little_Ln a écrit :Tappu Nottep a écrit :J'hésite à aller voir
In the air, sachant que je ne pas du tout
aimé Juno (je sais je vais faire hurler tout le monde, mais j'ai des raisons, je peux me défendre !
).
Et ce sont quoi, ces raisons ?
^^
Je le savais, c'est pourquoi j'ai appelé mon avocat (on sait jamais). Je sais que mon avis n'est pas très fair-play car focalisé sur quelques aspects du film que j'ai peut-être un peu trop intellectualisés. Et puis : "Des goûts et des couleurs..."
Sans rire, je sais que beaucoup de gens aiment ce film, et c'est sûrement qu'il a des qualités. Perso ça n'est pas trop passé : le film est sympa, léger... mais justement trop léger, comme si le réalisateur voulait absolument que son film ait l'air "cool".
Mais je trouve qu'il est complètement asceptisé ; ça participe sans doute du côté léger et insouciant qu'on apprécie chez lui, mais du coup ça ne m'a pas convaincue. Le caractère spontané et décidé de l'héroïne, sur lequel repose une bonne partie du charme du film, est délicieux, je l'aurais trouvé touchant dans d'autres circonstances, ici ça m'apparait comme un manque de sincérité (de la part du scénario) envers la situation à laquelle la jeune fille est confrontée. Par rapport à cette histoire de grossesse, on voit Juno faire preuve d'une incroyable indépendance d'esprit, invraisemblable même. Mais jamais le film ne s'arrête sur la réelle gravité de la situation, sur le problème du choix de garder ou non son enfant, et sur les déterminations qui ont pu pousser l'héroïne à prendre cette décision. Et ce qui est présenté comme un modèle de courage et de libre arbitre, je l'ai inévitablement perçu comme un caprice de gamine. On voit Juno arborer son gros ventre dans les couloirs du lycée (certes, c'est marrant), elle dit juste à la fin à son copain qu'il est le seul à ne pas la regarder comme un phénomène, mais le problème du regard des autres dans une telle situation, de la pression sociale, est presque occulté. Sans compter l'aspect médical : à part l'épisode de la galette dans l'urne (poilant ceci dit), les symptômes de la grossesse sont complètement laissés de côté. Or attendre un bébé quand on a l'âge et la carrure de Juno, ça fait des dégâts, y compris sur le plan émotionnel : là elle vit sa vie comme si de rien était.
Bref, je trouve qu'il aurait été plus juste de s'attarder sur d'éventuels obstacles aux décisions de l'héroïne : réaction des parents, prise de conscience du regard des autres, et bien sûr : perte de l'innocence. En fait, c'est une des choses qui me dérangent le plus dans ce film, je n'ai pas l'impression que Juno sorte réellement transformée de ce qu'elle vit. Elle reste insouciante, et quand elle a accouché, elle ne devient pas mère, elle redevient enfant (ou ado disons).
(quand je relis cette phrase, je me dis que c'est pas forcément négatif, ça peut même être un aspect intéressant du film, à creuser donc
)
Enfin voilà, selon moi, l'attitude de Juno n'est possible que parce qu'on est dans un monde bariolé où tout le monde est sympa et où l'on peut être mère à 16 ans sans se soucier des conséquences. Le seul problème étant de trouver le couple adéquat pour accueillir l'enfant. Et à la limite, j'ai bien aimé le personnage du futur-père, pas à l'aise dans son rôle, immature : les moments avec Juno sont assez forts (le côté miroir inversé), mais son manque de détermination en fait aussi un personnage plus juste, et moins artificiel. Au fond, Juno est comme un conte de fées : vous me direz que ça pose pas de problème, mais... de la part d'un réalisateur qui se présente comme le contre-pied d'Hollywood, ça me laisse un peu sceptique.
D'ailleurs, ce film se réclame de ses côtés marginaux, mais je le trouve somme toute assez conformiste : le schéma scénaristique n'est pas très original, la façon de tourner non plus. L'héroïne, très mignonne, reste malgré tout dans les normes, les personnages ne sont pas si originaux que ça : on prend des ados, on leur donne deux ou trois caractéristiques hors du commqu'ils "assument", et pouf ! on a de petits américains déjantés et libérés, pas comme le troupeau bêlant qui attend de faire curer l'utérus et de prendre la pilule avant d'aller au centre commercial comme tout le monde. Restent les situations cocasses, l'humour, le style vestimentaire, quelques répliques du style "j'espérais qu'elle se droguait", la musique... le tout restant très sage. Bref, ça a beau être du cinéma indépendant, je trouve qu'on sent l'artifice et la recette du succès (néo-grunge, femme-enfant, humour "déjanté", chansons à la guitare et à la mode...). Dans le genre, j'ai préféré Little Miss Sunshine, qui avait le mérite d'aller plus loin dans la démence profonde.
Voili voilou, j'ai dit à peu près l'essentiel de mes raisons.
Ceci dit je vais ptêtre aller voir
In the air, en toute bonne foi.
Par contre j'ai enfin vu Tetro (dont certains ont parlé) et j'ai beaucoup aimé !