| Il était une fois au fin fond de l’écosse profonde plongée dans le brouillard, une porte.
C’était La porte ouverte à tout et n’importe quoi. Ce lieu-dit était incartable. Mais comme son nom l’indiquait, elle n’était jamais fermée à clé. Les chances de l’ouvrir étaient grandes, mais encore fallait-il la trouver…
Derrière la porte, s’étendait une prairie sur une falaise elle-même léchée par les flots d’une mer déchainée. Quand il n’y avait pas de brouillard ou de nuages, il pleuvait. La porte était dressée sur son bois, comme par magie, et aucun mur ne l’entourait.
A vu d’œil, cette porte ne servait à rien…Mais il faut se méfier des apparences. Une porte, ça sert toujours à quelque chose. Au moins à faire jolie dans un paysage mystérieux et intriguant.
Et sinon, c’était un point de ralliement pour les initiés…Qu’est-ce qu’un initié d’après vous ?
C’est un membre d’une association, d’une confrérie, d’un forum, d’une secte, ou de tout autre contexte réunissant des gens sous une ère de dictature.
Ainsi, Le club des cavaliers sans têtes avait la porte le mardi. Leurs animations préférées lors de leurs soirées privées étaient le lancer de tête à travers la porte ou encore simuler une décapitation en la claquant brusquement sur leurs cous fantomatiques. Ils n’avaient que peu faire des histoires des vivants, et ne venaient là que pour jouer sans se soucier du dictateur revenu au pouvoir.
Il est inutile de décrire ici tous les clubs et le planning de répartition de la porte aux diverses organisations plus ou moins utiles pour l’intérêt général ou pour notre intrigue.
Le dictateur qui était pour l’instant revenu au pouvoir de manière relativement discrète, planifiait avec hargne la façon, enfin, de tuer le bambin. Ce dernier était aujourd’hui en 6ème année à l’école de sorcellerie Poudlard. Et bien que myope et encore un peu rachitique ou du moins pas si musclé pour un survivant, à lui, il ne lui manquait aucune « partie » si petite soit-elle. Peut-être était-ce grâce à cette petite partie que par chance, il s’en était jusqu’à présent toujours tiré.
Lord Voldemort, devait en attendant de tuer le garçon…tuer le temps. Il est si aisé pour un dictateur sans cœur de s’ennuyer. Tuer des gens est lassant. Et répétitif ; toujours les mêmes supplications, les mêmes cris, les mêmes giclés de sang…
La porte, ce lieu qu’il ne possédait pas encore, ouverte à tout et n’importe qui, il voulait la faire sienne. Il tua tous les membres des clubs bénéficiant d’un droit sur la porte, et chassa les fantômes sans trop de peine.
Puis, il regarda la porte dans l’entrebâillement. Il fallait privatiser cette porte et sa falaise. Et en faire quelque chose de vraiment utile, voire, distrayant, pour y tuer autant les gens que le temps.
Il songea à nouveau à cette « partie » qu’il avait perdue, et que le garçon avait...
Ce nez n’était-il pas une arme pour le garçon ? Le garçon était fade et sans envergure, mais peut-être que son flair était performant ? Le seigneur des ténèbres n’avait jamais cru au pouvoir du nez, mais peut-être y avait-il là, à défaut de boutons, un mystère à percer.
Aussi, une fois le lieu débarrassé de ses indésirables, Lord Voldemort, décida que la seule et unique fondation autorisée à séjourner à La porte ouverte à tout et n’importe quoi (il faudrait songez à en changer le nom, se dit-il) serait la sienne : La Nezfrayante.
Il y avait de la place. Il comptait mettre des chercheurs sous imperium pour étudier le nez comme arme potentiel du survivant. Qu’avait-il sinon, que Voldemort lui-même ne possédait pas ? Il fit même appel au plus grand Génie du nez, Mr Neztong connu dans toute l’Asie et au-delà.
Il y aurait aussi le club des Nezcorchés, réunissant ceux qui n’avaient plus de nez afin qu’ils partagent leurs astuces pour pallier à ce handicap, notamment lors de duels de sorciers et de compétitions de simulations d’assassinat du survivant, dans les conditions réelles de son adversaire, c’est-à-dire, sans nez.
Il y avait aussi les cobayes, en grandes parties des victimes que Greyback avait mordues au nez, qui étaient observées, dépecées ou autres, tout ce qui pouvait potentiellement faire avancer la recherche…
Pour protéger ce lieu ouvert, on y lança des enchantements et on y désigna un gardien du secret…en la personne de Lucius Malefoy. C’était là une énième punition de son maître car la pression était telle lorsque l’on était gardien du secret, surtout pour le seigneur des ténèbres, que la vie devenait incertaine, voire stressante.
Alors qu’il méprisait les moldus, il y eu un temps, une équipe pour déchiffrer les éventuels secrets cachés derrière des expressions telles que « tirer les verres du nez », « avoir quelqu’un dans le nez », « avoir du nez »…Mais tout cela se révéla pauvre et Lord Voldemort ordonna à Lucius Malefoy de tuer tous les moldus de cette brève section de recherche.
Un jour, Lucius Malefoy tomba sans le vouloir sur un registre avec des dates, des lieux et anecdotes retranscrites par le Pr Neztong. Il fit la découverte étrange, ô combien stupéfiante, que la création des horcruxes n’était pas la responsable à l’ablation du nez de son maître. La raison était si risible, qu’elle était difficile à croire. Un jour, après avoir passé sa journée à tuer des gens sur sa route, Voldemort s’assoupit sous un arbre. Vint un être si doux et si petit qu’il ne le sentit ni ne le vit s’approcher…
Le petit chihuahua moldu, loin des terreurs des hommes et perturbé que sa mère soit aussi sa sœur, s’attaqua violemment au nez de cet être humain qu’il ne connaissait pas. Tout s’enchaîna très vite et avant que Voldemort n’ait le temps de réagir, le petit Chihuahua s’enfuyait déjà avec le nez du seigneur des ténèbres dans la gueule. Ce fut aussi rapide qu’une piqûre de moustique, et sonné Voldemort eu à peine le temps de voir déguerpir le derrière trottinant du petit chien dans la pénombre. Il était si petit qu’il ne le retrouva jamais. Le petit chihuahua, après avoir avalé son repas de fortune rentra gratter à la porte de sa maîtresse dans sa maison de banlieue chic.
Marge ouvrit la porte effarée devant le spectacle du petit chihuahua frénétique avec du sang plein les babines. Effrayée, suspicieuse qu’il ait peut-être attaqué un enfant du quartier et pour ne pas qu’on l’accuse, dès le lendemain, Marge emmena faire piquer le petit bâtard. Elle s’en était méfiée depuis le début estimant que le sang de sa portée était mauvais. Et puis elle avait suffisamment d’autres chiens dignes de ce nom chez elle. Elle en fut d’ailleurs soulagée, ce chien lui rappelait trop son neveu par alliance et ça lui portait sur les nerfs. Voilà comment le bout du nez du grand Seigneur des ténèbres, se retrouva en bouillie dans la fosse commune des chiens de petite taille.
La honte de se faire ôter ainsi le nez par un animal non magique fut grande pour le Seigneur des ténèbres, et jamais cette information n’avait filtré. Le seul qui fut mis dans la confidence était ce génie de Neztong qui disait que tout savoir était important pour sa recherche.
Malefoy, encore une fois, se retrouvait avec le poids d’un lourd secret. Si jamais il lui venait le malheur de faire une gaffe, de révéler la plus grande humiliation que son maître eu connu, s’en fut fini de lui, de sa femme, et de son fils…
Le soir même, il brula le dossier, et ordonna à sa femme de lui jeter un sortilège d’amnésie pour la journée passée. Ainsi l’information fut emportée avec la mort de Neztong qui décéda d’un Avada Kedavra murmuré par le seigneur des ténèbres qui ne le sentait plus, persuadé qu’il avait menti sur son curriculum vitae concernant ses expériences nasales.
De rage, il dissout littéralement ses équipes à coup de sortilèges de mort et incendia le matériel, laissant la porte à l’abandon.
Bien des mois après cet échec de La Nezfrayante, alors qu’il avait été distrait par l’action et les meurtres, Lord Voldemort, qui n’avait pas flairé la destruction de son dernier Horcruxe par celui qui portait un nom de fesses basses, se retrouva, rattrapé, par ces histoires de nez, jusque dans sa mort… Alors réduit à l’état de moins que rien dans les limbes de King’s Cross, recroquevillé sous un banc plein de douleurs, abandonné de son rival reparti parmi les vivants, Lord Voldemort vit apparaître Mérope. Mérope belle comme après une longue nuit réparatrice. Lord Voldemort gémit vers sa mère comme le dernier des moutards tant il avait mal. Il lui demanda de faire cesser toute cette douleur, cette peine qui lui était si étrange.
Elle lui dit : - Mon fils, si tu veux arrêter de souffrir, fait ce que t’as dit le garçon, tu ne l’as pas fait de ton vivant, c’est ta dernière chance de le faire de ta mort .
-Quoi ? Eprouver du remord ? dit Voldemort… Je ne sais même pas ce que ça veut dire.
-Mon garçon, j’insiste, dit sa mère d’un ton aimable…Nous pourrions nous retrouver, nous réinventer, nous purifier ici, faire connaissance si seulement…
-Si seulement quoi ? demanda Voldemort
-Je vais te révéler ce que tu dois faire, lui dit sa mère. Je ne peux te le dire qu’une seule fois. Si tu ne le fait pas je disparaîtrais à jamais de tes limbes et tu resteras seul plié dans ton étrangeté inconfortable.
-Vas-tu parler, femme ! lui dit avec dédain son fils
-Mouches-toi ! lui dit sa mère.
Voldemort la regarda stupéfait, et n’en fit rien. Sa mère disparut et il resta là recroquevillé comme un poulet.
Il avait été incapable d’éprouver du remord. Incapable de pleurer. Donc incapable de se moucher.
Sa mère ne l’avait pas aidé en essayant de le faire se moucher à son insu pensant que ça suffirait à tromper les lois des limbes en faisant passer de la morve pour du remord.
La morale de cette histoire c’est qu’on perd beaucoup de temps à fermer des portes et à en chercher les clés, alors qu’il serait tellement plus simple de chercher le meilleur chemin pour déjà retrouver l’entrée.
Aujourd’hui, la porte est à l’abandon, si ce n’est de temps à autre, le mardi, des fantômes venant se décapiter pour rigoler. |