione entre deux bouchées.
- Vous seriez incapable de prononcer notre nom, et ne pourriez pas vraiment l’entendre. Mais vous pouvez nous appeler Waliskhûr, répondit l’être qui les avait accueillis.
Harry aurait été de toute façon incapable de répéter le nom prononcé par la créature, mais il ne lui demanda pas de répéter.
- Et vous êtes là depuis toujours ? poursuivit Hermione.
- Nous ne comprenons pas véritablement le sens de votre question, répondit poliment le Waliskhûr. Mais nous sommes aussi ancien que cette Montagne, que ces Terres, et que ce que vous recherchez, si cela répond à votre interrogation.
Harry déglutit avec difficulté. Au-dessus de leur tête, la nuit était belle et les étoiles scintillaient paisiblement, bien que la moitié du ciel soit caché par la Montagne Noire.
- Qu’est-ce que vous pouvez nous dire là-dessus ? demanda Harry. Sur la Montagne et sur la Pierre ?
- Rien, car nous n’en savons rien. Vous venez de l’extérieur et vous avez vos propres raisons pour vous trouver ici, sachant que vous êtes les premiers êtres à marcher sur ces Terres depuis près de mille ans.
- Les Fondateurs, souffla Hermione.
- Ils ont soudain pris peur et sont partis, continua le Waliskhûr qui semblait le plus âgé. Et j’ajouterais que vous devriez faire de même, mais vous ne vous arrêterez probablement pas à de telles considérations si vous avez fait tout ce chemin jusqu’ici.
- Et ensuite ? demanda de nouveau Harry. Vous ne savez pas ce qu’il y a ?
Mais le Waliskhûr le gratifia de son plus énigmatique sourire.
- Nous sommes pressés, dit Fitius. Nous ne pouvons pas nous arrêter trop longtemps.
- Je comprends, répondit la créature. Bien que je vous aie dit que vous rattraperez ces deux sorciers en temps voulu. Vous feriez mieux de profiter de cette nuit pour vous reposer avant de repartir demain.
- Pourquoi vous nous aider ? s’étonna Ginny. Et pas Voldemort et Rogue ?
- Vous voulez parler de ceux que vous poursuivent ? demanda le Waliskhûr en haussant un sourcil. Parce que nous en avons fait le choix, même si vous ne pouvez pas le comprendre.
Harry préféra ne rien répondre. Peu lui importait des raisons qui avaient poussé les créatures à les aider du moment que Voldemort et Rogue n’avaient rien reçu. Mais il aurait préféré partir tout de suite et marcher toute la nuit s’il le fallait, bien que cela l’effrayait car il savait que la prochaine étape se trouvait sous la Montagne Noire. Pourtant, les paroles apaisantes des Waliskhûr eurent raison de l’impatience des sorciers et ils acceptèrent tous de passer la fin de la nuit dans ces bois avant de repartir.
Une fois qu’ils eurent bu et mangé à leur faim, les sorciers suivirent les Waliskhûr qui les emmenèrent à proximité d’un petit cours d’eau et qui était, lui aussi, rempli de brumes. L’herbe semblait épaisse et grasse, et le clapotis de l’eau était apaisant. Une légère brise agitait les feuilles des arbres, et n’eut été la Montagne Noire qui se dressait dans l’obscurité et qui obscurcissait leur coeur, tout les invitait à dormir.
Ils se couchèrent et se détendirent pour la première fois depuis l’affrontement avec le dragon. Après s’être assuré que les sorciers étaient correctement installés, les Waliskhûr les laissèrent seuls et retournèrent dans la clairière.
- Nous repartons demain dès le lever du soleil, annonça Fitius aux jeunes Gryffondors. Si tout se passe bien et si ce qu’ont annoncé ces créatures est exact, nous pourrions rattraper Voldemort et Rogue avant le coucher du soleil.
Personne n’ajouta quoi que ce soit à cette perspective angoissante.
- Apparemment, nous ne mettrons pas longtemps à traverser la forêt, finit Fitius.
- Vous savez ce qu’il y a dedans ? demanda Ron qui s’était redressé sur un coude. Le brouillard semble assez inoffensif.
- Je ne pense pas que nous rencontrions un quelconque danger, dit Fitius. Mais nous rencontrerons quelque chose, c’est sûr.
Ron grogna et se laissa retomber contre le sol. Rapidement, des ronflements ne tardèrent pas à s’élever, mais Harry sut qu’il n’était pas le seul à rencontrer des difficultés à trouver le sommeil. Fitius restait couché sur le dos, les yeux grands ouverts, à regarder les étoiles. Harry, lui, regardait la Montagne, et il lui fallut très longtemps avant de tomber dans le sommeil.
Celui-ci fut pénible et agité, puis Harry se retrouva de nouveau dans la salle bleue où le nain le regardait. Il sentit que quelque chose avait changé depuis son dernier rêve, mais il n’aurait pas su dire quoi. Peut-être était-il plus excité en se disant qu’il se rapprochait de plus en plus. Quoi qu’il en soit, le nain ne dit rien et lui sourit, puis Harry leva brusquement les yeux. Devant lui se tenait Lord Voldemort, plus pâle qu’un spectre, ses yeux plus rougeoyants que jamais, sa baguette magique à la main. Harry poussa un cri et se réveilla en sursaut.
Sous ses yeux scintillaient les étoiles. La lune était haute dans le ciel et aucun Waliskhûr n’était visible. Harry tenta de calmer sa respiration saccadée et de chasser l’horrible visage de Voldemort qui continuait de flotter devant lui. Il regarda si Fitius était réveillé, mais même lui semblait dormir profondément. Harry ferma les yeux. Il n’arrivait toujours pas à s’habituer à ces rêves, et Voldemort avait sembler plus réel que jamais. Il se demanda ce que cela signifiait. Fallait-il y voir un mauvais présage ? Ou bien allaient-ils atteindre la Pierre Originelle tous ensemble ?
Harry secoua la tête et se leva. Il fut saisi d’un bref vertige et il s’éloigna du groupe qui continuait à dormir paisiblement. La douleur lui vrillait la tête. Il s’accroupit près du ruisseau et passa un peu d’eau froide sur son front brûlant. Il trembla. Pour la première fois, il s’était senti en danger dans la salle bleue. Normalement, il n’avait jamais été inquiet et la présence du nain était rassurante. Mais cette fois-ci, il avait ressenti l’existence d’une menace. Sans doute était-ce dû à Voldemort, mais il pensait cependant qu’il y avait également autre chose. Il continua à marcher le long du ruisseau pour se calmer.
Des arbres s’alignaient dans l’herbe et trempaient leurs longues racines dans l’eau. La brume, de plus en plus épaisse, continuait à l’élever et se répandait dans les alentours. Harry préféra ne pas aller plus loin, de peur de se perdre, et fit demi-tour pour rejoindre les autres. Mais au même moment, Harry vit une silhouette devant lui. Ce n’était qu’une forme sombre dans le brouillard. Il s’approcha et lorsqu’il fut suffisamment près, la silhouette se tourna et il vit qu’il s’agissait de Ginny.
- Ginny ? s’étonna-t-il. Qu’est-ce que tu fais ici ?
Il croyait l’avoir vu dormir avec les autres mais il n’en était plus trop sûr. Il se rapprocha d’elle.
- Je réfléchissais, répondit-elle doucement.
Elle s’approcha également et tous les deux se regardèrent, immobiles, leurs visages éclairés par la lune.
- Si jamais il m’arrivait quoi que ce soit dans la Montagne, commença-t-elle, promets-moi...
- Il ne t’arrivera rien, la coupa Harry.
- Tu l’as vu dans ton rêve.
- Et je n’y avais pas vu Fitius, pourtant, il est ici, avec nous, insista Harry.
Ginny ne répondit rien mais le regarda tristement.
- Je suis certain qu’il ne va rien se passer, affirma Harry qui sentait au fond de lui-même qu’il mentait. Tu verras.
Mais il se rappelait Trelawney qui lui avait soutenu que quoi qu’il fasse, ses actions le mèneraient à accomplir sa vision. Pourtant, dans le calme qui l’environnait, Harry ne pouvait pas imaginer que quoi que ce soit puisse arriver à celle qu’il aimait.
- Si malgré tout je devais mourir, répéta-t-elle, tu dois me promettre de continuer.
- Ginny, je...
- Promets-moi.
Harry soupira et regarda ailleurs.
- Très bien, dit-il finalement. Je te le promets.
Ginny sourit, mais son sourire n’était que tristesse. Le coeur de Harry se remplit de peine. Il approcha la main pour lui caresser le visage, mais au moment où il l’atteignit, elle disparut dans une brume argentée, s’évanouissant comme s’il s’était agi d’un mirage. Harry sursauta et regarda autour de lui, mais il n’y avait plus personne. Il était seul, avec ses doutes et ses peurs, au milieu des brumes tandis que la lueur du soleil apparaissait à l’horizon en voilant les étoiles.
Ce n’était qu’une apparition, une simple illusion. Pourtant, Harry sentait que c’était bien plus qu’une illusion. Cette forêt était étrange et la brume n’en était pas réellement. Il ne savait pas trop quoi penser des paroles de cette fausse Ginny. Peut-être avait-il tout imaginé ? Avec un soupir, il fit demi-tour et retourna auprès de Ron, Hermione et Ginny qui dormaient toujours et de Fitius qui était réveillé.
Il ne posa aucune question sur les raisons de son absence. Il se contenta de le regarder en silence, la mine sombre. Puis les trois Gryffondors se réveillèrent un à un, baillant et grimaçant, en aillant encore l’air endormi.
- Ca va Harry ? demanda Hermione qui avait remarqué la pâleur du visage de Harry. On dirait que tu as vu un fantôme ?
Il se dit qu’elle n’était pas tombée bien loin, mais il se contenta de grogner en haussant les épaules. Il ne voulait surtout pas parler de ce qu’il avait vu dans son rêve ou près du ruisseau. De toute façon, le rêve de la salle bleue n’aurait rien apporté. Il avait été très court et le nain ne lui avait rien dit. Ca n’aurait fait qu’inquiéter les autres. Quant au ruisseau, il se sentait encore mal rien que d’y penser.
- Tu es sûr que ça va ? redemanda Ginny.
- Ca va, répondit Harry en la prenant par la main pour voir si ce n’était pas encore une vision.
Mais c’était bien elle.
- J’ai juste mal dormi, expliqua-t-il.
Les autres préférèrent ne rien ajouter mais ils lui jetèrent de fréquents coups d’oeil comme s’ils s’attendaient à ce qu’il s’évanouisse.
- Il est temps d’y aller, annonça Fitius. Nous avons tous repris des forces et j’espère que nous atteindrons rapidement la fin du bois.
- Nous pourrions peut-être emmener des provisions, suggéra Hermione.
- C’est déjà fait.
Ils vérifièrent qu’ils n’avaient rien laissé derrière eux, puis ils se dirigèrent vers la clairière où avait brûlé le feu des Waliskhûr.
- Nous pourrions les remercier, ajouta Hermione.
- Nous les remercions, et nous y allons, insista Fitius. Les nuages n’attendent pas.
Il leva la main en direction du ciel où les nuages violets continuaient à filer en direction de la Montagne. Ils ne fallu pas longtemps aux sorciers pour atteindre la petite clairière, mais lorsqu’ils arrivèrent, ils ne virent pas le moindre signe des Waliskhûr ou du bûcher, ou de quoi que ce soit qui montrent qu’une centaine de créatures s’étaient tenues ici, hier soir.
- Où sont-elles passées ? demanda Ron, l’air étonné. Il n’y a plus rien.
Fitius se dirigea vers l’endroit où s’était élevé le bûcher, mais il ne vit pas la moindre cendre. Il regarda en direction des arbres, mais il n’y avait rien.
- Ils sont partis ? s’étonna Ginny.
- Cette forêt est étrange, murmura Fitius.
Il jeta un dernier coup d’oeil à la clairière puis se tourna vers les Gryffondors.
- Nous ferions mieux de partir. Il n’y a plus rien pour nous ici.
Puis, sa longue cape noire flottant derrière lui, il se dirigea droit sur la silhouette de la Montagne Noire qui se dressait au-dessus de leurs têtes, rapidement suivi par les Gryffondors. Ils s’engouffrèrent de nouveau dans la forêt envahie par les brumes au moment où le soleil commençait à éclairer le centre de la clairière. Ils n’entendaient plus aucun bruit suspect et ne virent aucune créature dans les bois.
Ils marchèrent ainsi pendant une demi-heure lorsque les brumes devinrent si denses qu’ils ne parvenaient même plus à voir devant eux. Ils évitaient les arbres au tout dernier moment, et la lumière qui sortaient de leur baguette ne perçait en rien le brouillard. Rapidement, ils ne virent plus que des silhouettes devant eux à la place de leurs compagnons, comme des spectres décharnés, et lorsque Harry les appela pour leur demander de se regrouper, sa voix lui paru comme étouffée. Il cria de toutes ses forces, mais le son semblait ne plus se propager dans ces brumes.
Il s’arrêta, en proie à un début de panique, et regarda autour de lui. Il ne vit plus personne.
- Ron ! hurla-t-il. Hermione !
Il fit quelque pas devant lui mais il ne savait plus où il se dirigeait.
- Ginny ! Fitius ! Vous êtes où ?
Il n’eut aucune réponse. Il leva la tête pour apercevoir les nuages, mais le ciel était complètement invisible. Il n’aperçut pas la silhouette de la Montagne. Il était seul et complètement perdu dans la brume. Il ne se laissa pas abattre pour autant, et commença à courir dans la direction qu’il croyait être celle qu’il suivait au début.
- Ginny ! Fitius ! s’égosilla-t-il. Vous m’entendez ?
Mais personne ne lui répondit. Le rythme de son coeur s’accéléra et il commença à prendre peur. Comment allaient-ils faire s’ils étaient tous perdus dans cette purée de pois ? Combien de temps mettraient-ils pour se retrouver, s’ils arrivaient à se retrouver ? Et s’ils croisaient Voldemort et Rogue ? Les créatures avaient dit que les deux mages noirs mettraient plus de temps à traverser la forêt. Peut-être y étaient-ils encore ?
Il couru de plus en plus vite à mesure que les cheveux sur sa tête se dressaient. Puis il vit enfin deux silhouettes sur sa droite. Prudent, il leva sa baguette et s’approcha. Ce fut seulement lorsqu’il fut à moins de deux mètres d’eux qu’il s’aperçut qu’il s’agissait de Ron et de Ginny. Il poussa un soupir de soulagement et ils furent également heureux de le voir.
- Harry ! s’écria Ginny. Tu étais où ?
- Juste derrière vous, répondit-il. Vous savez où sont les autres ?
- Non, répondit Ron. J’ai perdu de vu Hermione il y a cinq minutes, et on s’est aperçu avec Ginny qu’on ne te voyait plus, toi et Fitius.
Harry regarda autour de lui comme s’il s’attendait à voir une indication lui indiquant le chemin à suivre.
- Il faut les retrouver et ne pas se séparer, dit Harry. On va forcément tomber sur eux.
Mais il n’en était pas si sûr. Ils prirent la même direction que celle qu’avait choisi Harry et marchèrent à un rythme soutenu. Ils regardaient dans les moindres recoins pour tenter d’apercevoir une silhouette humaine, mais tout ce qu’ils voyaient n’était qu’un brouillard opaque.
- J’espère qu’Hermione va bien, dit Ron où on sentait une pointe de panique.
- Elle va bien, le rassura Harry. On va la retrouver.
Mais ils durent marcher encore un bon quart d’heure avant que Ginny percute quelqu’un. La brume formait un tel rideau que les trois Gryffondors n’avaient rien vu. Ils pointèrent tous les trois leur baguette sur l’inconnu en la menaçant.
- C’est moi, répondit une petite voix qui semblait émerger du brouillard même.
- Hermione ! cria Ron en l’aidant à se relever et en la prenant dans ses bras. Ca va ?
- Ca va. Je me suis perdu, bredouilla-t-elle. J’ai regardé autour de moi et il n’y avait plus personne.
- Nous aussi, la rassura Ron.
- Il ne reste plus qu’à retrouver Fitius, dit Harry. Restons groupé, il faut que tout le monde puisse voir les trois autres.
Ils agréèrent et reprirent la même direction que celle qu’ils suivaient depuis le début. Marcher dans ce brouillard était vraiment étrange, tout semblait irréel à travers les ombres. Pourtant, le sol sur lequel marchait Harry était bien là, et il savait que la Montagne Noire qui se dressait non loin n’avait rien d’irréel.
- Je n’ai jamais vu un tel brouillard, murmura Ginny.
Le silence était absolu. Harry se frotta les oreilles avec force car il crut un moment qu’elles étaient bouchées. Mais c’était sûrement le brouillard, se dit Harry. Il ne fallait pas s’inquiéter. Paniquer ne les entraînerait qu’à la mort. Ils marchèrent ainsi pendant une demi-heure, et enfin, comme par miracle, la brume commença à devenir moins dense.
Progressivement, ils virent plus d’ombres d’arbres autour d’eux et elles étaient plus nettes. On ne pouvait toujours pas apercevoir le halo du soleil au-dessus de leurs têtes, mais il n’y avait aucun doute quant à la dissipation des brumes. Et les arbres se faisaient également moins nombreux. Les quatre Gryffondors commencèrent à accélérer, motivés quant à la perspective de sortir de ces brumes. Celles-ci restaient de nouveau sur le sol, et les sorciers purent voir enfin devant eux. Et ils n’en crurent pas leurs yeux.
Ils étaient arrivés à l’orée du bois, et juste en face, ils virent une cabane. Mais c’était une cabane qu’ils connaissaient bien.
- La cabane de Hagrid, souffla Harry.
Il s’approcha. Il n’y avait aucun doute. C’était bel et bien la cabane de Hagrid. Tout était plongé dans la pénombre, et les brumes serpentaient sur le sol comme des serpents.
- Qu’est-ce qu’elle fait là ? s’étonna Hermione. On n’est quand même pas...de retour à Poudlard ?
Mais Harry ne répondit rien. Il sentait le sang battre violemment dans ses veines et il se mit à courir, puis il contourna la cabane de Hagrid. Il stoppa net. Le château de Poudlard se dressait devant lui, envahi par les brumes. Mais il était ravagé, comme lorsque Harry l’avait vu de loin, après la bataille. De nombreuses tours s’étaient effondrées et gisaient sur le sol, ayant emporté dans leur chute des pans entiers de mur. La grande porte d’entrée était éventrée, et aucune lumière ne sortait des fenêtres qui étaient encore intactes. Les traces de combat étaient encore visibles, et le parc était en ruine. Il avait l’air sinistre. Harry avança l’air hagard, incapable d’en croire ses yeux. Comment pouvait-il être à Poudlard ?
- C’est impossible, murmura Ginny. On n’a pas pu revenir...
Lentement, les quatre Gryffondors se dirigèrent vers le hall d’entrée qui était en ruine. Dans nappes de brume le remplissaient et montaient dans les étages ou descendaient dans les souterrains. Sur leur droite, le plafond magique de la Grande Salle s’était effondrée et les débris jonchaient le sol. Mais il n’y avait aucun corps, que ce soit de sorciers, de gobelins ou de Krosters.
- Vous comprenez quelque chose ? demanda Hermione.
Les quatre jeunes sorciers secouèrent la tête et continuèrent à avancer en grimpant les étages et en se dirigeant sans vraiment le vouloir, mais plus comme une ancienne habitude, vers la salle commune des Gryffondors. Il n’y avait personne, même les tableaux étaient vides. Ils marchèrent dans les couloirs détruits, et lorsqu’ils arrivèrent devant le portrait de la grosse dame, vide lui aussi, le passage était dégagée. Prudemment, Harry entra et il se protégea soudainement avec ses mains. A l’intérieur se trouvait un gigantesque brasier. La chaleur était si intense qu’il du reculer de plusieurs mètres.
Toute la salle était en feu, mais il y avait également une horrible odeur de chair brûlée. Avec terreur, Harry s’aperçut que des corps se trouvaient dans le feu par centaine et qu’ils montaient jusqu’au plafond. Il sentit ses entrailles se changer en plomb lorsqu’il aperçut dans les flammes les visages grimaçants de personnes qu’il connaissait. Il fit brusquement demi-tour pour sortir de ce lieu. Mais Hermione, Ginny et Ron, juste derrière lui, ne manifestaient aucune émotion. Ils restaient côte à côte, debout, à regarder le brasier, presque avec résignation.
Alors Harry se rendit compte que le bruit environnant commençait à s’estomper, comme si quelqu’un avait diminué le volume d’une radio. Et les alentours devenaient de plus en plus flou. Il s’approcha pour toucher Ginny, mais brusquement, tout s’évanouit en une brume argentée. Il se retrouva alors dans la forêt, seul. Il n’y avait plus la moindre trace de Poudlard, ni du brasier, ni de Ron, Ginny ou Hermione.
Il regarda autour de lui, et il comprit que c’était le même phénomène qu’il avait rencontré ce matin. Tout était faux. Il soupira, heureux que rien n’ait été vrai, ni le retour à Poudlard, ni l’horreur de la salle commune. Mais ce qu’il avait vu l’avait profondément choqué, et c’est en frissonnant qu’il reprit sa route en suivant les nuages qui étaient de nouveau visibles dans le ciel.
A présent que la brume se faisait plus isolée, il put avancer rapidement et il ne tarda pas à entendre les cris de ses amis. En moins de cinq minutes, ils se retrouvèrent tous les cinq. Ils n’étaient en fait qu’à quelques centaines de mètres les uns des autres. Tous étaient blancs et Ginny était secouée de frissons.
- J’étais à Poudlard ! s’exclama Ron en les voyant. On était tous revenu à l’école !
- Moi aussi ! dit Hermione. Mais vous avez tous disparu. Tout s’est évanoui.
- Est-ce que vous avez vu..., commença Ginny, des choses horribles ?
Tous hochèrent la tête, mais personne ne raconta ce qu’il avait vu. Fitius ne dit pas un mot, mais son visage était effrayant. Personne n’osa lui demander où il s’était retrouvé ni ce qu’il avait rencontré, mais Harry soupçonnait que ce devait être bien pire que ce que lui-même avait vu. Ils restèrent un moment sans parler, à essayer de se calmer. Les illusions qu’ils avaient rencontrées dans les brumes les avaient choqués. Mais l’heure tournait.
- Allons-y, dit finalement Fitius dans une voix rauque.
Ils se remirent péniblement en marche, et ils essayèrent de chasser de leur tête les horribles images auxquelles ils avaient été confrontées. Fitius semblait vraiment mal en point. Ce qu’il avait vu l’avait affaibli. Harry se demanda ce qu’avaient du affronter Voldemort et Rogue dans les brumes, et s’ils y étaient encore. Il ne comprenait toujours pas ce qu’était cette forêt. Elle lui avait montré Ginny, belle et triste, et Poudlard dévasté avec une scène de carnage. Harry essaya de se vider la tête. Ils étaient passés et ils n’avaient plus à s’en soucier.
La brume commença à disparaître, ne subsistant plus que par poches isolées. Les cinq sorciers allaient enfin sortir de la forêt.
Ma fic! ==> Harry Potter et la Pierre Originelle http://www.gazette-du-sorcier.com/potte ... hp?id=1193
Re: Harry Potter et la Pierre Originelle [Chap 47 + Epilogue]
Chapitre 43 Combats et destinées
Spoiler (cliquez pour révéler) : La forêt se faisait bien moins dense maintenant que la brume disparaissait. Harry, Fitius, Hermione, Ginny et Ron marchaient rapidement, leurs baguettes en main, et observaient fréquemment les environs. Il y avait très peu de bruit, mis à part des feuilles qui se détachaient des arbres et flottaient vers le sol ou alors les bruissement des branches sous le vent. Tout semblait tranquille.
Ils apercevaient par moment la forme de la Montagne Noire entre les feuilles des arbres, mais ils devraient sortir véritablement de la forêt pour pouvoir la voir dans toute sa grandeur. Fitius avait supposé qu’il leur faudrait encore un ou deux jours de marche avant de voir la fin de la forêt, en supposant qu’ils ne rencontrent aucun obstacle et qu’ils ne fassent aucun détour. Tous attendaient et redoutaient ce moment
Le groupe était silencieux. Personne n’osait véritablement parler. Ils marchaient perdus dans leurs pensées, Harry se repassant sans cesse le rêve qu’il avait fait il y a des mois de cela. Les autres avaient encore en mémoire les terribles visions rencontrées dans les brumes. Les heures passant, ils réussirent à évacuer ces souvenirs pour revenir à l’instant présent. Ils préféraient se concentrer sur ce qui allait venir et de toute manière, le rythme imposé par Fitius les empêchait de toute façon d’échanger des paroles. Il allait bon train et il les encourageait fréquemment. Les pauses étaient rares et ne survenaient que lorsqu’ils ne pouvaient plus avancer.
Plusieurs fois, ils entendirent des bruits dans les arbres ou derrière eux, mais lorsqu’ils se retournaient, il n’y avait plus rien. Harry se demanda si les Waliskhûr avaient véritablement existé ou si eux n’étaient qu’une brume argentée. Cela n’avait plus grande importance, mais il préférait penser à cela plutôt qu’à ce qui les attendait. Il voulait poser la question aux autres lorsqu’il aperçut un éclat doré au-dessus de sa tête. Cette fois-ci, l’éclat ne disparut pas. Au contraire, il se faisait plus intense et grossissait. Harry put alors contempler la créature qui volait majestueusement entre les arbres et qui descendait doucement vers lui.
C’était un phénix, très semblable à celui qui avait autrefois appartenu à Dumbledore. Son beau plumage rouge et or brillait au soleil comme du métal, et sa longue queue composée de grosses plumes dorées flottait tel un nuage. Son bec fin semblait fait d’argent, et lorsqu’il s’ouvrit, le phénix entama un chant tout aussi triste que magnifique, et il redonna du courage aux sorciers.
Ils s’étaient tous arrêtés et contemplaient avec des yeux ronds la magnifique créature qui chantait pour eux tout en s’approchant du sol. Son chant était tantôt lent, tantôt rapide, mais il était toujours reposant et réconfortant. A aucun moment, ils ne soupçonnèrent que cela pouvait être un piège. Pour eux, un chant aussi beau ne pouvait pas être imité par une créature maléfique.
- Vous croyez que c’est une illusion ? demanda Ron.
- On va vite le savoir quand il me touchera, répondit Harry qui ne quittait pas le phénix des yeux.
Il continuait à voler et à chanter, puis lorsqu’il fut à quelques mètres de Harry, il plia ses ailes d’or et se posa avec douceur sur l’épaule du jeune Gryffondor. Et il ne se transforma pas en brume argentée. Harry tendit la main et le phénix se laissa caresser. Il fixait chacun des sorciers de ses yeux perçants où brillaient l’intelligence et la compassion. Ce fut comme si toutes les horreurs qu’ils avaient vues dans la brume s’évanouissaient soudain, remplacées par le chant du phénix.
- Pourquoi est-ce qu’il est venu ? s’étonna Hermione. Normalement, les phénix sont très solitaires et ne s’approchent jamais des sorciers.
- Nous ne sommes pas n’importe où, lui rappela Fitius qui contemplait également le phénix. Peut-être a-t-il senti que nous avions besoin d’aide.
Les uns après les autres, les sorciers s’approchèrent de Harry et caressèrent le phénix qui était sur son épaule et qui continuait de chanter. Il ne manifestait aucune peur. On aurait dit que le phénix avait attendu leur venue depuis toujours. Sans même réellement réfléchir, Harry avait décidé qu’il l’appellerait Phélos. Il ne savait pas pourquoi, mais il sentait que ça lui allait bien.
- Il nous suit depuis qu’on est entré dans la forêt, dit-il aux autres. J’avais aperçu un éclat doré parmi les arbres.
Il aurait préféré que le phénix se montre dès le début. Il aurait aimé bénéficier de sa présence dans les brumes mais il était tout de même heureux qu’il soit venu vers eux.
- J’espère qu’il va rester, dit Hermione. Il pourra sûrement nous aider. Les phénix sont très intelligents.
Le phénix cessa alors de chanter et ferma les yeux. Immédiatement, les sorciers sentirent un vide au plus profond d’eux et que la musique remplissait. Mais la simple vue du phénix suffit à ranimer leur courage. Phélos étendit alors ses ailes, et s’envola en exerçant une légère pression sur l’épaule de Harry. Les sorciers le regardèrent s’envoler avec inquiétude, de peur qu’il ne parte. Mais Phélos resta au-dessus de leurs têtes et reprit son chant tout en les invitant à le suivre le long du chemin qu’indiquaient les nuages.
Suivre le phénix était bien plus facile que de marcher seuls dans la forêt. Le chant décupla leurs forces et, bien qu’ils ne le sachent pas, Voldemort et Rogue n’avaient qu’une poignée d’heures d’avance. Ils avaient erré des jours durant dans la forêt, et aucun phénix n’était venu auprès d’eux. Harry, Fitius, Hermione, Ginny et Ron sentaient qu’ils se rapprochaient vraiment.
- Harry, tu pourrais utiliser le sortilège des Fondateurs ? lui demanda Hermione. J’aimerais voir où on en est.
Harry s’arrêta pour lancer le sort et Phélos s’arrêta pour les attendre tout en regardant avec attention ce qu’ils faisaient. La baguette de Harry pointa exactement la direction qu’ils suivaient avant d’osciller. A présent, elle faisait presque un tour complet sur sa main. On aurait dit une boussole qu’on aurait approchée trop près d’un aimant. La baguette semblait folle.
- Nous sommes très proches à présent, murmura Fitius. Peut-être est-ce juste derrière la Montagne.
Ils savaient qu’ils parlaient de la Pierre. Ils se regardèrent tous en silence et sursautèrent lorsque Phélos glissa au-dessus de leurs têtes pour les ramener à la réalité. Les cinq sorciers reprirent alors leur route, derrière le phénix.
Ils marchèrent toute la journée et la Montagne Noire était si imposante qu’elle ne semblait pas se rapprocher. Le phénix volait majestueusement et lorsqu’il sentait que les sorciers étaient épuisés, il chantait en douceur. Lorsque le soleil se fut couché et que la forêt fut plongée dans les ténèbres, ils s’arrêtèrent mais ne firent pas de feu, de peur que Voldemort et Rogue puissent l’apercevoir. Phélos se posa près d’eux et mit sa tête au creux de son aile. Les sorciers mangèrent les provisions qu’avait constitué Fitius la veille, burent un peu d’eau, puis se couchèrent. Ils étaient tous épuisés.
Après en avoir rapidement discuté, les quatre Gryffondors pensèrent qu’il n’y aurait pas besoin de monter la garde en raison de la présence de Phélos. Mais Fitius n’était pas de cet avis.
- Il serait stupide de tout gâcher alors que nous sommes si proches de la fin, leur dit-il gravement. D’avoir fait tout ce chemin pour se faire tuer dans notre sommeil si près de la Pierre.
- Mais Phélos..., commença Ron.
- Nous avertirait probablement, finit Fitius. Mais je préfère ne pas prendre le risque. Il faut que l’un de nous reste éveiller. C’est ce que nous avons fait depuis des semaines. Si vous voulez, je veillerai toute la nuit.
- Il faut aussi vous reposer, protesta Harry.
Les paroles de Fitius semblaient évidemment bien plus sages et sensées que celles des Gryffondors.
- Alors on va faire comme d’habitude, continua-t-il. On montera la garde à tour de rôle.
Après être tombés d’accord là-dessus, ils s’endormirent immédiatement, sous la vigilance de Fitius et de Phélos dont le sommeil n’en était pas vraiment un. De manière assez surprenante, la nuit de Harry se passa dans le calme. Il n’eut aucun cauchemar ni aucun rêve bizarre de la salle bleue. Il dormit paisiblement et il allait s’en étonner le lendemain matin. C’était la dernière nuit qu’il passait de ce côté de la Montagne Noire.
Ce fut Ron qui monta la dernière garde, le visage dur et tous ses sens en éveil. Il réveilla ses compagnons avant que le soleil ne soit levé et Phélos les accueillit avec un chant. Combiné à un bon petit déjeuner qui se composaient des restes de la veille, ils furent fins prêts à repartir alors que la forêt était encore assoupie dans la pénombre.
Une nouvelle fois, Phélos les guida. Il chanta longuement au fur et à mesure que la Montagne Noire approchait. Les arbres se faisaient moins fréquents et la silhouette de la Montagne se dressait devant eux jusqu’aux nuages, bien que sa base ne soit toujours pas visible. Sa base et son entrée qui ressemblait aux bouches de l’enfer, se rappela Harry qui l’avait vue dans sa vision. Il y était avec Ginny, Hermione et Ron. Et ils y avaient trouvé Rogue. Et cette fois-ci, qu’allait-il faire ?
Harry se demanda s’il n’allait pas marcher tout seul vers le gouffre qui menait au coeur de la montagne et s’il n’allait pas y descendre sans ses compagnons. Mais cela ressemblerait à une tentative de changer le futur, se dit Harry. Tentative qui ne ferait que provoquer la mort de Ginny. Et Fitius ? Harry voulait lui dire de rester en arrière, de ne pas s’approcher de la Montagne pour que cela soit cohérent avec son rêve. Il voulut le lui dire mais il fut bientôt tiré hors de ses pensées.
Au-dessus d’eux, Phélos le phénix avait brusquement interrompu son chant et avait lancé un cri perçant. Les sorciers regardèrent autour d’eux et ne virent rien. Mais Phélos continuait à les mettre en garde et décrivait des ronds dans le ciel.
- Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Ginny.
- Vous voyez quelque chose ? s’étonna Ron.
- Soyez sur vos gardes, dit Fitius. Il a sûrement repéré un danger.
Quelques minutes passèrent sans que rien ne se passe, puis Fitius vit des formes se déplacer rapidement non loin d’eux. Devant les sorciers se ruait une meute de créatures repoussantes qui n’avaient rien d’amicales. Ils n’avaient rien entendu, pas même Fitius, et ce n’était pas étonnant.
Les créatures se déplaçaient sans un bruit, malgré leurs deux puissantes pattes de cinquante centimètres de haut. Elles étaient recouvertes d’écailles vertes et marrons qui se fondaient dans le feuillage des arbres. Leur tête hideuse exhibait une mâchoire garnie de dents acérées, et une sorte de carapace pendait à l’arrière et tombait sur leur corps. Lorsqu’elles s’aperçurent que leurs proies les avaient repérées, elles poussèrent une sorte de caquètement aigu et claquèrent des mâchoires.
Il y en avait une vingtaine, et si Phélos n’avait pas été là, les sorciers les auraient aperçues au dernier moment, bien trop tard pour réagir. Le phénix poussa un cri perçant qui fit frémir de peur les créatures. Elles semblèrent hésiter un moment puis reprirent leur course en ouvrant leurs mâchoires.
Les quatre Gryffondors commencèrent à lancer des sortilèges sur les bêtes, mais elles étaient encore trop loin et les éclairs rouge et vert n’eurent aucun effet mis à part celui de les énerver. Fitius pointa sa baguette au centre de la meute et commença à bouger les lèvres. Harry n’entendit pas ce qu’il disait mais il reconnu le mouvement de baguette, le même que celui utilisé par Maugrey dans les souterrains du manoir des Malefoy.
Comme si les créatures avaient compris ce qui se passait, elles se dispersèrent à une vitesse stupéfiante. Le sortilège d’un blanc éclatant sortit de la baguette de Fitius et fit dresser sur leurs têtes les cheveux des Gryffondors. En silence, le rayon de lumière d’une pureté éclatante fila droit sur le monstre de tête. La puissance du sort fut si violente qu’une dizaine de créatures furent projetées dans les airs et qu’un vaste nuage de poussière s’éleva. L’arbre le plus proche fut secoué violemment par l’onde de choc et vacilla sur sa base. Un profond cratère éventrait à présent la forêt et plus furieuses que jamais, les bêtes se rapprochaient, bien décidées à tuer les sorciers.
- Attaquez-les ! cria Fitius. Ne les laissez pas vous toucher !
-
Les cinq sorciers firent pleuvoir un déluge de sortilèges sur la dizaine de monstres restant mais ils avaient du mal à viser. Lorsque Harry lançait son sortilège sur une créature, celle-ci se déplaçait si vite qu’elle arrivait à éviter le sort. Ils parvinrent tout de même à en toucher quelques unes qui furent fauchées en pleine course. Elles s’étalaient sur le sol, agitant leurs deux pattes griffues avant de s’immobiliser dans un râle abominable. L’une d’elle surprit Harry en venant brusquement sur sa gauche. Il pointa sa baguette.
- Sertus ! rugit-il.
Sa baguette cracha un sort de foudre et atteignit la bête en pleine tête. Elle explosa littéralement et le monstre décapité s’effondra par terre. Les sortilèges volaient en tout sens à mesure que les créatures se rapprochaient. Certains filaient dans les arbres et enflammaient les branches. Et plusieurs frappèrent le tronc de l’arbre endommagé. Il lâcha soudainement et le géant de bois commença sa lente chute, vainement freiné par les autres arbres.
Ron était si occupé à viser les créatures qu’il ne vit pas qu’il était sur la trajectoire de l’arbre. Harry suivit des yeux l’arbre puis fonça sur Ron. Il le força à s’éloigner avant de se jeter par terre avec Ron à ses côtés. Dans un vacarme épouvantable, le tronc percuta le sol en soulevant quantité de terre. Plus personne ne put voir ce qui se passait avant que le nuage de poussière ne retombe. L’arbre s’étendait à présent entre le groupe de sorciers et les créatures qui avaient survécues et donc certaines s’étaient fait aplatir par le tronc.
Ron bredouilla un remerciement et se remit rapidement debout. Les créatures n’étaient plus qu’à une dizaine de mètres et les sorciers reculèrent précipitamment. Elles étaient protégées par l’immense arbre couché sur le sol mais elles commençaient à en escalader le tronc.
Phélos qui poussait de temps à autre des cris perçants piqua sur l’une des bêtes et son puissant bec lui trancha la gorge. Un flot de sang en jaillit mais pas une goutte ne vint salir le pelage du phénix. Les bêtes hurlaient de colère et sautaient pour tenter de l’attraper mais il reprit de l’altitude et entama son chant.
Il restait encore sept bêtes, parmi les plus agiles et les plus dangereuses de la meute. Elles arrivèrent en haut du tronc et l’une d’elle fut touchée par trois sortilèges. Elle s’écroula sur place et glissa de l’autre côté de l’arbre. Comme si les autres créatures savaient que Fitius était l’élément le plus mortel du groupe, elles tournèrent vers lui leurs têtes hideuses et caquetèrent. Elles fondirent sur lui, et l’une d’entre elle s’écroula sur le sol quand elle fut touchée par les sorts combinés des Gryffondors. Fitius agita sa baguette et une autre créature explosa, répandant ses restes autour d’elle.
Pris de panique en voyant les quatre monstres à quelques mètres de Fitius qui continuait à reculer et dont les yeux reflétaient une soudaine peur, les Gryffondors redoublèrent leurs sortilèges, mais ils craignaient de viser Fitius. Le sorcier fit apparaître un bouclier argenté devant lui et trois créatures se brisèrent dessus, leurs mâchoires n’arrivant pas à percer les défenses. Mais la dernière contourna la protection et ses dents acérées frappèrent violemment Fitius, mordant son cou et son épaule. Il poussa un hurlement de douleur mais la bête s’acharnait sur lui. Rugissant de peur et de rage, les Gryffondors parvinrent à abattre une créature tandis que Phélos en achevait une autre.
Mais lentement, Fitius s’effondra sur le sol et sa baguette quitta sa main et roula par terre. Son cou était en sang et coulait de la profonde blessure faite par la bête qui frappait à présent son dos. Les Gryffondors massacrèrent un autre monstre et celui qui continuait à s’attaquer à Fitius se tourna vers eux, se désintéressant de sa proie qui gisait par terre dans une flaque de sang. Le monstre bondit sur Ginny qui était la plus proche, mais il fut foudroyé en plein saut par les sortilèges et son cadavre s’écroula aux pieds des Gryffondors.
Le silence tomba soudainement sur eux, encore plus terrible que le vacarme de la bataille. Les carcasses des bêtes gisaient un peu partout, et Harry se précipita vers Fitius qui était étendu par terre, le sang ruisselant de son dos et scintillant au soleil. La respiration saccadée et avec l’horrible sensation de vivre un long cauchemar qui ne cesserait jamais, il retourna son professeur sur le dos.
Fitius grimaça et poussa un râle de douleur. Ses yeux semblaient voilés et le contraste entre son visage blanc et le rouge du sang qui coulait révulsait l’estomac. Hermione, Ron et Ginny entourèrent leur ancien professeur et la crainte se lisait sur leur visage. Fitius respirait difficilement et il essaya de parler mais aucun son ne sortit.
- Ne parlez pas, lui dit Harry. Essayez de garder vos forces.
Fitius n’émettait que des bruits rauques et du sang coulait de sa bouche.
- Vous allez vous remettre, lui promit Harry en constatant la gravité de ses blessures.
- Les larmes du phénix, murmura Hermione. Il pourra le soigner.
Harry leva la tête et il vit Phélos le phénix qui se dirigeait doucement vers eux.
- Phélos ! l’appela Harry. Utilise tes larmes pour le guérir !
Le phénix atterrir aux côtés de Fitius et il le regarda avec tristesse. Il approcha sa tête de celle de Fitius mais aucune larme ne coula le long de ses plumes soyeuses.
- Phélos, s’il te plaît, gémit Hermione.
Mais Harry comprenait pourquoi le phénix ne pleurait pas. Les blessures de Fitius étaient trop sévères et au-delà de toute guérison, même pour un phénix. Sa gorge avait été lacérée, et plusieurs organes avaient été touchés. Il avait perdu beaucoup de sang. Hermione supplia encore le phénix, mais lorsqu’elle s’aperçut que plus rien ne pouvait être fait, elle pleura en silence en regardant le corps de Fitius.
Il respirait de plus en plus péniblement. Il ouvrit les yeux avec difficulté et regarda Harry. Celui-ci approcha la tête et il pria pour se réveiller. Mais il ne dormait pas.
- Harry, murmura Fitius. Tu dois...
- Ne parlez pas, lui dit Harry.
- Dumbledore..., commença Fitius, il ne te voulait pas de mal.
Il respira et il gémit sous la douleur.
- J’espère que tu me pardonneras...pour ce que j’ai fait.
- Ce n’est pas grave, répondit Harry. Restez avec nous s’il vous plaît.
- Tout ce que j’ai fait, insista Fitius.
- Vous avez fait quoi ? demanda Harry en bredouillant et en espérant que Fitius puisse alors rester conscient. Qu’est-ce ce que vous avez fait ?
- J’ai..., chuchota Fitius mais sa respiration était de plus en plus désordonnée. Je l’ai aidé dans son plan...jusqu’à la fin...même si je voulais te sauver.
Il se convulsa et chercha la main de Harry.
- Nous voulions juste...vaincre Voldemort, gémit Fitius. J’en ai fait plus...plus que je te l’avais dit. Il le fallait...même avec ce que cela impliquait pour...pour toi.
- Qu’est-ce ce que ça implique ? demanda Harry. Qu’est-ce que vous avez fait ?
- J’espère que tu me pardonneras, murmura Fitius.
Il fut saisi d’un dernier spasme et sa main qui tenait Harry s’affala par terre. Les tremblements qui secouaient son visage cessèrent et ses deux yeux noirs furent comme voilés et restèrent immobiles. Seuls ses longs cheveux tâchés par le sang voletaient au vent. Le phénix chanta une longue plainte, qui remplit de larmes les yeux de Harry, tandis que ses compagnons restaient immobiles derrière lui, certains pleurant et d’autres blancs et immobiles comme des statues.
Harry ferma les yeux de Fitius et contempla son ancien professeur. Il avait péri au coeur des Terres Brumeuses si lointaines, sous l’ombre de la Montagne Noire, tout près de la Pierre Originelle. Il avait chuté à la toute fin, et rien ni personne ne pouvait le ramener. Son destin n’était finalement pas de passer sous la Montagne et de trouver la Pierre. Et Harry le savait depuis le début, il l’avait vu dans son présage, pensa-t-il avec tristesse. Son rêve lui avait annoncé sans aucun doute possible que Fitius n’irait pas plus loin. Ses pas ne devaient pas lui faire contempler la Montagne Noire. Et sans doute Fitius lui-même le savait-il également, surtout vers la fin qu’il sentait venir.
A présent, ils étaient tous les quatre, seuls, et Harry ne voyait pas comment ils pouvaient continuer sans Fitius, qui les avait menés depuis les ruines fumantes de Poudlard jusqu’au pied de la Montagne Noire. Sans lui, ils ne seraient pas aller bien loin. Ils n’auraient pas survécu à la Forêt Noire, ni aux dragons, ni aux bêtes repoussantes qui gisaient à ses côtés. Mais il leur fallait maintenant accomplir seuls la dernière étape de leur quête, sans doute la plus dangereuse.
Fitius était mort en emportant son secret avec lui. Harry ne saurait jamais ce qu’il avait réellement fait, ni le plan qu’il avait monté avec Dumbledore. Et il n’arrivait pas à lui en vouloir. Il avait perdu un à un tous ceux qu’il aimait, et la liste était bien trop longue aux yeux de Harry, chaque nom creusant un peu plus son coeur. En regardant le visage calme de Fitius, il n’éprouvait qu’une immense tristesse. Sa tête bourdonnait et son cerveau semblait figé, et le chant du phénix n’y pouvait rien.
Lentement, Harry étendit les jambes de Fitius puis lui mit les bras le long du corps. Il se releva et regarda avec haine cette Montagne maudite et les cadavres des bêtes, les arbres immenses et les nuages violets. Toute cette terre le répugnait. Elle lui avait pris Fitius, et il ne survivrait pas si elle lui prenait également Ginny. Pourtant, son rêve lui avait annoncé qu’elle était tout aussi condamnée que Fitius.
- Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? murmura Hermione.
Harry soupira et posa ses yeux sur son mentor.
- On continue, dit-il. On est venu ici pour continuer, on n’a pas d’autre choix.
Il sentait les larmes remplir ses yeux mais il ne parvenait pas à pleurer.
- C’est ce qu’il aurait voulu.
Ses amis hochèrent lentement la tête mais ne dirent rien. Ils restèrent pendant ce qui leur parut un long moment debout, près du corps de Fitius, plongés dans leurs pensées et leurs chagrins. Le phénix était resté à côté d’eux et poursuivait son chant.
- Il faut l’enterrer, dit soudain Harry. On ne peut pas le laisser comme ça au milieu des bêtes.
- On va t’aider, dit Ron d’une voix rauque.
Avec leurs baguettes, ils creusèrent un trou dans la terre qui n’avait pas été souillée par le sang des bêtes. Puis, avec précaution, ils soulevèrent le corps de Fitius et le déposèrent au fond de son tombeau. Les larmes brouillaient la vision de Harry, mais il n’arrivait toujours pas à pleurer.
Les quatre Gryffondors se positionnèrent lentement autour du trou mais il ne prononcèrent pas un mot. Aucune parole n’était nécessaire. Le chant de Phélos concentrait toute la douleur et la tristesse qui les submergeait. Ils lui rendirent chacun hommage en silence, et Harry ne put s’empêcher de revoir cet homme mystérieux qu’il avait aperçu la première fois dans la Grande Salle, qui lui avait menti et caché tant de choses, mais qui avait donné sa vie pour l’aider et le protéger. Comme tant d’autres.
Tandis que les larmes coulaient enfin le long de ses joues, Harry agita sa baguette et la terre retomba sur le visage paisible de Fitius, et quelques secondes plus tard, le trou était rebouché. Les Gryffondors restèrent quelques instants à contempler la terre fraîche qui gisait sur le sol. Puis Harry s’essuya les yeux et planta la baguette de Fitius sur sa tombe comme un ultime hommage.
Il regarda alors ses amis, un à un, et tous avaient les yeux rouges. Les lèvres d’Hermione tremblait tout comme sa baguette magique. Le visage de Ron restait impassible, mais la détresse se lisait dans ses yeux. Quant à Ginny, elle fixait la Montagne Noire en silence. Harry soupira et parla avec difficulté.
- Il faut y aller, dit-il. Il faut rattraper Voldemort et Rogue.
Sans un mot, mais avançant comme s’ils étaient soudain chargés d’un lourd fardeau, ils se remirent en route tandis que le phénix reprit son envol. Harry se retourna au niveau de l’arbre qui s’était effondré, et il jeta un dernier regard à la tombe de Fitius, dont la baguette magique pointait vers le ciel, comme s’il les encourageait à poursuivre, à ne pas perdre de temps. Harry rejoignit alors Ginny, Hermione et Ron et suivirent la direction des nuages, comme ils l’avaient toujours fait.
La forêt touchait à sa fin. Devant eux, la Montagne Noire se dressait à l’horizon.
Ma fic! ==> Harry Potter et la Pierre Originelle http://www.gazette-du-sorcier.com/potte ... hp?id=1193
Re: Harry Potter et la Pierre Originelle [Chap 47 + Epilogue]
Chapitre 44 Le crépuscule des héros
Spoiler (cliquez pour révéler) : Deux heures passèrent. Deux heures longues et pénibles. Les quatre Gryffondors marchaient en silence et chaque pas était plus difficile que le précédent, comme si le poids sur leurs épaules devenaient de plus en plus lours. Même le chant de Phélos qui voletait au-dessus d’eux n’y pouvait rien et ne les réconfortait plus. Fitius était mort, et il avait emporté avec lui le peu de courage et de volonté qui subsistait chez les jeunes sorciers. Ils ne pourraient plus bénéficier de ses conseils et de sa présence, toujours discrète et sombre, mais rassurante et imperturbable.
Comment avait-il pu tomber sous le coup des mâchoires de ces monstres ? Lui qui maîtrisait une magie que les Gryffondors ne posséderaient jamais. Il s’était fait prendre par surprise, et après tous les dangers par lesquels ils étaient passés, c’est une vulgaire bête qui lui avait été fatale. Si Harry avait du imaginer une fin pour son ancien professeur, ça aurait été la baguette à la main face à un puissant mage noir, dans un combat de titans et une débauche de magie. Mais pas de cette manière, pas en étant frappé au cou par une bête qui l’avait attaquée par derrière.
Harry regardait parfois à ses côtés comme s’il s’attendait à voir Fitius marcher en silence, scrutant les alentours en quête d’un danger, et leur indiquant les nuages. De temps à autre, il aurait murmuré l’un de ses « Allons-y » avant de poursuivre la route. Mais il n’était pas là, son corps reposant à présent dans la terre de la forêt pour son dernier sommeil.
Harry aperçut la chevelure de feu de Ginny juste derrière lui. Elle marchait la tête baissée, les yeux fixés sur le sol, mais son esprit vagabondait et se trouvait à milles lieux d’ici. Harry se rapprocha d’elle et lui prit la main. Il marcha en silence dans la fraîcheur de la forêt en compagnie de ses deux amis et de celle qu’il aimait. Il aurait presque pu croire que tout était normal, si ce n’était la silhouette de la Montagne Noire et le chagrin qu’ils ressentaient.
Il avait réfléchi sur la marche à suivre lorsqu’ils se retrouveraient à l’entrée de la Montagne. En fait, Trelawney avait raison. Depuis le début, depuis son réveil précipité dans le lit moelleux de Poudlard après avoir fait sa prémonition, Harry avait déjà pris sa décision. Il ne laisserait pas Ginny l’accompagner. Il ne pouvait pas accepter qu’elle aille avec lui en sachant ce qui l’attendait. Il descendrait seul sous la Montagne et ferait tout pour déjouer sa prémonition. Et peu importe ce qu’avait pu lui dire Trelawney. Elle-même avait admis qu’elle pouvait se tromper, même si cela était plus pour redonner le moral à Harry qu’autre chose.
Ils marchèrent encore longtemps, et si le phénix n’avait pas été là pour les guider et leur donner du courage, peut-être n’auraient-ils pas pu aller plus loin. Maintenant que Fitius n’était plus là, le phénix semblait être leur nouveau guide, celui en qui ils pouvaient se confier et qui pouvaient les protéger. Et malgré leur douleur, ils avancèrent tant bien que mal, tandis que les ombres des arbres rapetissaient puis grandissaient avec la course du soleil dans le ciel. Il allait se coucher dans quelques heures et le ciel se teintait à présent d’une douce couleur rougeâtre.
Et finalement, les quatre Gryffondors franchirent un dernier rideau d’arbre et se retrouvèrent devant la Montagne Noire. Son caractère terrible, comme surgi des profondeurs de la terre par quelque force prodigieuse, était encore plus frappant à présent qu’il n’y avait plus rien entre eux et elle. Ses arêtes noires et tranchantes montaient jusqu’au ciel, et à hauteur des yeux s’ouvrait un tunnel qui plongeait dans les racines de la Montagne.
Ils y étaient enfin. Harry prit une longue respiration, puis il avança lentement vers l’ouverture qui était aussi effrayante que la Montagne elle-même. Tout était silencieux. Il n’y avait pas le moindre souffle de vent, pas la moindre chute de pierre. Phélos avait arrêté de chanter. Le tunnel était plongé dans l’obscurité complète, une obscurité malfaisante, bien différente de celle qui régnait dans le tunnel menant aux Terres Brumeuses.
A cet instant, Harry souhaita plus que tout autre chose que Fitius soit avec eux. Il aurait su quoi faire et les protéger de ce qui les attendaient là-dedans. Il aurait pu combattre à leurs côtés et leur permettre de continuer. Le phénix volait vers la Montagne, et même lui semblait réticent à s’engager dans le tunnel. Il tournait en rond à l’entrée, lançant parfois de petits cris perçants tout en agiter ses longues ailes d’or.
Pas à pas, Harry, Hermione, Ginny et Ron s’approchèrent et se tinrent à l’entrée du tunnel, comme dans le rêve. Mais Harry se rendit compte qu’il manquait quelque chose. Ou quelqu’un. Et il le réalisa soudainement et avec une telle évidence qu’il fut surpris de ne pas s’en être souvenu plus tôt. Comment avait-il pu l’oublier ? Peut-être était-ce ces terres ou l’ombre de la Montagne qui avait troublé son esprit ?
Dans son rêve, Neville était avec eux. Il descendait sous la Montagne. Et tous les cinq, ils affrontaient Rogue. Pourtant Neville avait péri il y avait déjà des mois en tentant de détruire le Horcruxe caché à Poudlard. Son rêve était donc différent de la réalité. Submergé par une vague d’espoir, il expliqua tout à Hermione, Ron et Ginny. Mais leurs regards inquiets ne le rassurèrent pas.
- Je ne sais pas, dit Hermione. Lorsque tu as fait ce rêve, Neville était toujours avec nous. Il n’était pas mort.
- Mais il n’est pas là maintenant, répliqua Harry. Tout ne se passe pas comme dans ma prémonition.
- Mais...
- Si cet élément a changé, d’autres peuvent aussi être modifiés.
- Mais le point important de ton rêve, poursuivit Hermione, c’était la mort de...de Ginny.
Elle lança un coup d’oeil inquiet à la soeur de Ron.
- Et alors ? lança Harry plus sèchement qu’il ne l’aurait voulu.
- Alors c’était le message de ton présage, expliqua Hermione. Tu t’es réveillé au moment où elle est morte. Le point le plus essentiel de ta prémonition ne peut pas être modifiée, même si certains détails changent.
- Tu appelles la mort de Neville un détail ?
- Ce n’est pas ce que voulais dire, se défendit Hermione avec précipitation.
- Je croyais que..., commença Harry.
- Je pense qu’elle a raison, le coupa Ron. Il vaut mieux ne pas prendre de risque. Tu as vu sa mort, et tout se passe quasiment comme tu l’as rêvé. Il vaut mieux qu’elle ne rentre pas.
Ginny suivait les échanges des ses amis mais elle contemplait les profondeurs du tunnel, presque avec résignation. Au-dessus de leurs têtes, le phénix continuait de voler tranquillement.
- C’est absurde ! s’écria Hermione.
Harry fut un bref moment séduit de suivre les conseils d’Hermione plutôt que ceux de Trelawney, mais il rejeta rapidement cette idée. Il ne pouvait pas laisser Ginny descendre avec lui sous la Montagne, pas après ce qu’il avait vu ! Pas en sachant ce qui allait se passer !
- Je descends seul, affirma-t-il. Comme ça personne ne mourra.
- Si, toi ! répondit Hermione avec une pointe d’hystérie dans la voix. Il faut y aller tous les quatre !
- Tous les trois ! rectifia Ron. Pas question que ma soeur vienne avec nous. Elle nous rejoindra quand il n’y aura plus de danger.
Hermione se retourna vivement vers Ginny qui était perdue dans ses pensées.
- Ginny, dit-elle, qu’est-ce que tu en penses ?
Elle se retourna et Harry vit qu’elle avait peur. Un autre élément qui était présent dans son rêve. Cela acheva de le convaincre de descendre seul sous la Montagne, comme il l’avait toujours su.
- Ecoutez, insista Harry, on n’a pas le temps de discuter. Voldemort et Rogue sont tout près, et on est en train de perdre un temps précieux.
- Bien sûr que Rogue est tout près, lança Hermione, il nous attend là dedans.
- Hermione, soupira Harry, j’y vais seul.
- Mais...
- Suivez moi dans trente minutes, ajouta-t-il. Ca me laissera le temps de vérifier s’il n’y a aucun danger.
- Ou de te faire tuer, finit Hermione. On vient de perdre Fitius. Qu’est-ce qu’on fera si tu meurs ?
Mais Harry ne répondit rien. Ginny ne protestait pas comme elle en avait l’habitude, elle qui aurait refusé catégoriquement que Harry aille seul sous la Montagne en la laissant derrière. Elle semblait ne pas être avec eux.
- C’est risqué de descendre tout seul là-dedans, dit Ron. On devrait y aller nous trois, et on revient chercher Ginny.
- J’y vais seul, affirma Harry. Dans trente minutes, vous me rejoignez et on pourra prendre Rogue par surprise.
- L’un de nous devrait t’accompagner.
- C’est mieux si j’y vais seul, répondit Harry. Il se méfiera moins.
Ron préférait ne plus donner son avis mais il était très pâle. Le phénix s’était posé sur le sol et regardait Harry avec appréhension.
- J’y vais, affirma Harry sans donner le temps à quiconque de répliquer. Suivez-moi dans trente minutes.
Et il plongea dans la noirceur du tunnel sans tenir compte des protestations d’Hermione. Au bout de quelque pas, il fut littéralement englouti par l’obscurité et devint invisible aux yeux de ses amis.
- Lumos, murmura-t-il.
Une faible lueur éclaira le tunnel qui descendait dans les entrailles de la terre. Ses pas résonnaient longuement entre les parois de pierre noire. Son ombre mouvante tremblotait légèrement sur les aspérités des rochers. Il faisait de plus en plus froid, mais l’air était terriblement sec. Il essaya de marcher rapidement, mais il tenait sa baguette haute pour voir le plus loin possible devant lui et au cas où il y aurait un danger. Mais il savait qu’il n’y en aurait pas. Pas avant d’avoir atteint la grande salle où tombait un rai de lumière. Lorsqu’il regarda derrière lui, il ne vit pas la moindre clarté naturelle.
Pendant le trajet, Harry réfléchissait furieusement à ce qu’il convenait de faire. Il savait qu’il avait agi avec folie en descendant seul, mais la mort de Fitius l’avait profondément affecté. Il ne pouvait pas se permettre de perdre qui que ce soit d’autre, en particulier Ginny qui était la plus menacée. Mais que ferait-il tout seul face à Rogue ? La surprise que constituerait l’arrivée de Ron, Ginny et Hermione serait vitale et pourrait déstabiliser le mage noir, mais Harry doutait que ce soit suffisant. Il allait avoir du mal à tenir tête seul contre Rogue.
Il pensa alors au Figeur de Temps, dont la fiole qui était cachée dans sa robe de sorcier battait régulièrement contre ses cuisses. Il avait déjà réfléchi à la manière dont il pourrait l’utiliser. Il ne verserait que quelques gouttes, surtout pas trop pour ne pas provoquer une catastrophe comme les avait mis en garde Slughorn. Et lorsque le temps se figerait pour Rogue, Harry l’attaquerait avec un sortilège de Foudre. C’était le seul sortilège qui lui permettrait de le tuer. Dans l’obscurité du tunnel, Harry hocha la tête pour se convaincre que c’était la bonne solution.
Il sortit brièvement de ses pensées et regarda devant lui. Le tunnel était toujours aussi monotone et bien que le jeune Gryffondor commençait à perdre tout notion du temps, il supposa qu’il n’était dans le tunnel que depuis un quart d’heure.
Il replongea au milieu de toutes les pensées qui tournoyaient dans son esprit. Il se demanda ce que Rogue pouvait bien faire ici, seul. Pourquoi n’était-il pas avec Voldemort ? Pourquoi attendrait-il ici sous la Montagne alors que la Pierre était à sa portée avec Voldemort qui lui servirait de clé ? Pendant quelques jours, Harry avait espéré que les deux mages noirs s’entre-tuent pour la possession de la Pierre, mais son rêve lui indiquait le contraire. Rogue agissait peut-être sur les ordres de Voldemort et essayait de lui faire gagner du temps, songea sombrement Harry.
Il marchait dans le tunnel depuis une vingtaine de minutes et il supposa que Ron, Hermione, Ginny et le phénix n’allaient pas tarder à se ruer à sa poursuite. Il n’y avait toujours aucun signe indiquant l’existence de la salle. Harry continua de marcher en ruminant ses pensées et en serrant dans sa main la fiole de Figeur de Temps qui commençait à chauffer.
Dix minutes s’écoulèrent et Harry sut que ses amis s’étaient engagés à leur tour dans le tunnel. Il avait trente minutes devant lui, seul. Il se dit qu’il avait été un peu trop présomptueux. Comment pourrait-il affronter Rogue seul pendant trente minutes ? Il marchait d’un pas vif lorsque le couloir s’élargit brusquement. Harry ralentit et s’approcha lentement.
Devant lui, une volée de marches descendait dans la salle qu’il avait vue dans son rêve. Elle avait l’air encore plus étrange qu’avant. Ses dimensions semblaient varier sans cesse selon le point de vue adopté, et le rayon de lumière qui semblait surgi du néant traversait la salle dans toute sa hauteur pour tomber en son milieu. Comme dans son rêve, Harry avait la certitude qu’il valait mieux ne pas trop s’approcher de la lumière. Rien de bon ne pouvait en découler.
Il se dirigea avec prudence vers le centre de la cave dans un silence sinistre. Il regardait de tout côté à la recherche de la moindre ombre suspecte ou d’un sortilège qui proviendrait d’un recoin caché. Mais il n’y avait rien. L’obscurité était étouffante. Il s’arrêta et fit un peu plus de lumière mais il n’éclairait qu’une faible partie de la salle. Il aperçut devant lui un tunnel qui descendait encore dans les profondeurs, et sur sa droite partait un autre tunnel qui remontait.
Puis il entendit des pas qui résonnèrent sur la roche dure de la salle. Des pas lents et lourds, accompagnés du bruissement d’une cape. Harry se retourna instantanément et aperçut Rogue qui sortait d’une ombre et qui s’approchait nonchalamment, sa baguette à la main. Il n’y avait aucun rictus sur son visage blanc et décharné. Sa main argentée luisait dans la pénombre. Ses yeux noirs étaient braqués sur le jeune Gryffondor qui ne tremblait pas. Il tenait sa baguette magique d’une main ferme et la pointait sur Rogue tandis que l’autre était toujours crispée sur la fiole de Figeur de Temps.
- Potter, murmura Rogue. Votre solitude m’indique que vos amis vous ont quitté.
- Ils sont morts, répliqua Harry qui espéra que Rogue croirait son mensonge.
Leurs regards se croisèrent et Harry ne cilla pas sous la froideur des yeux de Rogue.
- Comme c’est dommage, poursuivit Rogue. Il semble que tous ceux à qui vous teniez étaient finalement condamnés à périr.
Rogue esquissa un sourire, mais aux yeux de Harry, cela ressemblait plus à une grimace. Sa baguette pendait le long de son bras et il semblait ne pas vouloir attaquer le Gryffondor.
- Savez-vous seulement pourquoi vous êtes-là ? demanda Rogue dans un murmure.
Mais Harry ne répondit rien et continuait à fixer Rogue avec haine.
- Avez-vous la moindre idée de ce qu’est la Pierre Originelle ? poursuivit-il.
- Oui, affirma Harry.
Rogue dévoila ses dents jaunes qui ressemblaient plus à des crocs d’une bête cruelle qu’à des dents humaines.
- Quelle arrogance, siffla-t-il. Vous êtes ici sans savoir pourquoi. Vous avez suivi des sorciers dont vous n’avez jamais compris les intentions. Vous êtes pathétique. Vous ne savez pas ce qu’est la Pierre.
- Mais vous, vous savez, bien sûr ! répliqua Harry. Les Fondateurs eux-mêmes ont été incapables d’en connaître la nature, mais vous, vous savez tout !
Il éclata d’un rire froid qui ne lui ressemblait pas tout en se demandant où se trouvaient actuellement Ron, Hermione et Ginny.
- Je ne prétends pas connaître la nature de la Pierre, répondit Rogue et Harry dut tendre l’oreille pour entendre ses paroles à peine plus fortes qu’un souffle de vent. Mais j’en sais bien plus que vous.
Il fixa Harry avec attention. Le jeune Gryffondor ne reconnaissait pas en l’homme qui se tenait devant lui son ancien professeur de potions. Il semblait rongé de l’intérieur par un mal inconnu.
- Saviez-vous que la Pierre peut permettre à son détenteur de tuer d’un simple regard ou de redonner la vie ? Mais elle ne peut pas faire les deux. Sa première utilisation conditionne toutes les autres.
Harry ne voyait pas pourquoi Rogue lui disait tout cela mais il essayait d’écouter des bruits de pas provenant du tunnel derrière lui.
- Je sais, répondit-il avec hargne. Fitius me l’a dit.
-Ah, Fitius vous l’a expliqué, dit Rogue d’une voix doucereuse. Il vous a probablement aidé à venir jusqu’ici. Je doute que vos pitoyables talents vous aient permis d’atteindre cet endroit sans son aide.
- Vous ne le connaissiez pas, répliqua Harry.
- Vraiment, sourit Rogue. Pourtant, je vous assure que nous nous connaissions. Et j’en sais bien plus sur lui que vous. Nous avons longuement travaillé ensemble avec Dumbledore. J’imagine qu’il a omis de vous le préciser ?
Harry était déterminé à rester impassible face à Rogue mais il ne put s’empêcher de pousser un cri de surprise. Rogue ricana.
- Il a toujours été porté sur le secret.
- Fitius ne me voulait aucun mal. Ni Dumbledore, affirma Harry en répétant les dernières paroles de son ancien professeur.
- Bien sûr, sourit Rogue, ils ne vous voulait aucun mal. Mais vous n’aviez pas grande importance si cela permettait d’atteindre son objectif.
Harry ne répondit rien.
- Je suppose que ni Dumbledore, ni Fitius ne vous ont expliqué en quoi consistait leur travail ? demanda Rogue avec lenteur. Ni la magie qu’ils ont mise en oeuvre sur vous.
- N’importe quoi, cracha Harry.
- Dumbledore, Fitius et moi-même avons poursuivi et achevé les travaux entrepris par les Fondateurs dans leur tentative d’empêcher l’utilisation de la Pierre. Une magie très ancienne et très complexe, mais que nous sommes finalement parvenus à maîtriser après des années d’efforts. Je dois aussi reconnaître que Sirius et Lupin ont participé, mais ils n’ont jamais véritablement saisi l’ampleur de cette magie.
Harry écoutait. Il voulait savoir ce qu’avait fait Dumbledore, mais il répugnait à attendre de l’attaquer. Ron, Ginny et Hermione pouvaient arriver dans une dizaine de minutes et Rogue les entendrait.
- Cette magie concernait la Clé dont nous avions appris l’existence grâce à la prophétie de Trelawney... Vous.
Rogue attendit un moment, à moitié caché par l’obscurité régnant dans la salle. Il semblait même faire partie de cette obscurité.
- Grâce à cette magie, une fois que la Clé était en possession de la Pierre Originelle, elle restait prisonnière à tout jamais des Terres Brumeuses.
Harry ouvrit des yeux ronds.
- Cela offrait la certitude que la Pierre ne quitte jamais cet endroit maudit et ne pénètre dans notre monde. Et Dumbledore était alors assuré que Voldemort soit à jamais piégé dans ces Terres. Un moyen élégant et efficace de le vaincre.
- Mais..., balbutia Harry. Pourquoi...pourquoi une fausse prophétie ? Et mes parents ?
- Parce que vous étiez la Clé, Potter, et qu’ils sont morts pour la cause de Dumbledore. Vous ne comprenez toujours pas ? Voldemort était virtuellement invincible avec ses sept Horcruxes. Dumbledore avait réussi à en éliminer quelques-uns, mais certains étaient trop bien défendus et trop bien cachés même pour Dumbledore. Il savait que seul la Pierre pouvait vaincre le Seigneur des Ténèbres. Il fallait l’informer de son existence, lui permettre de l’obtenir et le bloquer dans ces Terres.
- Mais pourquoi mes parents ? demanda Harry d’une voix rauque.
- Parce que la seule manière pour Voldemort d’entrer en possession de la Pierre était d’être la Clé, sourit Rogue. Mais vous étiez la Clé, pas lui. Et pour qu’il le devienne, il lui fallait mourir pour revenir avec votre sang. Une fausse prophétie a été réalisée et je l’ai transmise à Voldemort. Comme Dumbledore l’avait prévu, il s’est précipité chez vos parents pour vous tuer. La puissante magie que nous maîtrisions et qui provenait en partie des Fondateurs nécessitait le sacrifice de vos parents pour que la transformation de Voldemort puisse s’opérer. Ils connaissaient le prix à payer.
- Non, gémit Harry. C’est impossible...
- Une fois le Seigneur des Ténèbres vaincu, poursuivit Rogue, Dumbledore a planifié son retour à la vie et s’est arrangé pour que votre sang soit utilisé lors de sa renaissance.
- Voldemort a failli me tuer dans le cimetière ! hurla Harry. Vous mentez !
- Non, Potter ! Car Voldemort connaissait tout de l’existence de la Pierre grâce à mes soins et sur ordre de Dumbledore. Il savait qu’il ne devait pas vous tuer, étant persuadé qu’il aurait besoin de vous pour accéder à la Salle d’Argent et à la Pierre.
Rogue ricana.
- Comment croyez vous donc que la Coupe des Trois Sorciers se soit brusquement transformé en Portoloin pour Poudlard ? murmura-t-il. Voldemort vous a laissé vous échapper. Dumbledore le contrôlait sans même qu’il ne s’en aperçoive.
Harry hocha la tête, incapable de croire ce qu’il entendait.
- Quel magnifique Seigneur des Ténèbres il aurait fait s’il s’était tourné vers les arts noirs, souffla Rogue. Voldemort n’aurait pas fait le poids face à lui.
Il regarda Harry et sourit devant sa détresse qui s’était soudain abattu sur lui.
- Les objectifs de Dumbledore ont toujours été nobles, mais les moyens pour les atteindre ne comptaient pas pour lui. Vous n’avez été qu’une simple Clé Potter ! Rien de moins, mais rien de plus.
- Pourquoi me tuer ? gémit Harry. Il n’avait plus besoin de moi une fois que Voldemort se bloquerait ici ?
- Vous n’avez encore pas compris ? murmura Rogue. Vous étiez la Clé, et vous aviez la possibilité, aussi infime soit elle si vous aviez brisé la magie mise en oeuvre par Dumbledore, d’avoir accès à la Pierre. Vous pouviez être utilisé pour transmettre votre...propriété. C’était un trop grand risque aux yeux de Dumbledore. Vous étiez une menace Potter, et la seule manière de la supprimer était de vous bloquer dans ces Terres. Il l’a profondément regretté et a essayé de vous sauver, mais il a rapidement compris qu’il n’y avait pas d’autre alternative que de vous sacrifier. Il vous a permis de découvrir l’existence de la Pierre en temps voulu, et Fitius vous a conduit dans les Terres Brumeuses. Avec les deux Clés prisonnières de ce lieu, il n’y avait plus de risques qu’elles soient utilisées pour faire sortir la Pierre dans notre monde.
Harry sentit ses entrailles se vider, comme si on lui avait soudainement ôté toute volonté et toute énergie. Il n’était qu’une simple Clé, un simple moyen de vaincre Voldemort en le bloquant dans les Terres Brumeuses, tout en bloquant lui-même par la même occasion. Dumbledore avait fait du bon travail.
- Il est toujours difficile d’accepter la vérité Potter, ricana Rogue. Surtout lorsqu’elle est aussi douloureuse.
Il le regarda avec malice.
- Si vous vous demandez ce que je fais ici, c’est que je ne souhaite pas être aux côtés du Seigneur des Ténèbres lorsqu’il découvrira qu’il ne peut plus quitter ces Terres. Lorsqu’il découvrira qu’il ne peut plus s’en échapper, je serai loin. Vous avez probablement deviné que j’ai omis de lui préciser la dernière partie du plan de Dumbledore, tout comme Fitius vous l’avait caché. Brave Fitius... Il ne nous avait pas abandonné au final. Mais peut-être avait-il vraiment de l’affection pour vous et qu’il regrettait ses actes. Peut-être ne vous voyait-il plus que comme une simple Clé et qu’il a cru follement pouvoir vous sauver au dernier moment. Quoi qu’il en soit, il aura bien accompli son rôle.
Harry se sentit mourir. Tous ces héros, Dumbledore, Fitius, Lupin, Sirius, ses parents, tous n’avaient suivi que leurs propres objectifs et l’avaient sacrifié pour les atteindre, aussi nobles soient ils. Harry leva vers Rogue un regard brûlant de haine.
- Qu’est-ce que ça vous apporte à vous ? cracha-t-il.
- Moi, répondit Rogue. J’ai toujours suivi mes propres intérêts. Peu importe si vous ne les comprenez pas. Mais j’ai pitié de vous Potter. Je vous épargnerai le supplice de rester coincé dans ces Terres désolées avec Voldemort pour seule compagnie. Je vais vous éliminer, et si j’étais vous, je me laisserais faire. Ce sera moins pire que ce qui vous attend dans le cas contraire.
Il pointa sa baguette sur Harry à une vitesse stupéfiante. Le jeune Gryffondor bondit sur le côté tout aussi rapidement et leva sa baguette.
Tandis que Ron, Hermione et Ginny couraient dans le tunnel serpentant sous la Montagne Noire, Harry et Rogue engageaient leur duel.
Ma fic! ==> Harry Potter et la Pierre Originelle http://www.gazette-du-sorcier.com/potte ... hp?id=1193
Re: Harry Potter et la Pierre Originelle [Chap 47 + Epilogue]
Chapitre 45 L’impossible échappatoire
Spoiler (cliquez pour révéler) : Les sortilèges fusaient et la magie se déchaînait dans les profondeurs de la Montagne Noire. Rogue et Harry s’étaient engagés dans un duel à mort alors que Ron, Hermione et Ginny avalaient les kilomètres pour rejoindre la salle obscure illuminée par les éclairs des maléfices. On ne voyait plus les baguettes des combattants, mis à part un vague nuage flou vomissant des sorts. Ils filaient à travers la salle, frôlant parfois le rayon lumineux, avant de percuter la paroi rocheuse dans un éclair argentée provoquant un éboulis.
Jamais Harry ne s’était senti dans une telle possession de ses moyens. C’est comme s’il avait voulu déverser toute sa haine et son chagrin causé par la découverte de l’horrible vérité. Comme s’il voulait faire payer à Rogue ce qu’il ressentait pour tous ceux qu’il avait aimé et qui l’avait finalement utilisé. Il ne réfléchissait plus. Il se battait de la manière la plus instinctive et la plus brutale qui soit. Sa baguette crachait sortilèges sur sortilèges dans le seul but de tuer son adversaire.
- Sertus ! cria Harry.
Le sortilège bleuté sortit de la baguette du Gryffondor et fila sur Rogue qui para l’assaut en faisant apparaître un bouclier argenté, le Sortilège de l’Espérance. Il crépita sous l’attaque et des étincelles volèrent devant les yeux du mage noir. Celui-ci brandit sa baguette comme une épée et fit apparaître un torrent de feu. La salle fut brutalement illuminée et ses pierres noires et froides se teintèrent d’une lueur rougeoyante.
Mais Harry ne savait pas comment bloquer les flammes. Il ne connaissait pas le sort qui avait permis à Fitius de bloquer le jet brûlant du dragon. Il fit demi-tour et courut aussi vite qu’il le put tandis que le rire dément de Rogue retentissait à ses oreilles. La boule de feu était sur ses talons. Il sentit les flammes lécher ses pieds mais il parvint malgré tout à y échapper. Les dernières flammèches se volatilisèrent et le salle se retrouva de nouveau plongée dans l’obscurité. Harry se retourna brusquement.
- Stupefix ! cria Harry en visant Rogue. Expelliarmus !
Rogue agita sa baguette, détournant les attaques comme s’il y n’y prêtait qu’une faible attention. Son visage était creusé, et la lueur des sortilèges le rendait plus décharné qu’il n’était.
- Pourquoi vous battre Potter ? le railla-t-il. Vous vous battez pour des sorciers qui n’ont pas hésité à vous sacrifier ?
Harry ne répondit pas. Plus rien ne comptait à ses yeux. Il se battait pour lui-même, et en sachant que Rogue avait participé au plan de Dumbledore qui lui avait volé ses parents et sa vie. Il regardait le mage noir avec une lueur folle dans le regard.
- Vous pensez pouvoir me vaincre Potter ?
Il lança un sortilège argenté qui filèrent sur le jeune Gryffondor dans un crépitement de pétards. Harry tourna la tête au dernier instant et la décharge d’énergie lui taillada la joue droite, creusant une profonde entaille. Il poussa un cri de douleur alors que le sort qui lui était destiné pulvérisait la paroi noire qui se trouvait derrière lui, y laissant un vaste cratère. Il se passa la main sur la joue et essuya le sang qui y coulait. Il ne ressentait pas la douleur. Il ne ressentait qu’une immense haine.
- Vous n’avez aucune chance ! rugit Rogue. Laissez-vous tuer, c’est ce que vous avez de mieux à faire.
Pendant qu’il parlait, Harry était plongea sa main dans la poche de sa robe pour attraper la fiole de Figeur de Temps. Mais il ne fut pas assez rapide et la fiole se coinça dans les replis de sa robe. Rogue lança le sortilège de la mort. Un flash vert illumina la salle et on aurait dit que le tonnerre venait d’éclater. Le bruit remonta dans le couloir emprunté par les trois Gryffondors mais aucun ne l’entendit.
Harry se jeta par terre et il sentit le sortilège lui frôler les cheveux. Sans perdre un instant, toujours couché sur le sol, il effectua le Sortilège de l’Espérance et para avec succès l’attaque suivante lancée par le terrible mage noir. Rogue montrait ses dents dans un rictus démoniaque.
- Bravo Potter, murmura-t-il. Vous maîtrisez une magie puissante. J’imagine que Fitius n’y est pas pour rien.
Harry se releva et comprit qu’il ne faisait pas le poids face à Rogue et qu’il ne pouvait pas le vaincre seul. Il devait attendre les autres pour pouvoir espérer prendre le dessus. Rogue s’avançait, plus menaçant que jamais, tandis que Harry reculait progressivement et s’engageait dans le couloir descendant. Il s’en rendit compte trop tard et ne se risqua à avancer vers Rogue pour retourner dans la salle. Celui-ci continuait à se rapprocher calmement du Gryffondor, comme un lion tournant autour de sa proie condamnée. Puis, en plein milieu du tunnel, il leva sa baguette.
- Sertus ! cria Harry en même temps que Rogue.
Les deux rayons filèrent et se rencontrèrent au milieu des deux sorciers qui continuaient à lancer le sort. Les sortilèges dévièrent et percutèrent avec fracas le tunnel, l’illuminant subitement, terrible lueur au milieu de cet océan de ténèbres. Les parois du tunnel commencèrent à trembler et des blocs de pierre s’effondrèrent. Les sorciers cessèrent leur attaque au même moment pour empêcher les rochers de les écraser.
Mais Rogue agita sa baguette et projeta vers Harry les rocs noirs. Le jeune Gryffondor marmonna une formule de Bouclier mais il fut trop lent. Sa maigre protection fut pulvérisée en un clin d’oeil. Il fut percuté de plein fouet par les rochers et fut propulsé sur le mur crevassé.
Il passa une main sur son front ensanglanté. Le sang lui coulait sur le visage et d’un coup de manche, il essuya ses lunettes pour mieux voir. Il regarda devant lui. Les sortilèges avaient fait des dégâts terribles. L’éboulement avait momentanément établi une muraille de pierres entre les deux sorciers mais Harry savait qu’il ne faudrait pas longtemps à Rogue pour se tailler un chemin à coup de sortilèges.
En grimaçant sous la douleur qui parcourait tous ses membres, il s’éloigna en courant aussi vite qu’il le put, et il n’avait pas parcouru dix mètres à peine qu’une violente explosion retentit derrière lui, soufflant littéralement le mur rocheux et se répercutant dans le tunnel. L’onde de choc fut tel qu’il perdit l’équilibre et s’étala sur le sol de tout son long.
Il se remit précipitamment sur ses pieds et sortit du tunnel qui le ramena finalement vers la salle. Ce n’était qu’un bref couloir menant peut-être à d’autres passages bloqués depuis longtemps. Il jeta un coup d’oeil derrière lui et vit Rogue qui surgissait comme un spectre du nuage de poussière éclairé d’une lueur blafarde.
- Confringo ! cria Harry.
Rogue bondit à gauche et le sortilège de Harry le manqua largement mais pulvérisa la paroi derrière lui. Les deux sorciers lancèrent simultanément un sort qui explosa comme une bombe dans la vaste salle. Ils furent projetés en arrière et atterrirent violemment vingt mètres plus loin. Harry se retrouva tout près du rayon lumineux et il roula sur le sol pour s’en écarter. Il avait presque senti l’énergie qui vivait dans cette lumière intense et s’en éloigna rapidement. Il vit du coin de l’oeil Rogue se relever également et pointer sa baguette. Il cria dans une langue étrange en donnant des petits coups secs à sa baguette.
Un nuage noir sans forme et qui semblait se nourrir de l’obscurité en sortit et se dirigea vers Harry. Il sortit précipitamment la fiole, la déboucha et en fit tomber trois gouttes sur le sol de la salle. Les gouttes touchèrent la pierre et résonnèrent fortement malgré leurs tailles minuscules. Instantanément, tout se figea autour de lui. Rogue était immobile, comme une statue effrayante, les yeux pointés sur Harry, tandis que le nuage noir restait suspendu et flottait en l’air. Harry en profita pour s’éloigner le plus loin possible du nuage et visa Rogue avec le sortilège d’éclair.
Mais les effets du Figeur de Temps se dissipèrent au moment où il lança le sort et Rogue évita le sortilège bleuté au dernier moment. Il explosa non loin de lui et les éclairs libérés accompagnés de le pluie de pierre lui lacéra tout le bras gauche. Son nuage noir fila dans le vide et, au grand soulagement de Harry, ne le chercha pas. Il s’aggloméra alors sur la roche qui commença à être rongée comme si elle était plongée dans de l’acide.
Le mage noir tourna vivement la tête. Son visage était partagé entre la haine, la douleur et l’amusement.
- Futé, murmura-t-il en indiquant la fiole qui était toujours dans les mains de Harry. Mais ça ne vous sauvera pas.
- Confringo ! rugit Harry en même temps que Rogue.
Les sortilèges se dévièrent et traversèrent le rayon lumineux. Sa pureté blanche se transforma soudain et prit les couleurs des sortilèges. Rogue et Harry jetèrent un coup d’œil inquiet à ce qu’ils avaient causé tandis que la salle toute entière commençait à trembler dans un grondement incessant. On n’entendait plus d’autres bruits et le rayon lumineux était agité de spasmes et émettait des flashs. La Montagne Noire fut secouée dans sa base et trembla comme un géant de pierre.
Harry prit peur et cessa son sortilège. Des blocs entiers des parois se détachaient et chutaient sur le sol, se brisant en milles fragments. Le jeune Gryffondor évita les projectiles comme il le pouvait et s’éloigna de Rogue. Le mage noir faisait tournoyer sa baguette au-dessus de sa tête et fracassait les rochers qui s’approchaient trop près de lui. Puis le rayon reprit sa pureté naturelle et le silence retomba brusquement. Seuls quelques blocs de pierre se brisèrent sur le sol alors que Rogue marchait calmement au milieu des gravats.
Et Harry entendit soudain un chant s’élever dans la vaste salle, remplissant son volume et combattant l’obscurité. Rogue se tourna soudain vers le tunnel qu’avait emprunté Harry et il vit Phélos s’approcher du duel.
- Un pénix, murmura-t-il.
Le chant du phénix n’eut malgré tout pas grand effet sur Harry qui était dévasté par ce que venait de lui apprendre Rogue. Mais il su que Ginny, Hermione et Ron n’allaient pas tarder à arriver. Et s’il savait que lui-même était condamné –Dumbledore avait tout fait pour cela-, il ne voulait pas que ses amis le soient aussi. Il serait le seul à rester dans ces Terres, mais eux les quitteraient. Ils ne mourraient pas ici.
Rogue lança des sortilèges sur Phélos qui les évita gracieusement en continuant de chanter. Lorsqu’un sort passait trop près, il disparaissait parfois dans une gerbe de flammes avant de réapparaître un peu plus loin, continuant à chanter. Harry s’approcha de Rogue par derrière mais les yeux du mage noir étaient partout. Il se retourna et para le sort que le Gryffondor lui avait lancé.
Et dans le tunnel qui se trouvait à une cinquantaine de mètres derrière Rogue, Harry vit trois petites formes approcher rapidement, baguettes à la main. Il ouvrit les yeux de surprise et d’appréhension, et cela suffit à Rogue pour comprendre que quelque chose se passait dans son dos.
En voyant la silhouette de Ginny qui courrait vers lui, Harry fut pris d’une peur terrible et des fragments de son présage lui revinrent en tête. Il cligna des yeux pour les chasser, sachant qu’il lui faudrait tous ses esprits pour sauver celle qu’il aimait.
Rogue se retourna brusquement et contempla les trois jeunes sorciers qui se précipitaient vers lui. Il envoya un sortilège jaunâtre sur les trois Gryffondors. Ils se dispersèrent comme une volée de moineau et aucun ne fut sérieusement touché lorsque la boule de lave explosa. Ils coururent avec agilité et rapidement, les quatre Gryffondors encerclèrent à présent Rogue qui grimaça.
- Dois-je également m’attendre à revoir Fitius ? murmura-t-il.
Son regard vrilla celui de Harry qui ne cilla pas. Les dents de Rogue se découvrirent un peu plus.
- Non, dit-il, il est bien mort.
- Harry ! cria Ginny.
- Recule toi ! répondit Harry.
Ron et Hermione semblèrent effrayés à la vue du mage noir décharné. Rogue profita de la confusion des Gryffondors, il leva sa baguette et fit une suite de petites spirales en descendant vers le sol. Lorsque sa baguette toucha la pierre, une vaste onde de choc en sortit et renversa les Gryffondors comme des fétus de paille. Paniqués, désorientés, ils subirent le déchaînement de la puissance de Rogue. Il commença à les attaquer tous les quatre. Les jeunes sorciers se rapprochèrent petit à petit vers le centre de la salle en tentant de parer tant bien que mal les assauts dévastateurs de Rogue et en les évitant lorsqu’ils n’avaient pas le choix.
- Préparez-vous à l’attaquer ! cria Harry au milieu du vacarme de la bataille.
Il sortit rapidement la fiole de Figeur de Temps lorsque Hermione hurla. Il releva la tête, paniqué par ce qu’il allait voir. Un énorme nuage noir, le même que celui qui avait attaqué Harry, fonça sur le groupe. Ginny blêmit tandis que Hermione et Ron essayèrent de s’enfuir. Dans la panique et la bousculade, ils se cognèrent. Ajouté à la précipitation de Harry, le jeune Gryffondor lâcha la fiole qui se brisa par terre, répandant tout le Figeur de Temps sur le sol.
Tout se brouilla soudain. Rogue, Hermione, Ginny et Ron disparurent et réapparurent un peu partout dans la salle. Mais le phénomène se répéta, et les quatre sorciers, mis à part Harry, s’éclipsaient soudainement avant de revenir plus loin, sans cesse et dans toute la salle. Ils faisaient des bonds dans le temps désordonné par la chute de la potion. Des sortilèges qui avaient été lancés il y a plus de dix minutes revenaient subitement éclairer la salle puis s’évanouissaient au bout de quelques mètres. Le temps, comme l’avait expliqué Slughorn lorsqu’il avait présenté le Figeur de Temps, était devenu fou, complètement déréglé par la potion qui coulait sur le sol.
Harry, le seul à ne pas subir les effets du Figeur de Temps, regarda horrifié ce spectacle dément, et ne pu pas viser Rogue car ses bonds dans le temps étaient trop rapides pour permettre de viser. Tout s’accéléra puis se figea soudain. Ron n’était plus visible, Hermione était tout près de Harry, Ginny au milieu de la salle et des sortilèges semblaient flotter dans les airs, dont le nuage noir qui avait attaqué Harry. C’est alors que le Gryffondor vit avec terreur que Ginny se trouvait droit sur la trajectoire d’un sortilège de la mort lancé par Rogue quinze minutes plus tôt.
Une bouffée de chaleur lui brouilla le cerveau et l’empêcha de crier, puis il se força à avancer malgré la peur qui paralysait ses membres. Il courut aussi vite qu’il le pu pour pousser Ginny et lui faire éviter le mortel sortilège. Elle était encore figée, tout comme le reste, encore sous l’emprise des derniers effets de la potion.
Mais sous les yeux horrifiés de Harry, le temps redémarra soudain, comme dans un film qui était en arrêt sur image et que l’on remet en marche. Il vit le sortilège de la mort poursuivre sa course dans une bourrasque de vent et frappa Ginny en pleine poitrine. Elle fut projetée dans les airs comme une marionnette et bascula sur le sol, les bras écartés, les yeux grands ouverts.
Harry sentit son coeur s’arrêter de battre. Le sang ne coulait plus dans ses veines, ses pensées étaient figées. Tout ce qu’il vit, c’est le corps inerte de celle qu’il aimait et qui était étendu sur le sol. Il hurla et se précipita vers elle, écarta ses longs cheveux qui cachaient son visage, la prit dans ses bras et constata avec effroi et dans sa plus implacable cruauté qu’elle était morte. Hermione et Rogue, déstabilisés par la potion, mirent un moment à reprendre leurs esprits et à comprendre où ils se trouvaient. Hermione se tourna vers la source des gémissements et vit Harry penché vers le corps de Ginny, la tête glissant sur le côté, immobile. Rogue regarda le spectacle en ricanant, galvanisé par la mort de l’un des Gryffondors, tandis que les larmes de Harry coulaient le long de ses joues avant de tomber sur les lèvres froides de Ginny qu’il n’embrasserait plus jamais.
- Vous deviez vous y attendre, siffla Rogue. Il aurait mieux fallu pour eux ne pas vous suivre, Potter. Vous êtes le seul responsable.
Il éclata d’un rire spectral. Harry leva ses yeux baignés de larmes sur son ancien professeur et son visage fut déformé par la haine. Il posa la tête de Ginny avec douceur sur le sol et fonça sur Rogue, poussé par une rage folle. Il leva sa baguette et envoya sortilèges sur sortilèges, tous plus puissants les uns que les autres, tous lancés dans le seul but de détruire l’homme qui avait tué celle qu’il aimait.
Rogue lui-même fut surpris par la rapidité et la violence des attaques. Il plissa les yeux et recula, repoussant les sortilèges, mais n’ayant pas la moindre chance de riposter. Harry hurlait, ses larmes coulant sur son visage et se mélangeant à son sang, et il avançait, il avançait comme si rien sur terre ne pouvait l’arrêter. Il força Rogue à battre en retraite et à se rapprocher du rayon de lumière qui se trouvait dans son dos.
Harry le vit, mais rien sur son visage ne le laissa deviner. Il était entièrement déformé par la douleur, et Rogue n’eut aucune idée de ce vers quoi il se dirigeait. Pas après pas, il reculait toujours plus et Harry lança un dernier sortilège dans un rugissement qui fit frémir Rogue. Il trébucha et tomba par terre.
Il fut éclairé par la lumière et poussa un hurlement de douleur indescriptible, puis s’embrasa aussitôt. La baguette et la cape, les chairs et sa main magique. Tout fut transformé en un tourbillon de feu et le visage cireux de Rogue disparut pour toujours et il ne fut plus jamais revu. Le rayon lumineux prit une couleur rouge sang pendant quelques secondes avant de revenir dans son habituelle pureté transparente.
Harry resta debout, immobile, la respiration saccadée, sa poitrine se soulevant avec force. Il fit alors demi-tour et vit le corps de Ginny qui n’avait pas bougé, avec Hermione à côté qui pleurait en silence. Il courut vers elle et la reprit dans ses bras comme si ce simple contact pouvait la ramener à la vie.
Il ferma ses paupières, incapable de supporter son regard mort alors qu’il l’avait connu si enflammé et si vivant. Il se souvint de cette petite fille de dix ans qui rougissait lorsqu’elle l’apercevait. De ses cheveux flamboyants qui volaient dans la salle commune après qu’ils eurent gagnés la coupe et qu’ils s’étaient embrassés pour la première fois. Il resta immobile, la serrant dans ses bras, incapable de parler ou de penser.
Hermione se tourna lorsqu’elle entendit des bruits de pas. C’était Ron qui courait vers eux. Il avait été envoyé plus de quinze minutes dans le passé lorsque la fiole de potion s’était brisée, et il s’était retrouvé loin dans le tunnel. Il avait fait aussi vite qu’il le pouvait, et il esquissa un sourire lorsqu’il vit que Rogue n’était plus là. Mais il aperçut Hermione qui pleurait et le regardait avec effroi, et Harry qui tenait Ginny dans ses bras. Il blêmit et ses jambes le portèrent difficilement vers ses amis. Il arriva auprès du corps sans vie de sa soeur et se jeta par terre. Il semblait perdu.
- Ginny, murmura-t-il, Ginny.
Il essayait de voir si son cœur battait, si elle réagissait.
- Ginny, bredouilla-t-il en constatant avec douleur qu’elle était morte.
- Ron, ça ne sert à rien, lui dit Hermione dans une petite voix.
- Elle ne peut pas être morte, gémit-il. C’est impossible.
Il regarda au-dessus de lui et il vit Phélos.
- Il peut la soigner ! cria-t-il. Viens ici !
Hermione s’approcha et le prit par la main.
- Il peut guérir les blessures mais il ne peut pas redonner la vie.
Ron secoua la tête comme si ce geste avait le pouvoir de changer les choses.
- Je suis désolé, sanglota Hermione.
Il hurla et sa baguette magique roula à ses pieds. Hermione s’assit auprès de lui et lui raconta ce qui s’était passé, en espérant que la mort de Rogue pouvait lui procurer un sentiment de vengeance. Mais rien ne pouvait le consoler. Les trois Gryffondors restèrent un long moment assis sur la pierre froide, dans l’obscurité, à pleurer sur le corps de Ginny, au cœur de la Montagne Noire qui avait été son tombeau.
Ce fut Phélos qui parvint à les remettre sur pied, sentant que ni Harry, ni Ron n’avaient la force de continuer, l’un ayant perdu celle qu’il aimait et l’autre ayant perdu sa sœur. Il su qu’ils pouvaient se laisser mourir ici, minés par le chagrin. Il entama alors un long chant qui parvint au bout d’un long moment à persuader Harry et Ron de continuer, chose que les mots n’auraient pas pu faire. Ses notes lancinantes leur firent prendre conscience qu’il devait poursuivre leur quête pour que Ginny ne soit pas morte en vain. Et surtout, il distilla dans le cœur de Harry la volonté de tuer Voldemort, lui qui était à l’origine de tout.
Ce fut cela plus que tout autre qui força Harry à se remettre debout en n’ayant qu’un seul objectif : tuer le mage noir de sa propre main. Lui faire payer toutes les pertes qu’il avait causées. Toute la souffrance qui avait frappé tant de fois Harry en plein cœur. Voldemort avait été la cause de tout ce mal. Harry ne voulait pas que cet être maléfique se retrouve prisonnier de ces Terres. Il voulait le voir mourir. Il voulait le tuer lui-même.
Lorsqu’il se releva, son visage était si effrayant qu’Hermione recula. Elle n’osa pas le réconforter. Ron se leva peu de temps après, poussé par le chant du phénix, et les larmes coulaient encore sur son visage.
- Je ne vous demande plus de m’accompagner, dit Harry d’une voix rauque. Vous pouvez faire demi-tour et retourner dans le monde normal. Moi, dit-il en frémissant de haine, je poursuis et je fais payer à Voldemort ce qu’il a fait.
- Je vais avec toi, répondit Ron avec difficulté. Je veux le tuer, moi aussi.
Hermione approuva en hochant la tête mais elle continuait de regarder le cadavre de Ginny, si blanc dans toute cette noirceur.
- Et le plan de Dumbledore se passera à la perfection, comme il l’avait voulu, ricana Harry qui ressemblait soudainement à Rogue. Je serai coincé ici.
- Quoi ? s’étonna Hermione.
Harry lui raconta alors ce que Rogue lui avait dit, son cœur se gonflant encore un peu plus de haine, son visage devenant de plus en plus méconnaissable. Parler l’empêchait de penser à Ginny. Il expliqua tout. Le plan de Dumbledore qui avait prévu la mort de ses parents et le retour de Voldemort, les sortilèges conçus avec Fitius pour faire de Voldemort une Clé et le condamner à rester dans les Terres Brumeuses, et comment enfin Harry lui-même serait coincé ici, éloignant à jamais la menace de la Pierre Originelle. Lorsqu’il eut terminé, Hermione resta abasourdi.
- Dumbledore pourra être heureux, ricana Harry.
- Non Harry, dit Hermione d’une petite voix. Son plan a échoué au moment où Rogue t’a tout expliqué. Maintenant, tu peux partir. Tu ne posséderas jamais la Pierre et tu ne seras jamais piégé ici. Seul Voldemort le sera.
- Je vais le tuer, affirma Harry. Peu importe ce qui m’arrive.
- Mais tu as la possibilité de te sauver, gémit Hermione. Maintenant que tu sais, tu peux échapper à ce qui t’était destiné.
Mais Harry ne réagit pas, il était déjà ailleurs, à s’emparer de la Pierre Originelle pour tuer Voldemort.
- Harry si tu arrives et qu’il a déjà la Pierre ? cria Hermione. Il te tuera et tu ne pourras même pas te venger ! On peut partir et survivre tous les trois.
- Je ne veux plus survivre Hermione, répliqua Harry en regardant le corps de Ginny. J’en ai marre de tout ça. Je veux le tuer. Je veux venger sa mort, conclut il en caressant le visage de Ginny, comme si elle était endormie.
- Alors on y va maintenant, dit Ron d’une voix dure. Tu prends la Pierre, et tu le tues.
Harry hocha la tête avec sauvagerie, puis avec Ron, il prit Ginny par les bras et ils se dirigèrent vers le tunnel montant qui leur ferait quitter la Montagne Noire. Ils allèrent lentement, de peur de cogner Ginny contre les parois du tunnel qui était bien plus petit que celui qu’ils avaient pris pour descendre sous la Montagne. Ce fut plus douloureux que tout ce que Harry avait subi jusqu’à présent. Porter le corps de Ginny avec Ron qui s’était remis à pleurer l’acheva, et il maudit cette Montagne qui avait eu raison de celle qu’il aimait, comme il l’avait su depuis si longtemps.
Il se demanda si les choses auraient pu être différents dans le cas où ils auraient emprunté le tunnel tous les quatre. Est-ce que Ginny aurait pu survivre ? S’il n’avait pas agi pour la sauver, marcheraient-ils tous les quatre vers la sortie de la Montagne à savourer leur victoire sur Rogue ?
Harry savait en revanche qu’il marchait vers sa fin. Sa seule manière de tuer Voldemort était de posséder la Pierre, ce qui le condamnerait immédiatement. Mais cela ne l’effraya pas. Une partie de lui était déjà partie avec Ginny. La partie restante réclamait vengeance et sa part de sang, et Harry avait l’intention de la satisfaire, même si c’est la dernière chose qu’il ferait.
Ils marchèrent en silence tout le long du chemin dans l’obscurité du tunnel. Phélos s’était tu et volait devant eux. Un sanglot éclatait quelque fois, rapidement masqué par les pieds tapaient durement sur la pierre froide. Et lentement, Ginny fut ramené à l’air libre, de l’autre côté de la Montagne.
Les nuages violets filaient au-dessus de leur tête et convergeaient à deux ou trois jours de marche. Une plaine rocailleuse s’étalait sous leurs yeux et un large cours d’eau y serpentait. Les Gryffondors ne virent pas l’endroit où les nuages se retrouvaient, mais ils n’y pensèrent pas. Dans deux jours, ils y seraient.
Ils ne savaient pas que Voldemort n’avait qu’une très faible avance. Avec une bonne vue, ils auraient pu l’apercevoir, comme un spectre qui traverserait la plaine, masqué en permanence par une ombre. Il était faible, bien plus faible que lorsqu’il avait pénétré dans les Terres Brumeuses. Son usage intensif de la magie noire pour avancer et survivre l’avait vidé. Il avançait malgré tout, sentant que la Pierre Originelle s’approchait, ne sachant pas qu’il fonçait tout droit sur le piège tendu par Dumbledore il y avait si longtemps de cela. Il ne savait pas qu’au moment où ses longs doigts blanchâtres se refermeraient sur ce qu’il avait si longtemps espérée, il serait condamné.
Mais les Gryffondors ne le virent pas, et c’est avec douceur et tristesse, qu’à l’ombre d’un arbre qui poussait assez loin du tunnel, ils étendirent le corps de Ginny sur l’herbe. Tout comme ils l’avaient fait avec Fitius moins d’un jour auparavant, ils creusèrent un trou, mais celui-ci fut infiniment plus douloureux à réaliser. Ils couchèrent alors Ginny sur la terre, l’embrassèrent une dernière fois, puis rebouchèrent le tombeau.
Phélos se coucha sur la terre fraîchement remuée et il chanta lentement, et lorsqu’il s’envola, l’une de ses belles plumes dorées resta sur le tertre. Alors jamais la terre ne fut souillée par quoi que ce soit, malgré l’ombre de la Montagne qui était toute proche. La plume du phénix fut le plus bel hommage possible, et Harry, Hermione et Ron se remirent en route pour descendre vers la plaine, laissant derrière eux le corps de Ginny qui reposait à l’ombre de l’arbre sous la plume du phénix.
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Chapitre 46 Le jumeau rieur
Spoiler (cliquez pour révéler) : Harry, Ron et Hermione, les trois derniers survivants de la quête, marchaient aux confins des Terres Brumeuses, se dirigeant vers l’endroit où convergeaient tous les nuages violets qui striaient le ciel. La perte de Ginny avait été la plus douloureuse de toutes, et pendant les heures de marche dans la plaine rocailleuse sous un soleil éclatant, pas une parole ne fut échangée. Ils gardaient les yeux fixés sur l’horizon, observant sans vraiment les voir les courbes des montagnes qui se teintaient de diverses couleurs au fur et à mesure que le temps défilait.
Ils n’avaient pas mangé depuis plus d’une journée, mais ils ne le remarquèrent pas. La sensation de faim était éclipsée par la peine et la colère. De temps en temps, ils trébuchaient sur une racine qui sortait de la terre ou coinçaient leurs robes dans des buissons rabougris. Mais ils ne s’apercevaient même pas de ces obstacles, et poursuivaient inlassablement leur marche.
De grosses taches d’herbe étaient visibles à travers la plaine, et ça et là, des arbres tordus tentaient de grandir dans l’ombre de la Montagne Noire. Il semblait que seul l’arbre sous lequel avait été enterrée Ginny était sain et normal, arborant un feuillage vert. Mais une fois que l’influence de la Montagne se faisait moins forte, les arbres devenaient plus rigoureux et se dispersaient dans la plaine. Les trois Gryffondors étaient les seuls êtres vivants à s’y trouver, mis à part Voldemort qui filait comme un nuage de tempête.
La traversée de la plaine se déroula sans difficultés, si ce n’est l’impression que tout avaient l’impression d’avoir laissé une part d’eux-mêmes dans la Montagne. Harry lançait assez fréquemment le sortilège des Fondateurs, et sa baguette devenait comme folle. Elle tournait sur sa main sans s’arrêter, ne pointant dans aucune direction. La proximité de la Pierre pesait sur les sorciers et sur les environs, comme si une chape de plomb invisible s’abattait sur eux et les gênait.
Bien qu’il n’en fût pas conscient, son esprit s’égarant dans des pensées douloureuses, Harry comprit que la Pierre ne devait pas quitter ces Terres. Son influence était bien trop néfaste. Il ne savait pas si la Montagne, le dragon géant et toutes ces Terres étranges étaient le résultat de la Pierre, mais il soupçonnait qu’elle n’y était sûrement pas étrangère.
Phélos le phénix volait dans le bleu du ciel, chantant par moment, se posant parfois sur les épaules des Gryffondors comme s’il leur murmurait des paroles de réconforts. Son oeil perçant et sa puissante magie l’avertissait des dangers, mais de ce côté-là de la Montagne, le danger n’apparaissait plus sous la forme d’un dragon. Il restait néanmoins vigilant, sachant que les trois jeunes sorciers n’étaient plus en mesure de se protéger comme ils l’avaient fait jusqu’alors.
Ils approchaient du cours d’eau qui traversait la plaine, et Phélos poussa un cri. Harry leva la tête avec inquiétude et il aperçut une maison, en tout point identique à celle qui se trouvait le long du lac et qui abritait un cadavre. Son aspect était tout aussi minable que sa jumelle.
La cabane était à quelques mètres du fleuve, tout près d’un passage à gué qui permettait de passer de l’autre côté du cours d’eau, là où les nuages convergeaient. Mais pour l’emprunter, il fallait nécessairement marcher devant la cabane, et Harry était certain que s’il y avait quelque chose dedans, ça ne les laisserait pas passer tranquillement. Harry jeta un coup d’oeil à la cheminée qui dépassait du toit et il vit, avec difficulté, qu’une légère fumée grise en sortait.
- Le jumeau rieur, murmura Hermione.
Harry hocha la tête. Il s’était attendu à la présence d’une maison de ce type. Le nain lui avait conseillé de prendre garde au jumeau rieur. Et Fitius lui avait assuré que la personne morte dans la maison du lac était l’un de ces jumeaux.
- Tu penses qu’il faut la contourner ? demanda Harry.
- Je n’en sais rien, répondit Hermione.
Ils s’arrêtèrent à une centaine de mètres de la maison et Phélos vola en cercles au-dessus d’eux. Il n’y avait aucun moyen de savoir si Voldemort était entré dans la maison et s’il y avait rencontré quelqu’un. Ils restèrent un moment immobiles, tous les trois, à regarder la maison comme si elle allait leur dire ce qu’il fallait faire.
- Si on évite la maison, dit Harry, il va falloir faire un gros détour pour traverser le fleuve.
Personne ne lui répondit. Finalement, il dit :
- Suivez-moi.
Il leva sa baguette et s’avança en silence vers la cabane, suivi de près par Hermione et Ron, ainsi que par Phélos qui glissait en silence dans les airs. Une fois arrivé, Harry jeta un coup d’oeil par la fenêtre. L’intérieur était très modeste. Une armoire massive se trouvait dans un coin, une petite commode pourrissait sur pieds au milieu de la pièce, et une chaise était placée juste devant une grande table en bois. Et sur cette chaise se trouvait un homme, identique au cadavre que les Gryffondors avaient trouvé. Il était assis comme son jumeau et ne bougeait pas.
Harry laissa sa place pour que Ron et Hermione puissent voir. Ils n’osaient pas parler, de peur que l’être ne soit pas mort et les entende. Mais après quelques hochements de tête plus ou moins rigoureux, ils se mirent rapidement d’accord et se positionnèrent près de la porte, Phélos étant juste derrière eux.
- Alohomora ! cria Harry.
La porte s’ouvrit violemment et les trois sorciers pointèrent leurs baguettes sur l’individu qui les regardait en souriant largement, découvrant ses dents jaunies. Harry, Ron et Hermione étaient prêts à foudroyer cet individu sur place. La haine bouillonnait dans tous leurs corps et ils n’attendaient qu’un prétexte pour déverser leur colère.
Mais l’individu continuait à sourire comme s’il accueillait de vieux amis, et il commença à ricaner, sa poitrine toute sèche se soulevant rapidement. Soudain, les Gryffondors sentirent leurs sens s’embrouiller et leurs esprits devenir confus. Ils baissèrent légèrement leurs baguettes sans réellement le vouloir.
Le rire du jumeau devint plus bruyant et sa bouche s’ouvrit largement, sale et répugnante. Son corps était à présent secoué d’un rire de plus en plus violent, les mains toujours posées calmement sur la table. Les jambes des Gryffondors s’engourdirent et leur poitrine devint soudain plus lourdes. Chaque respiration était plus difficile, et leurs yeux se fermaient d’eux-mêmes.
Seul Phélos n’était pas touché par le rire dément de l’individu qui se tenait maintenant les hanches en tapant des pieds sur le sol. Le phénix poussa plusieurs cris aigus, ce qui fit sursauter les jeunes sorciers comme s’ils avaient reçu un électrochoc, mais ils replongeaient immédiatement dans une léthargie.
Le rire devint plus aigu, le visage du jumeau était déformé par le rire et il n’avait plus rien d’humain. Ses yeux étaient réduits à deux fentes d’où brillaient une lueur jaunâtre. Phélos vola vers lui, mais il ne parvenait pas à pénétrer dans la maison. Ses coups de bec et de griffes restaient sans succès et il ne parvenait pas à faire revenir les trois sorciers.
Harry, Hermione et Ron hurlèrent de douleur et s’effondrèrent par terre. C’était pire que l’Avada Kedavra. La créature amplifiait la propre peine des Gryffondors résultant de la mort de Ginny, et l’amplifiait jusqu’à la rendre mortelle. Les jeunes sorciers se tordaient de douleur sur le sol, souhaitant seulement que cela s’arrête pour pouvoir rejoindre tous ceux qu’ils aimaient et qu’ils avaient perdu, pour que Harry retrouve Ginny et puisse plonger ses mains dans sa chevelure soyeuse, pour qu’il puisse lui dire combien il était désolé et combien elle lui manquait.
Mais la créature s’amusait avec eux. Il riait autant que ses victimes hurlaient, et il se tapait les mains sur les genoux comme si on lui avait raconté une bonne blague. Phélos poussa un cri aussi perçant que le rire du monstre, et il disparut dans une gerbe de flamme. Cela n’effraya pas la créature qui continuait à se tordre de rire. Harry et Hermione étaient secoués de hoquets et de la salive leur coulait du menton. Ron était étendu dans l’herbe et restait immobile.
Puis une boule de feu éclata dans la maison et Phélos apparut au-dessus de la tête du jumeau. Il entama alors un chant plus puissant que tous ceux qu’il avait fait jusque là et fondit sur la bête, toutes serres dehors. Il lui lacéra le visage, lui crevant un oeil et s’acharna sur lui jusqu’à ce qu’il riposte. Ses mains étaient alors couvertes d’écailles vertes et de longues griffes enflammées en sortaient. Il ne cessa pas pour autant son rire, mais il se fit moins violent. Il frappa l’air de ses griffes acérées mais Phélos les évitait gracieusement.
L’attaque du phénix avait permis à Harry de reprendre faiblement ses esprits. Il comprit qu’il n’aurait pas de deuxième chance. Sa main tâtonna l’herbe près de lui, se referma sur sa baguette, et se pointa sur le jumeau qui continuait à attaquer en vain le phénix.
- Endoloris ! rugit-il.
L’être s’écroula sur le sol et fut pris de convulsion tandis qu’un cri inhumain sortait de sa bouche difforme. Harry se releva, la baguette toujours pointée sur le jumeau soumis au sortilège Endoloris. Hermione, trop faible pour se relever, se mit à genoux et leva sa baguette.
- Assurdiato ! cria-t-elle.
Ce simple sortilège appris dans leurs premières années à Poudlard mit fin aux hurlements du monstre. Harry releva sa baguette, et le jumeau recommença immédiatement à rire, mais aucun son n’en sortit.
- Incarcerem !
Des cordes jaillirent de la baguette de Harry et immobilisèrent le monstre. Celui-ci les regarda en ricanant silencieusement tandis que le phénix volait auprès de lui. Hermione se retourna alors et remit Ron sur le dos. Harry s’agenouilla auprès de lui, le souffle court.
- Ron, siffla-t-il. Il n’est pas...
- Non, répondit Hermione avec soulagement. Il est sonné mais je sens son poul.
Elle posa sa tête sur la poitrine de Ron qui se soulevait très lentement.
- Enervatum, dit Harry.
Mais Ron ne se réveilla pas.
- Il va bien, assura Hermione. Il a été plus touché que nous, mais il va bientôt se réveiller.
Harry jeta un coup d’oeil derrière lui et vit que le jumeau qui avait failli les tuer restait tranquillement assis par terre, fermement ligoté. Il ne savait pas ce que c’était et il ne voulait pas le savoir. Ce dont il était certain, c’est qu’ils étaient passés à deux doigts de la mort. Puis il reporta son attention sur Ron qui reprenait des couleurs.
- Il revient à lui, murmura Hermione.
Ron grogna et cligna des paupières. Il ouvrit faiblement les yeux et regarda le visage de ses deux amis penchés sur lui. Hermione se jeta sur lui et l’embrassa, secouée de sanglots. Ron la rassura et tenta de se relever mais il était trop faible. Il regarda autour de lui et passa sa main sur son front ruisselant de sueur. Il marmonna un vague merci mais il se prit la tête dans les mains.
Harry avança dans la cabane et s’approcha de l’être qui ricanait silencieusement et ne semblait pas inquiet. Il ne savait pas s’ils allaient pouvoir en tirer des informations. Apparemment, Voldemort ne s’était même pas arrêté. Harry ne devrait jamais connaître les véritables motivations de Voldemort qui l’avaient poussé à éviter la cabane au prix d’une perte de temps non négligeable. Il supposa qu’il avait fait un détour pour ne pas passer à proximité de la cabane car il craignait sans doute la présence d’une magie bien plus ancienne que la sienne et qu’il ne pourrait pas vaincre seul. A moins qu’il ait préféré garder ses forces pour ce qui protégerait la Pierre. Quoi qu’il en soit il avait suivi les recommandations du nain de la salle bleue.
- Tu penses qu’il pourrait nous aider ? demanda Hermione en montrant le jumeau.
- Pas de son plein gré, en tout cas, grogna Harry.
- Il faudrait peut-être l’interroger. Voldemort n’est pas venu. On pourrait avoir des informations qu’il n’a pas.
- Je sais, affirma Harry. Mais si on lève l’Assurdiato, il va nous attaquer à nouveau.
- Ca vaut le coup d’essayer.
Harry hésita. Il ne pensait pas qu’ils auraient autant de chance une deuxième fois.
- On ferait mieux d’attendre que Ron aille mieux, dit-il. Ensuite j’enlève l’Assurdiato. S’il rigole, tu le relances tout de suite.
Hermione hocha la tête. Elle se tourna vers Ron et l’aida à se remettre debout. Il fut pris d’un vertige passager et s’appuya sur Hermione, mais au bout d’une minute, il allait mieux et sortit sa baguette. Il avait entendu le plan de ses amis et il l’approuvait. Il tenait fermement à y participer.
- Vous êtes prêts ? demanda Harry.
Hermione et Ron hochèrent la tête.
- S’il émet le moindre son, vous l’attaquez, les prévint-il.
Il leva sa baguette et Phélos poussa un bref cri perçant, comme s’il leur déconseillait de faire ça. Mais Harry n’en tint pas compte. Il visa le jumeau et leva le sort. Immédiatement, un rire aigu retentit dans la cabane et l’être en tomba par terre. Hermione et Ron réagirent avec une rapidité surprenante. Malgré la léthargie et la douleur qui les reprenait, ils lancèrent l’Assurdiato et le rire s’évanouit aussitôt. L’attaque fut brève mais elle suffit à rendre les Gryffondors de nouveau livides, en particulier Ron qui n’était sur pied que depuis quelques minutes.
- Ca ne sert à rien, marmonna Harry. Il ne parlera pas.
- Alors autant partir, gémit Hermione. Il faut rattraper Voldemort.
- Je pense qu’on le rattrapera. Il n’est pas passé ici, il a du faire un détour pour trouver un passage lui permettant de traverser la rivière.
- On fait quoi dans ce cas ?
- Peut-être qu’en utilisant la legilimencie, on pourrait trouver quelque chose qui nous aiderait. Il doit connaître ce qu’il y a après, et ce qui protège la Pierre.
- Nous n’avons jamais pratiqué cette magie, et il doit sûrement être résistant à ce genre d’attaque si même Voldemort l’a évité.
- On l’a vaincu avec un simple Assurdiato, répliqua Harry.
- Parce qu’on avait Phélos, dit Ron. S’il n’avait pas été là, on serait tous morts. C’était impossible d’y arriver tout seul.
- Autant le laisser ici et quitter cet endroit, répéta Hermione.
Mais Phélos s’était envolé et se rapprochait du jumeau. Il cria pour attirer l’attention des Gryffondors, et ses longues plumes dorées entrèrent en contact avec la tête de l’être. Celui-ci remua fortement, et son visage rieur fut déformé par la douleur. Il se démena pour défaire les cordes tandis que sa tête oscillait de tout côté. Instinctivement, Harry saisit l’une des plumes de Phélos et fut assailli de visions.
Il vit la cabane dans laquelle ils se trouvaient à l’instant même, puis comme si un zoom puissant s’était enclenché, il vola au-dessus du fleuve, traversa la plaine et arriva dans un immense trou creusé dans la roche à l’air libre. La course folle ne s’arrêta pas là, il rentrait dans cette grotte, puis se vit lui-même avec Ron et Hermione, haletants et effrayés, perdus dans une sorte de labyrinthe aux murs bleus, reculant devant une fumée violette menaçante. Harry sut instantanément que cette fumée était dangereuse, pourtant, il se vit la toucher puis la suivre, comme si elle les guidait à travers le dédale. La course reprit, il vit une salle passer en un éclair, puis il se vit tenant la Pierre Originelle et tuant Voldemort. Il le vit tomber, mort, détruit par la pouvoir de la Pierre qui détrônait de très loin le pouvoir de ses Horcruxes. Il sut avec certitude, en regardant le cadavre de Voldemort, que le mage noir ne reviendrait plus, que son âme était absorbée par la Pierre.
La vision disparut brusquement et Harry ouvrit les yeux. L’être s’était débarrassé de ses liens et il se dressait de toute sa hauteur, les lames de ses mains luisants comme des rasoirs. Des flammes entourèrent ses griffes qui fendirent l’air. Harry sauta en arrière et se cacha sous la table qui fut coupée en deux aussi aisément que si elle était faite de papier. Hermione et Ron lancèrent des sorts sur le jumeau qui attaquait à présent le phénix.
Sans même réfléchir, Harry pointa sa baguette sur l’individu et cria :
- Avada Kedavra !
Le sortilège vert frappa le jumeau en plein coeur, mais il n’était pas suffisamment puissant pour le tuer. L’être fut malgré tout projeté en arrière et s’écrasa contre le mur en bois qui menaça de s’écrouler. Il leva ses yeux jaunâtres vers le Gryffondor et lui sauta dessus en riant silencieusement comme un dément. Les trois Gryffondors lancèrent simultanément le sortilège de la mort. Il y eut un flash vert suivi d’une bourrasque de vent. La puissance des trois maléfices foudroya le jumeau qui s’effondra sur le sol, mort.
La respiration haletante, Harry, Hermione et Ron regardèrent son cadavre et continuèrent à le pointer avec leurs baguettes dans le cas où il s’agirait d’une ruse. Harry lui donna un coup de pied pour le retourner, et un rictus figé déformait son visage, comme une statue de cire repoussante.
C’était la première fois qu’ils lançaient le sortilège de la mort, et la perte de Ginny n’y était pas pour rien. Phélos vola en cercle autour d’eux en chantant calmement, tandis que Harry raconta la vision qu’il avait eue en touchant la plume du phénix.
- Elle semblait réelle ? demanda Hermione après avoir écouté Harry sans l’interrompre. Comme dans ta prémonition ?
- Non, répondit Harry. Je voyais la scène du dessus, et tout était flou.
- Alors ça veut dire quoi ?
- Peut-être ça nous indique ce qu’il faut faire ?
- Quoi, suivre cette fumée violette ?
Harry hocha la tête. Ron ne donnait pas son avis. Il se tenait légèrement à l’écart et semblait perdu dans ses pensées.
- Elle me semblait dangereuse, expliqua Harry. Pourtant je l’ai touché et elle nous indiquait le chemin.
- C’est peut-être un piège, dit Hermione.
- Peut-être, mais on sait ce qui nous attend, répondit fermement Harry.
- Tu en dis quoi Ron ? interrogea Hermione.
Il se retourna vers ses deux amis et haussa les épaules.
- Peu importe, dit-il. Du moment qu’on arrive avant Voldemort.
- Alors on y va, dit Harry. On n’a plus aucune raison de rester là.
Les trois sorciers sortirent de la cabane, suivi de près par Phélos, et regardèrent vers la rivière. Elle faisait une vingtaine de mètres de large, et un passage à gué la traversait. L’emprunter n’aurait rien de facile car le débit était puissant et certaines pierres étaient couvertes d’une mousse verdâtre qui pouvait aisément les faire glisser.
De part et d’autre du gué, la rivière semblait très profonde. En fait, le passage semblait vraiment surnaturel. On aurait dit qu’une partie de la rivière avait été rebouchée pour pouvoir la traverser. Harry était certain que la maison et son occupant étaient là avant le gué. Les trois Gryffondors s’approchèrent de la rive et commencèrent à traverser le cours d’eau. Il était impossible de la traverser à la nage.
Elle était glaciale et faillit bien emporter Harry qui s’engagea le premier. Il lui fallut un certain temps pour reprendre son équilibre, puis il avança prudemment en tenant fermement sa baguette. Lorsqu’il fut au milieu de la rivière, Hermione le suivit et se révéla bien plus habile. Elle avança plus rapidement que Harry et le rattrapa au moment où Ron mettait les pieds dans l’eau. Il ne mit que quelques minutes à effectuer la traversée et rejoignit ses compagnons sur la terre ferme.
Ils en profitèrent pour se désaltérer et remplirent leur gourde en se disant que c’était sûrement la dernière fois qu’ils en auraient l’occasion. La plaine qui s’étendait devant eux et qui menait à la caverne que Harry avait vue, mais qui était encore cachée, semblait aussi rocailleuse qu’avant. Se préparant à marcher toute la journée, ils reprirent leur route.
Ils ne s’arrêtèrent pas avant plusieurs heures, lorsque leurs ombres s’allongeaient sur le sol sec. La pause fut brève. Ils burent une gorgée, jetèrent un coup d’oeil autour d’eux sans savoir ce qu’ils cherchaient, puis avec un dernier regard pour la Montagne Noire, ils se relevèrent et poursuivirent leur marche. Ils avaient prévu de ne dormir que quelques heures pour ne pas perdre de temps. A présent que le point de convergence était tout proche –Harry l’évaluait à un bon jour de marche-, ils ne voulaient plus s’arrêter. Marcher avec de plus en plus de difficulté leur permettait de ne pas trop penser, et c’était tout ce qu’ils demandaient.
Le soleil se coucha, éclairant les nuages violets d’une douce teinte orangée. Derrière les trois sorciers, la silhouette de la Montagne Noire qui se détachait de la nuit étoilée était toujours aussi imposante mais se faisait sans cesse plus petite. Parfois, Harry y jetait un coup d’oeil, la maudissant, puis se retournait le coeur douloureux. Même Phélos avait cessé de chanter.
En plein milieu de la nuit, les Gryffondors s’accordèrent deux heures de sommeil. Ils firent confiance à Phélos pour les réveiller s’il y avait un quelconque danger.
- Si tu vois quelqu’un, ou un animal, ou quoi que ce soit qui semble anormal, réveille-nous, d’accord ? lui avait dit Harry.
Le phénix avait émis une note grave en clignant des yeux. Harry était certain qu’il avait compris. Ils mangèrent les dernières provisions que Fitius avait constituées puis se couchèrent. Ils étaient épuisés. Ils ne s’étaient pas reposés depuis qu’ils étaient passés sous la Montagne. Ils n’avaient pas fermé les yeux depuis la mort de Fitius et de Ginny. En une journée, une terrible journée, leur groupe avait été anéanti. Avant de sombrer dans le sommeil, Harry eut une pensée pour Ginny. Et il crut entendre Ron, ou bien Hermione, sangloter dans l’obscurité, avant que le silence ne s’abatte sur le groupe protégé par le phénix.
Deux heures plus tard, le phénix chanta lentement et réveilla les trois Gryffondors. Harry ouvrit les yeux et contempla la voûte céleste qui était encore d’un noir d’encre. Le vent soufflait sur la plaine et avait frigorifié les trois sorciers. Leurs robes et capes étaient trouées et ne protégeaient plus du froid. Ils se relevèrent, se frottèrent les mains et tapèrent du pied pour se réchauffer. Puis ils prirent la direction des nuages qui, malgré la nuit, restaient encore bien visibles.
Marcher en pleine journée n’était déjà pas facile, mais marcher dans la nuit était pire que tout. Il semblait aux trois sorciers que leurs mauvais souvenirs étaient plus vivaces et que leurs peines étaient plus douloureuses. A chaque bruit, aussi infime soit-il, qu’ils entendaient, ils sursautaient et scrutaient l’obscurité pendant de longues minutes avant de reprendre leur marche.
C’est avec soulagement, bien que leurs esprits soient et resteraient encore très sombres pendant bien longtemps, qu’ils accueillirent le lever du soleil qui illumina la plaine. Les rayons lumineux réchauffèrent leurs corps, à défaut du coeur. Plus pour se prouver qu’ils avançaient qu’autre chose, Harry lançait fréquemment le sortilège des Fondateurs. Sa baguette devenait alors folle et tournait si rapidement qu’elle menaçait de quitter sa main.
Ils ne s’autorisèrent que deux courtes pauses, en milieu de matinée et d’après-midi, pour manger et se reposer. Ils avaient très peu dormi la veille, mais de toute manière, ils avaient l’impression de nager en plein rêve, ou plutôt en plein cauchemar, depuis qu’ils avaient atteint la Montagne. Leurs esprits étaient cotonneux et ils durent résister à la tentation de dormir, mais Harry ne voulait pas s’arrêter.
Les dernières heures de l’après-midi furent pénibles et leurs pieds refusaient d’avancer. Le chant de Phélos lui-même était impuissant pour redonner courage et vigueur aux sorciers. Vers la fin de l’après-midi, tandis que le soleil était bas sur l’horizon, ils arrivèrent sur le haut d’une large pente et s’arrêtèrent, bouches bées. En bas de la petite colline sur laquelle ils se trouvaient s’ouvrait une grotte magnifique. L’ensemble était vaste, plus d’une dizaine de mètres de haut, et formait un trou dans une sorte de gigantesque caillou aux reflets bleu.
La grotte semblait avoir été sculptée par le temps avec une précision et une finesse digne des plus grands artistes. Harry pensa subitement à de la dentelle. C’était en effet ce qui convenait le mieux à ce qu’ils observaient. Le soleil couchant projetait ses rayons dans cet édifice et éclairait un tunnel qui disparaissait dans l’obscurité. En haut de ce spectacle, les nuages violets se regroupaient en un puissant maelström qui ceignait le caillou géant comme une couronne.
Les Gryffondors n’eurent pas besoin de parler. Ils étaient enfin arrivés. Ils avaient atteint le coeur des Terres Brumeuses, l’endroit où se trouvait la Pierre dont l’influence irradiait ces Terres. Ils restèrent un moment immobiles, sur la colline, à contempler le spectacle. C’était comme si toutes ces morts, toutes ces pertes tragiques trouvaient leur justification dans ce moment précis. Pourtant, tout cela ne se déroulait que parce que Dumbledore en avait décidé ainsi, songea sombrement Harry. Il avait voulu que tout se déroule de cette manière. Il n’avait rien laissé au hasard.
Harry espéra que Voldemort n’était pas arrivé avant eux et n’avait pas déjà atteint la Pierre. Il prit une longue respiration, jeta un bref regard aux autres, et entreprit de descendre la colline tandis que le soleil se couchait dans les Terres Brumeuses.
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Re: Harry Potter et la Pierre Originelle [Chap 47 + Epilogue]
Chapitre 47 La Chambre de la Mort
Spoiler (cliquez pour révéler) : Le soleil éclairait les trois sorciers de ses derniers rayons. Il se coucherait bientôt derrière les montagnes qui s’étendaient devant eux, et pour l’instant, sa lumière illuminait la grotte finement sculptée ainsi que le tunnel qui en partait. Harry, Hermione et Ron ne mirent pas longtemps à descendre la petite colline qui surplombait cet étrange édifice où convergeaient les nuages violets, but de leur quête entamée il y avait si longtemps.
Leur descente provoqua de petits éboulis de graviers, mais le bruit ne se répercuta pas dans la grande cavité qui s’ouvrait devant eux. Aucun des Gryffondors ne réalisait vraiment qu’ils étaient parvenus au terme de leur voyage. Ce moment était resté au niveau du fantasme, d’un rêve impossible, et ils n’avaient jamais imaginé enfin l’atteindre.
Les pertes si récentes de ceux qui les accompagnaient, Fitius suivi de Ginny, occultaient tout le reste. La fatigue qui les envahissait n’arrangeait pas les choses. Malgré tout, ils arrivèrent à l’entrée de la cavité et regardèrent au-dessus d’eux le tourbillon de nuages qui se formait au-dessus de leurs têtes.
Avec une drôle d’impression qui l’habitait, Harry rentra dans la cavité aussi grande qu’un immeuble et malgré la foule de sentiments qui l’habitaient en cet instant, il ne pu s’empêcher d’admirer la beauté des lieux. L’eau et le temps avaient ciselé la roche dans des formes incroyables, presque non naturelles, et les rayons du soleil la faisaient scintiller comme si elle était constituée de millions de diamants.
La baguette à la main, le jeune Gryffondor s’approcha du tunnel et regarda l’intérieur. Il était très sombre et avait été taillé grossièrement dans la roche. Seuls les deux premiers mètres étaient visibles grâce aux rayons solaires, mais le reste était plongé dans la pénombre. Les trois sorciers restèrent un moment devant l’entrée, comme s’ils n’osaient pas la franchir, comme si les derniers mètres à accomplir étaient les plus difficiles. Et ils l’étaient bel et bien, se dit Harry, qui savait ce qui l’attendait.
Finalement, il prit son courage à deux mains et rentra dans le tunnel d’un pas décidé. Il parcourut quelques mètres lorsqu’il entendit un cri de surprise derrière lui. Il fit volte-face et vit Hermione qui était assise par terre, l’air sonnée.
- Ca va ? lui demanda-t-il en revenant auprès d’elle.
- Je n’ai pas pu entrer, expliqua-t-elle en se remettant debout avec l’aide de Ron. Je t’ai suivi et j’ai eu l’impression de marcher dans un mur.
Ron s’approcha de l’entrée et pour vérifier, il essaya de faire passer sa main. Mais elle resta coincée, comme si elle était bloquée par un mur invisible.
- Essaie de lancer un sort, lui conseilla Harry.
Ils s’écartèrent prudemment, puis Ron leva sa baguette et lança un sortilège dans l’entrée. Mais le rayon fut réfléchi comme s’il avait rencontré un miroir. Harry ressortit du tunnel sans difficulté, puis avec une certaine appréhension, il y rentra de nouveau. Mais il ne fut pas gêné le moins du monde.
- Il n’y a sûrement que la Clé qui peut y entrer, fit remarquer Hermione après un instant de réflexion. Normalement, seul la Clé peut permettre d’accéder à la Pierre. Sinon tout le monde pourrait la trouver.
- Alors on fait quoi ? demanda Ron.
Harry eut soudain une idée.
- Donne moi la main, dit-il à Hermione. Je peux peut-être te faire entrer.
Hermione s’exécuta et prit la main du Gryffondor, puis elle s’avança avec prudence vers le tunnel. Et cette fois-ci, elle ne rencontra aucun mur invisible. Une fois qu’elle fut passée, Harry prit la main de Ron et lui permit de les rejoindre. Phélos le phénix continuait de voler calmement devant l’entrée.
Harry tendit la main pour toucher une plume du phénix mais il resta hors de portée. Phélos regarda les trois Gryffondors de ses yeux perçants. Il poussa un petit cri aigu qui sonna aux oreilles de Harry comme un au revoir, puis il prit progressivement de la hauteur. Il chanta alors longuement, et chaque note était chargée de souvenirs et de tristesse. Ses longues ailes de rouge et d’or battaient paisiblement et il disparut alors dans une gerbe de feu. Harry crut discerner trois petites ombres qui tombèrent vers le sol. Il était certain qu’il s’agissait des larmes du phénix, le dernier hommage de Phélos.
- Pourquoi est-ce qu’il est parti ? demanda Hermione.
- Il a fait ce qu’il avait à faire, répondit Harry. Il ne peut sûrement pas aller là ou nous allons.
Il se retourna. Il s’était attendu à ce que le phénix parte, bien qu’il n’en ait rien dit. Dans son cœur, il avait toujours su que seuls Hermione, Ron et lui-même atteindraient la Pierre. Ils avaient commencé à trois, et tout se finirait à trois. Le phénix les avait grandement aidé et les trois Gryffondors s’étaient profondément attachés à lui, en particulier dans ces moments de chagrin. Mais il fallait poursuivre.
Harry regarda devant lui. Le tunnel était assez étroit et ils étaient serrés les uns contre les autres. Ils levèrent leurs baguettes tandis que les derniers rayons du soleil disparaissaient et plongeaient le tunnel dans la pénombre.
- En tout cas, tu es le seul à avoir pu entrer dans le tunnel, et je pense que tu es également le seul à pouvoir utiliser la Pierre ici, murmura Hermione.
L’atmosphère était étrange et elle n’osa pas parler à voix haute.
- Ca veut dire que c’est moi qui doit m’en emparer, dit gravement Harry, si on veut tuer Voldemort.
- Harry, chuchota Hermione, on peut encore faire demi-tour. Si tu le tues, tu es coincé ici.
- J’ai déjà pris ma décision, répondit Harry. On continue.
- Mais...
- Laisse le Hermione, la coupa Ron. Il sait ce qu’il fait.
- C’est ton ami, lui dit-elle d’une petite voix. Ca ne te gêne pas, toi, qu’il reste bloqué dans ce lieu.
- Il sait ce qu’il fait, répondit Ron d’une voix rauque. Et je comprends qu’il veuille se venger. Moi aussi je le ferais.
- Mais toi tu pourras quitter ces Terres.
Elle regarda avec un air de panique ses deux amis. Elle était persuadée au fond d’elle-même qu’ils renonceraient à poursuivre. Elle pensait qu’à la toute fin, Harry changerait d’avis et préférerait faire demi-tour pour quitter ces Terres plutôt que de se venger inutilement.
- Harry, je n’ai pas envie qu’on te perde comme on a perdu Ginny, se lamenta-t-elle. Voldemort est condamné à mourir ici. Ca ne te suffit pas ?
- Je ne changerai pas d’avis, répondit Harry fermement et avec une lueur terrible dans le regard qui effraya Hermione. Maintenant on continue.
Il avança sans hésitation dans le couloir, suivi de près par Ron, tandis qu’Hermione les regardait s’enfoncer dans l’obscurité avec un désespoir grandissant.
- Viens Hermione, lui dit Ron en se retournant après quelques mètres et en lui tendant la main. Autant que tout ça se termine rapidement.
Elle s’avança auprès de lui avec douleur, des larmes coulaient sur son visage et elle lui prit la main comme s’il s’était agi d’une bouée de sauvetage qui l’empêcherait de se noyer dans un océan déchaîné. Sa baguette était dans sa robe mais elle n’avait pas la force de la sortir. Dans son coeur, il subsistait un petit espoir qu’Harry change d’avis lorsqu’il verrait la Pierre, mais il était bien maigre.
Ron et Hermione rattrapèrent bientôt Harry qui filait dans le couloir obscur, et ils constatèrent que la pierre brute qui le constituait disparaissait pour être remplacée par de la pierre délicatement taillée. Plus étrange encore, la pierre semblait émettre une douce lueur bleue, comme dans...
- La salle de mon rêve, murmura Harry.
- Quoi ? demanda Ron.
- Dans mes rêves avec le nain, je me trouvais dans une salle bleue avec des murs identiques à ceux-là. La lumière semblait provenir de la roche elle-même.
Ils observèrent l’étrange phénomène avec appréhension.
- Ca veut dire que ta salle bleue existe réellement ? s’étonna Hermione. Et le nain aussi ?
- Peut-être, répondit Harry.
Ils levèrent un peu plus leurs baguettes mais leurs sortilèges pour éclairer le tunnel restaient inefficaces. Sans un mot, Harry s’engagea dans ce nouveau tunnel. Il était parfaitement rectiligne, et les trois sorciers eurent l’impression de le parcourir pendant plus d’une demi-heure. Ils commençaient à se demander s’ils allaient en voir le bout lorsque le tunnel s’élargit et se divisa en trois. Les nouveaux tunnels étaient parfaitement identiques.
- Un labyrinthe, dit Harry, comme je l’ai vu dans la cabane du jumeau.
Ils regardèrent chacun des chemins qui s’offraient à eux mais rien ne les incitait à en prendre un plutôt qu’un autre.
- On choisit lequel ? demanda Ron. Tu l’as vu dans ta vision ?
- Non, répondit Harry. J’ai juste vu qu’on suivait à un moment une fumée violette.
Il s’approcha alors du tunnel du milieu.
- Prenons celui-là, dit-il.
Ron et Hermione ne contestèrent pas le choix et suivirent Harry dans le dédale qui s’ouvrait sous leurs pas. Ils marchaient rapidement et à chaque recoin, ils craignaient de voir apparaître Voldemort devant eux. Les tunnels se subdivisaient sans cesse, et au bout d’un certain moment où ils ne firent que tourner en rond, Harry, Hermione et Ron commencèrent à se sentir mal à l’aise. Ils étaient perdus et ils ne voyaient pas comment trouver leur chemin. Parfois, Harry croyait distinguer une silhouette humaine éclairée par la lueur bleutée, mais elle disparaissait rapidement.
Harry accéléra la cadence, sa respiration se faisait plus saccadée, et il choisissait les différents embranchements sans vraiment y réfléchir. Puis au détour d’un couloir, il aperçut une autre de ces silhouettes, et il vit avec un pincement au coeur qu’il s’agissait de ses parents. Ils se tenaient immobiles et ne semblaient même pas apercevoir les trois sorciers. Harry se retourna et vit dans les yeux terrifiés de Ron et Hermione qu’il n’était pas le seul à avoir ces visions.
Il approcha lentement et se tint près à attaquer à la moindre alerte. Ses parents semblaient aussi transparents que des fantômes, et ils brillaient d’une lueur bleutée, à moins que ce ne soit la réflexion des murs. Leurs yeux étaient recouverts d’un voile blanc qui rappela à Harry les yeux morts des Inferi qui avaient essayé de l’emporter dans le lac, il y a un an. Il eut un bref haut-le-cœur face à cette vision. Il s’attendait à rencontrer beaucoup de choses dans ce dédale, mais sûrement pas une apparition aussi sordide que ses parents qui ressemblaient à des spectres.
Il passa devant eux et ils ne l’empêchèrent pas de continuer. Il essaya de ne pas lever la tête pour ne pas croiser leurs regards vides. Ron et Hermione le suivirent, horrifiés, puis continuèrent d’avancer. Au moment où le tunnel se divisait de nouveau, les trois sorciers se retournèrent et constatèrent que les parents de Harry étaient toujours au même endroit.
- Qu’est-ce que c’est ? murmura Hermione.
- Je n’en sais rien, répondit Harry.
Mais il s’était déjà engagé dans un nouvel embranchement. La vision l’avait révulsé mais ce n’était rien comparé à ces deux derniers jours, où il avait perdu Fitius, Ginny et avait appris le plan de Dumbledore. Il savait que ce n’était qu’un maléfice du labyrinthe, mais il se demanda pourquoi rien ne s’était passé.
Il s’arrêta brusquement. Devant lui se tenait Mr Weasley, le regard tout aussi mort que les parents de Harry. Aucune expression, aucun sentiment n’était visible sur son visage. Les trois sorciers passèrent rapidement devant cette vision, et Ron fit tout son possible pour ne pas la voir. Il avait la mâchoire serrée lorsqu’il frôla le spectre de son père, et des frissons le parcoururent longtemps après que la silhouette bleutée de Mr Weasley disparut.
Harry s’y attendait et il constata avec effroi qu’il avait raison. Bientôt, ce fut Sirius qui fut visible au détour d’un couloir. Son apparence était tout aussi effrayante. C’était le contraire du phénomène qui s’était déroulé dans le cimetière où Voldemort avait retrouvé son corps, lorsque leurs baguettes avaient été reliées et que des hommes et des femmes en étaient sortis. Ils semblaient alors auréolés de lumière et avaient l’air vivants. Leur présence avait redonné courage et espoir à Harry. Mais ici, dans ce labyrinthe froid, il était difficile de regarder trop longtemps les terribles apparitions qui n’inspiraient qu’horreur et dégoût.
Puis Harry, Hermione et Ron rencontrèrent Dumbledore. Le coeur de Harry se gonfla de haine et il passa en un coup de vent devant la sinistre apparition de son ancien mentor qui l’avait si lourdement trompé, le condamnant pour la réussite de ses plans. Ils passèrent devant l’apparition de Neville. Fitius suivit, pas plus de cinq minutes plus tard. Il était méconnaissable, et ses cheveux battaient contre son visage et cachaient ses yeux vides.
Harry savait quelle allait être la prochaine apparition, et Hermione le comprit car elle lui prit la main pour le réconforter. Lorsque Harry aperçut une lueur bleutée qui flottait devant lui, il ferma les yeux et avança à tâtons, les lèvres tremblantes et les larmes coulant sur son visage. Il ne voulait pas voir Ginny ainsi, dans cette apparence si spectrale, avec ses yeux morts et froids, eux qui avaient été si vivants. Il ne voulait pas emporter avec lui une telle vision. Ca ne pouvait pas être la dernière image de celle qu’il aimait. Il ne pourrait pas le supporter.
Hermione le guida et elle sentit la main de Harry serrer fortement la sienne. Puis lorsqu’ils eurent marchés quelques minutes et que Ginny ne fut plus visible, elle lui lâcha la main. Harry ouvrit les yeux, et ceux-ci étaient rouges. Il se les essuya avec sa manche et remarcha sans dire un mot.
Ils avancèrent à l’aveuglette pendant plus de quinze minutes, mais ils ne croisèrent plus aucun spectre. Ils se demandaient si cela signifiait qu’ils étaient sur la bonne voie lorsqu’une lueur violette apparut soudain sur le mur bleuté qui était devant les Gryffondors. Ils stoppèrent net et levèrent leurs baguettes. L’éclat violet se fit de plus en plus intense, puis de la fumée apparut en face d’eux. Ce n’était pas très clair dans la vision que Harry avait eue dans la cabane, mais maintenant qu’il avait le phénomène devant les yeux, il fut certain qu’il s’agissait d’un nuage violet. Le même que ceux qui filaient dans le ciel pour converger vers cet endroit.
Ca avait la même consistance, les mêmes nuances de couleur et flottait de façon identique que les nuages qu’ils avaient suivis pendant des semaines. Pourtant, Harry fut saisi de crainte face au nuage. Il sentait qu’il était dangereux et qu’il ne devait pas le toucher, sans même savoir pourquoi. Tout comme dans sa vision. Pourtant, dans cette même vision, il rentrait en contact avec le nuage, et il semblait les guider dans ce labyrinthe.
- Reculons, dit Hermione.
- Dans ma vision, on le touchait, répliqua Harry.
- C’était peut-être un piège.
- Mais c’était peut-être parce que le jumeau savait ce qu’il fallait faire pour accéder à la Pierre. Il faut suivre cette fumée.
- Et si ça nous tue ?
- Hermione, siffla Harry, on est perdu. Il faut qu’on sorte d’ici, et dans ma vision, c’est ce nuage qui nous aidait.
- Mais tu sens qu’il est dangereux ?
- Bien sûr.
Ron, quant à lui, restait muet et regardait avec inquiétude le nuage violet se rapprocher tout doucement d’eux. Harry s’avança alors fermement sous les cris apeurés d’Hermione, et il plongea sa main dans l’étrange substance. Le nuage brilla soudainement, puis il s’étira et commença à filer dans le tunnel.
Sans perdre un instant, Harry se lança à sa poursuite. Il entendit les pas précipités de Ron et d’Hermione derrière lui mais il ne se retourna pas pour les regarder. Le nuage avançait à toute vitesse et Harry ne voulait pas se laisser distancer surtout lorsque le tunnel se séparait en plusieurs embranchements. Les minutes passèrent et le nuage ne ralentissait pas sa course. Il scintillait devant eux et glissait en silence, les menant toujours plus loin dans le dédale.
Puis il arriva devant une ouverture et il s’évapora soudain en un millier de petites particules violettes qui retombèrent doucement sur le sol. Avec une certaine appréhension, Harry leva sa baguette et s’approcha de l’ouverture. Elle menait à une petite salle dont le sol était en bois et dont les quatre murs, faits avec les mêmes pierres que les tunnels du labyrinthe, émettaient une douce lueur bleutée.
Il se trouvait dans la Salle Bleue qu’il avait si souvent rêvée. Il y rentra avec précaution, en compagnie de Ron et d’Hermione. A sa gauche se trouvait le nain bleu, avec sa longue cape violette, qui les fixait de ses yeux graves et d’un bleu acier. Il était debout et observait les trois sorciers comme s’il les attendait.
- Harry, c’est la salle de ton rêve ? demanda Hermione l’air effrayée.
Harry hocha la tête et continuait de regarder le nain. Celui-ci parla dans son habituelle voix désagréable qui ressemblait à des milliers de verres que l’on fracasserait par terre.
- Vous y êtes presque...
- Où est la Pierre ? demanda Harry.
- En ce lieu, vous seul pouvez l’utiliser, continua le nain.
Harry regarda Hermione qui avait vu juste. Seule la Clé pouvait contrôler les pouvoirs de la Pierre dans les Terres Brumeuses.
- Pourquoi ne doit-on pas la sortir ? demanda Harry.
- Est-ce que quelqu’un d’autre est passé par ici ? questionna Hermione au même moment.
Mais le nain ne répondit ni à l’un, ni à l’autre. Il se contenta de fixer les Gryffondors avec son sourire le plus énigmatique. Au bout de quelques minutes pendant lesquelles les Gryffondors n’osèrent pas bouger, il parla enfin.
- Mourir ici par la Pierre…est irrémédiable, dit-il.
- Même avec des Horcruxes ? demanda Hermione.
Le nain ne répondit pas. Il leva un bras et indiqua le mur qui était en face de l’entrée. Harry tourna la tête et aperçut une grosse porte faite dans le même bois que le sol. Il était persuadé qu’elle n’y était pas lorsqu’il était entré dans la salle. Il regarda Hermione qui ne savait plus quoi dire. Apparemment, le nain ne semblait plus vouloir répondre à leurs questions et il continuait à fixer la porte qui était apparue.
Harry s’avança alors en direction de la sortie –si toutefois c’était une sortie-, et fit signe à Hermione et à Ron de le suivre. Au moment où il tourna la petite poignée dorée, il jeta un regard en arrière et il vit le nain qui continuait de les regarder sans aucune expression sur le visage. Il serra plus fermement sa baguette puis ouvrit la porte brusquement.
Devant lui se trouvait une vaste grotte étrangement semblable à celle qui se trouvait à l’entrée du tunnel et qui brillait de milles feux sous les rayons du soleil. Mais cette cavité ne donnait pas sur l’extérieur. Pourtant, elle était éclairée comme en plein jour alors qu’aucune torche n’était visible. A proximité de la porte où se tenaient les Gryffondors se trouvaient d’autres portes, toutes faites dans ce même bois noir. Pouvait-il y avoir plusieurs Salles Bleues ? Et plusieurs nains ?
Mais ce ne fut pas cela qui fit frémir Harry et qui attira son regard comme un aimant. Juste en face de lui, à une centaine de mètres, la Pierre Originelle trônait sur un petit piédestal de pierre. Il s’avança lentement et baissa sa baguette, comme subjugué par cet objet si petit et si terrible. Elle brillait d’une douce lueur orangée et était taillée grossièrement sur le dessus, tandis que la base était aussi lisse qu’un oeuf. Elle ne devait pas faire plus de dix centimètres, mais elle exerçait sur eux une terrible attraction. Sa puissance était palpable et il la sentait irradier tout autour d’eux et dans toutes les Terres Brumeuses, et peut-être même dans leur monde à eux.
Les trois Gryffondors continuaient à marcher en silence vers l’objet de leur quête lorsqu’Hermione s’arrêta.
- Harry, cette Pierre ne doit jamais quitter cet endroit, dit-elle d’une voix ferme mais qui trahissait un profond malaise.
- Je sais, répondit Harry.
- Est-ce que tu sens comme elle est maléfique ?
Le jeune Gryffondor hocha la tête, même si maléfique n’était pas le mot qui convenait. Il comprenait, tout comme Ron et Hermione, pourquoi les Fondateurs avaient soudain pris peur et avaient cherché à bloquer la Pierre dans ces Terres, et Harry admit lui-même qu’il comprenait la raison d’être du plan de Dumbledore. La Pierre semblait pulser, comme si elle émettait des ondes non pas mauvaises, mais anormales. Ce n’était pas un objet corrompu, c’était un objet qui n’avait aucune raison d’être. Il ne pouvait pas l’exprimer avec des mots, mais il le sentait dans tout son corps.
- C’est la Pierre qui est responsable de ce qui se passe dans ces Terres, dit Hermione. La Montagne Noire, le dragon géant, les deux jumeaux, ces ombres qui flottaient dans la forêt… Harry, c’est sûrement son influence qu’on a ressentie dans le passage qui menait aux Terres Brumeuses.
Harry était d’accord avec elle et Ron approuva également.
- Il ne faut pas que la Pierre aille dans notre monde, martela Hermione, quoi qu’il puisse se passer. Je n’ose même pas imaginer les effets que ça pourrait avoir.
Le regard du jeune Gryffondor fut attiré par une petite structure située à une vingtaine de mètres derrière la Pierre. Une sorte de voile semblait flotter et avait perturbé le regard de Harry.
- C’est peut-être par là qu’on quitte ces Terres, dit-il. Que vous quittez ces Terres, ajouta-t-il sombrement.
Mais Hermione poussa une exclamation et ouvrit des yeux ronds.
- Harry, tu ne le reconnais pas, bredouilla-t-elle en montrant le voile.
Harry regarda plus précisément et il fut plus étonné que tout ce qu’il avait rencontré jusqu’à présent. Le voile flottait devant une arche de pierre. Une arche qu’il avait déjà vue.
- Dans le Département des Mystères, souffla Harry.
Il n’y avait aucun doute possible. C’était l’arche qui se trouvait en bas des gradins de granit de la salle du Département des Mystères. Là où Sirius était mort lorsqu’il était passé par delà le voile.
- Ca signifie quoi ? demanda Harry. Le Ministère était au courant de ce passage et de la Pierre ?
- Non, affirma Hermione. Je suis certaine que nous sommes les seuls à savoir. Mais cette Pierre, elle doit avoir un lien important avec la mort. Harry, il ne faut surtout pas qu’elle quitte cet endroit ! Tu dois...
Une porte s’ouvrit à la volée derrière eux. Une porte située à gauche de celle que les Gryffondors avaient empruntée. Une porte sur le pas de laquelle se tenait un être décharné, entouré d’ombres, le visage blanc sur lequel luisaient deux yeux rougeoyants. Les Gryffondors virent avec horreur la terrible silhouette de Voldemort s’arrêter brusquement et les contempler avec surprise. Puis les regards des quatre sorciers convergèrent sur la Pierre et tout se précipitèrent sur elle.
- Harry attrape la Pierre ! cria Ron en pointant sa baguette sur Voldemort et en lui lançant des sortilèges.
Harry étant le seul à pouvoir utiliser la Pierre et à éliminer Voldemort, la course de Ron et d’Hermione ne rimaient à rien. Tout ce qu’ils pouvaient faire, c’était freiner Voldemort pour donner à Harry suffisamment de temps pour s’emparer de la Pierre. Apparemment, Hermione avait pensé la même chose car elle se tourna brusquement vers le mage noir et l’attaqua violemment. Mais comment contrer l’un des puissants sorciers ayant jamais existé ?
Harry poursuivit sa course seul, courant de toutes ses forces, espérant ne pas faillir sur les derniers mètres qui le séparait du piédestal, après les kilomètres avalés durant leur quête. Ses jambes étaient en feu et ses poumons semblaient ne recevoir que de l’air brûlant. Il ne se retourna pas, par peur de trébucher ou de voir où étaient les autres. Il entendait des sortilèges fuser dans la caverne et des bruits de pas précipités. Il n’était qu’à dix mètres. Voldemort était loin derrière lui. Mais la Pierre se rapprochait si lentement. Plus que cinq mètres.
Sachant qu’il se condamnait lui-même, il ne se posa malgré tout aucune question et n’éprouva aucune peur lorsqu’il approcha la main de la Pierre Originelle. Puis il vit un flash vert. Il entendit une bourrasque de vent. Un cri. Un corps qui tombe. Et il ferma la main sur l’objet de leur quête tout en se retournant.
Voldemort était à une vingtaine de mètres de lui, et pour la première fois, une terreur sans nom se lisait dans ses yeux qui fixaient la Pierre tenue fermement par Harry. Mais il vit également Hermione, étendu sur le sol, immobile, avec Ron à genoux à ses côtés. L’air lui manqua brusquement. Il crut être victime d’une vision, tout aussi horrible que celles du labyrinthe. Mais les cris désespérés de Ron étaient d’une cruelle réalité, et ses larmes qui tombaient dans la chevelure broussailleuse d’Hermione n’étaient pas une hallucination.
Voldemort restait immobile, regardant le corps sans vie d’Hermione que son sortilège avait fauché sans pitié, et reporta son regard sur Harry, et il sut alors que tout n’était pas perdu. Il laissa tomber sa baguette, qui ne lui était plus d’aucune utilité, et son visage fut déformé par un rictus mauvais.
Harry le regarda et la haine était si visible sur son visage que Voldemort tressaillit, conscient que son destin était finalement peut-être scellé. Harry sentit la chaleur de la Pierre Originelle dans sa main qui irradiait son corps et son regard croisa celui de Voldemort. Il sentait le pouvoir de la Pierre, le pouvoir d’ôter la vie par sa simple volonté.
- Sauve-la ! cria Ron.
Harry regarda brusquement Ron. Les larmes coulaient sur son visage et il regardait Harry avec un air apeuré, perdu.
- Sauve-la ! répéta-t-il.
Harry regarda de nouveau Voldemort qui restait à distance, et dont le rictus ne fit que s’élargir. Puis il reporta son attention sur Hermione.
- Utilise la Pierre ! hurla Ron. Ramène-la !
Harry ouvrit la bouche mais il resta muet. Il semblait avoir perdu la faculté de parler tandis que ses pensées tourbillonnaient dans sa tête, l’horrifiant devant ce qu’il allait devoir choisir. Devant la décision qu’il lui fallait prendre. Mais comme Trelawney lui avait dit il y avait des mois, c’était une décision qu’il avait déjà prise.
- Harry, s’il te plaît ! cria Ron qui tenait toujours Hermione dans ses bras. Qu’est-ce que tu attends ?
- Je ne peux pas, dit Harry d’une voix rauque tout en étant nauséeux en entendant ses propres paroles, qui lui semblaient cependant être la sagesse même, mais qui étaient aussi méprisables que les machinations de Dumbledore.
- Bien sûr que si, tu peux ! Utilise la Pierre pour la ramener !
- Voldemort ne possède pas la Pierre, répondit Harry. Si je ne le tue pas avec, il quittera cet endroit.
Il savait que seul la Pierre Originelle pouvait tuer définitivement Voldemort. Utiliser un sortilège de la mort n’aurait été d’aucune utilité, ses Horcruxes pourraient encore le protéger. Alors que la Pierre l’éliminerait de manière irrémédiable. Le nain l’avait assuré.
- Ca m’est égal ! hurla Ron. Sauve-la !
- On est venu ici pour le tuer, dit Harry.
- Je m’en fous ! cria Ron comme un dément tout en levant les yeux sur Harry. Tu attends quoi ?
Harry s’approcha d’Hermione et s’agenouilla auprès d’elle, tout en continuant à fixer Voldemort. Mais il ne bougeait pas. Il restait immobile, sa baguette posée à ses pieds.
- C’est la seule manière de le vaincre, dit Harry en montrant la Pierre à Ron. Si je sauve Hermione, je ne pourrai pas le tuer.
- Alors donne-la-moi ! répliqua Ron en tendant sauvagement la main. C’est moi qui vais la sauver !
- Je suis le seul à pouvoir utiliser la Pierre ici, répondit Harry. Tu ne pourrais pas la faire revenir.
- Dans ce cas je quitte ces Terres, je...je passe par le voile, je la sauve, et je te ramène la Pierre, bredouilla Ron.
- Je ne pense pas que ce passage marche dans les deux sens, dit Harry. Si tu passes par le voile, tu ne pourras plus revenir ici. La Pierre ne doit pas quitter ces Terres. Hermione nous l’avait dit. Que quoi qu’il se passe, il ne fallait pas qu’elle arrive dans notre monde.
- Eh bien elle changerait d’avis maintenant ! répondit Ron avec des sanglots dans la voix. S’il te plaît.
- Je suis désolé.
Et il se releva avec douleur, abandonnant son amie sur le sol froid, et regardant Voldemort dont les yeux frémirent de peur.
- Ron, dit-il lentement, passe par le voile et emmène Hermione. Je...je vais faire ce qu’il faut faire.
Mais Ron leva des yeux implorants sur Harry et sanglota de plus belle.
- Harry, sauve-la. Je t’en prie.
- Ron, demande toi ce qu’Hermione aurait voulu qu’on fasse, dit Harry. Qu’est-ce qu’elle nous aurait demandée de choisir ?
Ron baissa les yeux sur le corps d’Hermione qui était dans ses bras. Ses paroles étaient incompréhensibles et il lui fallut un moment pour parler clairement.
- Elle nous demanderait de tuer Voldemort, dit-il finalement.
Harry s’approcha de Ron et lui posa la main sur l’épaule. Celui-ci hocha la tête en silence, les yeux remplis de larme, et souleva le corps d’Hermione.
- Va-y, murmura Harry. Et je m’occupe de lui.
- Et toi ? bredouilla Ron.
Mais Harry ne répondit pas. Il regarda gravement Ron puis passa une dernière fois la main sur le visage détendu d’Hermione. Alors il leur tourna le dos et marcha vers Voldemort. Derrière lui, Ron se dirigea à pas lents vers le voile, la respiration secouée de sanglots. Harry s’arrêta à quelques mètres de Voldemort et son regard se fixa sur celui, rougeoyant, du mage noir. Il attendit quelques instants, puis les pas de Ron qui résonnaient dans la salle s’évanouirent.
- C’est fini Tom, dit calmement Harry. Tes Horcruxes ne te sont d’aucun secours ici.
La peur qui se lisait dans les yeux de Voldemort suffisait à prouver à Harry qu’il le savait également. Peut-être le nain lui avait dit, à lui. Mourir ici, par la Pierre Originelle, était définitif, irrémédiable.
- Tu n’as jamais rien compris Tom, poursuivit Harry de la même voix mesurée.
Il tenait à faire payer à Voldemort toutes ces morts, toutes ces pertes qu’il avait subit. Il voulait qu’il comprenne qu’il était condamné depuis toujours. Il voulait prendre sa revanche, aussi illusoire soit-elle.
- Dumbledore tire les ficelles depuis le début. Tu es mort parce qu’il l’avait décidé. Tu es revenu parce qu’il l’avait voulu. Tu as été mis au courant de l’existence de la Pierre grâce à Rogue qui t’a trahi. Et si tu avais possédé la Pierre, tu aurais été bloqué ici.
Harry lui expliqua l’ensemble du plan de Dumbledore, et plus il progressait dans son récit, plus Voldemort montrait un étonnement qu’Harry ne lui avait jamais vu, mais également une peur sans nom. Voldemort ne dit rien, mais la panique était lisible sur son visage de serpent.
- Tu n’étais qu’un pion Tom, finit Harry. Un simple pion sur un gigantesque échiquier, et Dumbledore te déplaçait quand il le voulait.
- Dans ce cas, tu es toi aussi condamné, siffla-t-il. Tu possèdes la Pierre.
- Je sais, répondit calmement Harry. Mais je savais ce qui m’attendait. Contrairement à toi.
Il fit un pas vers Voldemort qui frémit.
- Nous sommes tous les deux des victimes, siffla-t-il. Dumbledore t’a manipulé tout comme moi.
- Une victime ? railla Harry avec colère. Tu ne mérites que la mort !
Les yeux du mage noir se dilatèrent. Il fit un pas en arrière et regarda Harry avec tristesse.
- Je voulais seulement être immortel, dit-il avec calme et presque avec regret.
Les yeux de Harry plongèrent dans ceux de Voldemort et avec une volonté sans faille, il exerça son pouvoir sur la Pierre Originelle. Les yeux de son ennemi s’agrandirent sous la surprise, puis l’étincelle de vie qui les habitait s’évanouit. Il tomba à genoux puis s’effondra par terre. Dans la main de Harry, la Pierre Originelle brilla et chauffa légèrement, comme pour accueillir l’offrande qui lui était faite, puis elle retourna à son état normal. Le voile s’agita comme sous l’effet d’une brise légère. Voldemort était vaincu.
Harry resta debout, la respiration saccadée mais l’esprit plus calme que jamais. Il contempla le corps sans vie de Voldemort enveloppé dans sa robe noire, sa baguette à ses côtés. Puis il regarda derrière lui. Ron était parti, emportant avec lui le corps d’Hermione. Harry se retrouvait à présent seul, sans espoir de revenir dans le monde d’où il venait. Il n’essaya même pas d’essayer de passer par le voile. Il savait que Dumbledore avait fait du bon travail.
Il se dirigea néanmoins vers la porte de bois qu’il avait emprunté peu de temps auparavant, mais elle resta fermée. Toutes les autres portes étaient bloquées. Comme il s’y était attendu, comme Rogue lui avait dit, il était coincé dans cet endroit. Mais il ne comptait pas rester prisonnier de ces Terres à jamais. Il sentit le pouvoir de la Pierre Originelle palpiter dans ses mains.
Il regarda autour de lui mais il n’aperçut aucune surface réfléchissante. Il regarda auprès du piédestal en pierre, à proximité du voile, dans chaque recoin de la salle, mais il n’y avait rien qui pourrait lui renvoyer son image. Puis son regard se posa sur les yeux de Voldemort, dont les pupilles verticales montraient encore la surprise qu’il avait éprouvé lorsqu’il avait senti la mort le saisir.
Harry s’approcha du corps de son ennemi puis il le mit sur le dos. Ses yeux se posèrent sur ceux de Voldemort qui réfléchissaient son visage calme et posé. Il serra la Pierre Originelle dans ses mains, son regard se perdit dans ses propres pupilles, et il lui suffit d’exercer une ultime volonté. Ses yeux restèrent immobiles. Nulle surprise, nulle crainte ne s’y lisait. Harry sentit la Pierre chauffer dans sa main, puis tout devint noir. Un noir accueillant et consolant. A la fin de sa vie, il eut le temps de se souvenir du visage souriant de Ginny et de ses cheveux de feu. Et la chaleur dans sa main, la lumière de la salle, le bruissement du voile, les visages de ses amis, tout quitta à jamais son esprit.
Ma fic! ==> Harry Potter et la Pierre Originelle http://www.gazette-du-sorcier.com/potte ... hp?id=1193
Re: Harry Potter et la Pierre Originelle [Chap 47 + Epilogue]
Epilogue
Spoiler (cliquez pour révéler) : Lorsque Ron passa à travers le voile, il se retrouva dans la Chambre de la Mort du Département des Mystères, dans le Ministère de la Magie encore dévasté. Le corps d’Hermione dans les bras, il transplana en direction du Terrier où il retrouva ce qui restait de sa famille. Bill avait été tué lors de la Bataille de Poudlard, et Ron avait été considéré comme mort depuis bien longtemps. Par miracle, Fred, George, Charlie, Percy et Mme Weasley avaient échappé au pire et ils accueillirent Ron après avoir perdu tout espoir.
Les sorciers qui avaient survécu à la Bataille de Poudlard s’étaient réfugiés dans la nature après avoir pris la fuite. Plusieurs professeurs, dont Flitwick et Slughorn, ainsi que des élèves, s’étaient cachés dans les profondeurs du château et ils n’en étaient sortis qu’après plusieurs jours, lorsque les ruines de Poudlard encore fumantes avaient été désertées par l’armée de Voldemort.
Sans la présence et la volonté du Seigneur des Ténèbres ainsi que de son fidèle lieutenant, Rogue, qui avaient mystérieusement disparu sans aucune explication, les Mangemorts avaient été plongés dans la plus grande perplexité. Peut-être Voldemort avait-il cru que la Pierre Originelle lui suffirait à elle seule à étendre son pouvoir ? Peut-être avait-il pressenti qu’il ne reviendrait pas des Terres Brumeuses ? Quoi qu’il en soit, l’armée du mage noir se dispersa rapidement. La majorité des gobelins et des géants retournèrent dans leurs pays lointains tandis que les autres continuèrent à commettre des atrocités sur leur passage.
Cependant, les attaques avaient diminué et les sorciers survivants, ceux de l’Ordre du Phénix et ceux du Ministère de la Magie, étaient repassés à l’offensive, regagnant progressivement du terrain. Au moment où Voldemort fut vaincu et où Ron passa au-delà du voile, la lutte se poursuivait mais les dernières poches restantes de l’armée de Voldemort se raréfiaient et abandonnaient progressivement la lutte. Trois mois plus tard, la deuxième guerre était officiellement terminée.
C’est dans un endroit isolé et tenu secret que Ron mit en terre le corps d’Hermione, et auprès de sa tombe furent également mises celles de Harry, Ginny et Neville, à l’ombre d’un immense chêne. Jamais il ne parla de leur quête, des Terres Brumeuses, ou de la manière dont Voldemort était mort. Ses rares allusions à ce qu’ils avaient fait restaient très évasives et chacun imagina sa propre histoire, aucune n’approchant de près ou de loin la réalité. Il se recueillit fréquemment sur les tombes de ses amis, et au bout de plusieurs années, il parvint à pardonner à Harry la décision qu’il avait prise dans la salle de la Pierre, décision qu’il avait cependant toujours comprise.
Il participa grandement à la reconstruction du monde magique, avec la mise en place d’un nouveau Ministère de la Magie. Le Bureau des Aurors fut modernisé et renforcé, pour combattre les Mangemorts et les restes de l’armée de Voldemort encore en liberté, et pour empêcher l’ascension d’un nouveau mage noir. Il prit soin de condamner la Chambre de la Mort pour que plus personne ne puisse y accéder. Il refusa également le poste de Ministre de la Magie malgré la grande notoriété dont il jouissait en raison de son rôle dans la chute de Voldemort, rôle inconnu mais que l’on supposait grand étant donné que même Harry Potter, l’Elu, avait péri. Ce fut Percy qui hérita du poste, et il améliora grandement le fonctionnement du nouveau Ministère.
Le cœur de Ron était plus porté vers Poudlard, sans doute en souvenir du temps qu’il y avait passé avec Hermione et Harry et de leur ancienne amitié qui resta toujours vivace dans l’esprit de Ron. Il suivit avec attention la reconstruction de l’école qui fut rebâtie à l’identique et qui pu accueillir de nouveau des élèves un an plus tard. Une grande statue en l’honneur de Harry fut érigée dans le parc de l’école, mais jamais il n’y en eut de semblable pour Hermione, Ginny et Neville, ce qui attrista grandement Ron.
Il occupa le poste de directeur de Poudlard pendant plus de vingt ans, avant que, arrivé au crépuscule de sa vie, il laissa la place à son successeur. Pendant ses dernières années, il était souvent saisi d’une profonde tristesse, et dans ses rêves apparaissait fréquemment des Montagnes Noires au milieu de nuages tourbillonnants. Pour ne pas que tout ce qu’ils avaient subit et tout ce par quoi ils étaient passés, lui, Hermione, Harry, Ginny et Neville, soit perdu, il enferma ses souvenirs dans une fiole et la déposa dans un endroit secret, en sachant qu’en temps voulu, elle serait retrouvée.
Et lorsqu’il mourut à l’âge avancé de quatre vingt dix sept ans, le dernier ayant participé à la quête de la Pierre Originelle, son corps fut enterré aux côtés d’Hermione et de ses compagnons, à l’ombre du chêne, par les membres restants de sa famille composés des enfants de Fred, George et Charlie.
Et l’on raconte que parfois, au crépuscule, un phénix doré vole au-dessus du chêne en entamant un long chant beau et triste, et que, se posant sur une branche, il verse quelques larmes d’argent sur les tombes des héros disparus.
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- Crountie
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Re: Harry Potter et la Pierre Originelle [Chap 47 + Epilogue]
C'est drole, j'avais suivi l'histoire durant l'écriture, et la vu que tu a posté, j'ai relu l'épilogue, et je tenais a redire qu'il est superbe.
Tu comptes refaire une fic ou pas?
Tu comptes refaire une fic ou pas?
- daimadoshi
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Re: Harry Potter et la Pierre Originelle [Chap 47 + Epilogue]
Message par daimadoshi »
Hello,
Je sais que j'arrive un peu après le plantage du système des potfics, et donc je n'ai pas eu l'occasion de intéresser a ta fic avant.
Du coup, moi qui avait envie de la connaitre, j'arrive un peu tard. Je me demande donc s'il y a un moyen de pouvoir lire ta fic d'une autre manière. Si c'est possible, dis moi comment ?
J'ai vu que tu avais publier les derniers chap sur le forum, je ne sais pas si tu compte faire de même avec l'ensemble des chapitres déjà publié (ca doit quand même prendre du temps ^^').
Bref, je ne désespère pas de connaitre ta vision de la fin de HP.
Merci ^^
Je sais que j'arrive un peu après le plantage du système des potfics, et donc je n'ai pas eu l'occasion de intéresser a ta fic avant.
Du coup, moi qui avait envie de la connaitre, j'arrive un peu tard. Je me demande donc s'il y a un moyen de pouvoir lire ta fic d'une autre manière. Si c'est possible, dis moi comment ?
J'ai vu que tu avais publier les derniers chap sur le forum, je ne sais pas si tu compte faire de même avec l'ensemble des chapitres déjà publié (ca doit quand même prendre du temps ^^').
Bref, je ne désespère pas de connaitre ta vision de la fin de HP.
Merci ^^
Re: Harry Potter et la Pierre Originelle [Chap 47 + Epilogue]
Je vais mettre tous les chapitres sur le forum. C'est quand même bête de lire la fin de l'histoire sans en connaître le début!
Vu que ça va prendre du temps, la mise en ligne des chapitres risque de s'étaler sur une ou deux semaines.
Vu que ça va prendre du temps, la mise en ligne des chapitres risque de s'étaler sur une ou deux semaines.
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